Valérie MITOKPÈ AGONGLO au symposium annuel de l\’IAJP: \ » Une enfant qu\’on enseigne mal, ça peut conduire à sa fin (…) mal enseigner devient dans ce cas un assassinat\ »

Présente au symposium annuel de l\’IAJP, madame Valérie MITOKPÈ AGONGLO est specialiste en sciences de l\’éducation et l\’une des animatrices du panel axé sur le thème : \ » promouvoir les valeurs d\’humanité à l\’école: des pistes prometteuses\ ». Lire sa réaction à la fin des travaux.

Je suis d\’abord actrice avec l\’IAJP, je travaille avec l\’Institut depuis 02 ans et je suis également des formations de l\’Institut. Aujourd\’hui, je suis venu spécialement pour intervenir sur le panel \ » promouvoir les valeurs d\’humanité à l\’école: des pistes prometteuses\ ». C\’est donc un symposium qui rassemble toutes les thématiques et sous- thématiques que l\’IAJP a eu à traiter au cours de l\’année. Donc ce symposium conçu sur le thème \ »humaniser l\’éducation\ » a réuni des conferenciers et panelistes dont je fais partie, a-t-elle indiqué.

Le mot éducation qui signifie conduit d\’un état primaire vers un état secondaire, un état de connaissance est déjà le choix de l\’humanisation. Parce qu\’on n\’éduque que l\’homme. On n\’éduque pas un animal, un animal on le dresse. Donc cette éducation, cette humanisation commence déjà dans le ventre de la mère, puis à la maison, par la famille, et se poursuit à l\’école, dans l\’institution scolaire et s\’étend encore à la société, avec l\’intervention des uns et des autres et de l\’État, a-t-elle précisé.

Nous nous sommes penchés sur l\’école. Comment cette humanisation doit être enseigné à l\’école. Et c\’est là, où on a parlé de la culture de l\’école. Chaque école doit pouvoir véhiculer une culture donnée qu\’elle doit transmettre aux enseignants. Et à leur tour, doivent transmettre cela entre eux-mêmes et avec les apprenants. Et les enfants ne sont pas à considéré comme des bêtes, ou des êtres ignorants ou des êtres à maltraiter. L\’enseignant doit avoir un regard humain envers l\’apprenant et lui apprendre ainsi à devenir humain. Et cela passe par exemple par la manière dont l\’enseignant lui transmet la pédagogie qui ne doit pas seulement se limiter à la didactique, mais aussi qui doit prendre en compte la psychologie. Cependant, il faut que les Enseignants arrivent à descendre de leur piédestal, afin de pouvoir se mettre au niveau des enfants et leur dire des choses humainement, facilement en considérant que l\’enfant aussi est un être tout comme eux. Ce n\’est pas seulement par la taille, ou par l\’âge, qu\’il est mineur, qu\’il n\’est pas à considérer ou à élever. C\’est à l\’enseignant d\’apprendre à avoir confiance en lui, à développer son estime de soi, par la confiance qu\’on lui transmet. Parce qu\’il y\’a une chose qu\’on appelle \ » effet pygmalion\ » qui dit, lorsque l\’enfant sait que son maitre a confiance en lui, il se donne plus et ne veut pas le décevoir. Alors, il s\’applique d\’avantage. Et cela l\’aide à se construire. Les enseignants vont dire qu\’on leur demande beaucoup de choses, mais il faut reconnaitre que ce n\’est pas un métier facile. Il est très difficile et très délicat tout comme le métier de la santé. Lorsqu\’on pose un mauvais sérum à un patient, ça peut conduire à sa fin, tout comme quand on enseigne mal un enfant, ça peut conduire à sa fin. Alors, mal enseigner devient dans ce cas un assassinat, a-t-elle ajouté.

L\’enseignant qui est le maître, le modèle doit être pleinement humain, et totalement humain. Et pour qu\’il soit ainsi, il faut que sa formation lui confère cela. Aujourd\’hui, nous parlons d\’humaniser, parce que nous avons été formés à cela. Nous avons appris et nous avons été moulés dans la doctrine sociale de l\’église. Que l\’Etat puisse insérer dans les programmes des écoles nationales des instituteurs, des disciplines d\’humanisme intégral, des disciplines de psychologie de développement pour que l\’enseignant ait conscience de l\’étape de développement de l\’enfant qui est en face de lui, a-t-elle conclu.

Propos recueillis par Alain Kolawolé ALAFAÏ