๐๐๐ง๐๐ข๐ฌ๐ฌ๐๐ง๐๐ ๐๐๐ซ๐ข๐๐๐ข๐ง๐ : ๐๐ฎ-๐๐๐ฅ๐ฬ ๐๐๐ฌ ๐๐ก๐ข๐๐๐ซ๐๐ฌ, ๐ฅ๐ ๐๐ฎ๐ฬ๐ญ๐ ๐\’๐ฎ๐ง๐ ๐๐ซ๐จ๐ฌ๐ฉ๐ฬ๐ซ๐ข๐ญ๐ฬ ๐๐ฎ๐ญ๐ก๐๐ง๐ญ๐ข๐ช๐ฎ๐
Sous le titre prometteur \’Vers une croissance et une rรฉsilience plus solides\’, le rรฉcent numรฉro de Perspectives รฉconomiques en Afrique subsaharienne du Fonds Monรฉtaire International (FMI), publiรฉ en octobre 2023 en marge des Assemblรฉes annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, souligne l\’anticipation d\’une reprise รฉconomique en 2024, aprรจs quatre annรฉes de stagnation. ๐๐๐ฉ๐๐ง๐๐๐ง๐ญ, ๐๐ฉ๐ซ๐ฬ๐ฌ ๐ฅ๐๐ฌ ๐๐ฬ๐ฆ๐๐ซ๐ซ๐๐ ๐๐ฌ ๐ซ๐๐ญ๐ฬ๐ฌ, ๐ข๐ฅ ๐๐ฌ๐ญ ๐ฉ๐๐ฎ๐ญ-๐ฬ๐ญ๐ซ๐ ๐ญ๐๐ฆ๐ฉ๐ฌ ๐๐ ๐ซ๐๐ฆ๐๐ญ๐ญ๐ซ๐ ๐๐ง ๐ช๐ฎ๐๐ฌ๐ญ๐ข๐จ๐ง ๐ฅ๐ ๐ฏ๐ข๐ฌ๐ข๐จ๐ง ๐๐จ๐ง๐ฏ๐๐ง๐ญ๐ข๐จ๐ง๐ง๐๐ฅ๐ฅ๐ ๐ช๐ฎ๐ข ๐ฉ๐ฅ๐๐๐ ๐ฅ๐ ๐๐ซ๐จ๐ข๐ฌ๐ฌ๐๐ง๐๐ ๐ฬ๐๐จ๐ง๐จ๐ฆ๐ข๐ช๐ฎ๐ ๐๐ฎ ๐๐๐ง๐ญ๐ซ๐ ๐๐ ๐ฅ๐ ๐ญ๐ซ๐๐ง๐ฌ๐๐จ๐ซ๐ฆ๐๐ญ๐ข๐จ๐ง ๐๐ ๐ฅ\’๐๐๐ซ๐ข๐ช๐ฎ๐
Nous avons tous รฉtรฉ tรฉmoins de ces annonces pompeusement optimistes dans le passรฉ, comme celle de l\’avocat essayiste Nicolas Baverez, qui en 2014 proclamait dans le Magazine le Point \ย ยปLโAfrique ร lโaube de ses Trente Glorieuses\ย ยป. La mรชme annรฉe, les experts de la Banque Africaine de Dรฉveloppement (BAD) nous ont indiquรฉ qu\’un Africain sur trois, soit 370 millions de personnes, appartiendrait ร la ยซ classe moyenne ยป, soit 34 % des habitants du continent. C\’รฉtait le 27 octobre 2014. Nous avons entendu maintes fois que nous รฉtions sur le point de devenir la prochaine Chine. Mais, mais et maisโฆ
๐๐จ๐ฎ๐ฌ ๐ฌ๐จ๐ฆ๐ฆ๐๐ฌ ๐ญ๐จ๐ฎ๐ฃ๐จ๐ฎ๐ซ๐ฌ ๐๐๐ง๐ฌ ๐๐๐ญ๐ญ๐ ๐๐ฑ๐ฉ๐๐๐ญ๐๐ญ๐ข๐ฏ๐ ๐๐จ๐ง๐ญ๐๐ฆ๐ฉ๐ฅ๐๐ญ๐ข๐ฏ๐, ๐จ๐ฎฬ ๐ฅ๐๐ฌ ๐๐ก๐ข๐๐๐ซ๐๐ฌ ๐๐ ๐๐ซ๐จ๐ข๐ฌ๐ฌ๐๐ง๐๐ ๐ฌ๐จ๐ง๐ญ ๐ฌ๐จ๐ฎ๐ฏ๐๐ง๐ญ ๐๐๐๐ฅ๐๐ฆ๐ฬ๐ฌ, ๐ฆ๐๐ข๐ฌ ๐จ๐ฎฬ ๐ฅ๐ ๐ซ๐ฬ๐๐ฅ๐ข๐ญ๐ฬ ๐ช๐ฎ๐จ๐ญ๐ข๐๐ข๐๐ง๐ง๐ ๐๐ ๐ฆ๐ข๐ฅ๐ฅ๐ข๐จ๐ง๐ฌ ๐๐ ๐ฉ๐๐ซ๐ฌ๐จ๐ง๐ง๐๐ฌ ๐ฉ๐๐ข๐ง๐ ๐ฬ ๐ซ๐๐๐ฅ๐ฬ๐ญ๐๐ซ ๐๐๐ฌ ๐ฌ๐ญ๐๐ญ๐ข๐ฌ๐ญ๐ข๐ช๐ฎ๐๐ฌ ๐๐ง๐๐จ๐ฎ๐ซ๐๐ ๐๐๐ง๐ญ๐๐ฌ. En tant qu\’afro-optimiste rรฉaliste, je ne peux m\’empรชcher de me demander si ces projections ne sont pas une sorte de mirage รฉconomique qui produisent des rรฉsultats en contradiction des dรฉclarations. Les acteurs de la chaรฎne de valeur รฉtatique devant jouer leur partition se contentant bien souvent de proclamer en chลur ces effets dโannonce.
Rappelons-nous l\’histoire de la Sierra Leone. Autrefois surnommรฉe la \’petite Suisse africaine\’ avec un taux de croissance de son PIB envieux de 7,2% en 1987 par exemple, elle รฉtait une destination touristique prisรฉe. Cโest dโailleurs ร ce moment que, du jour au lendemain, ce havre de paix bascula dans l\’horreur, dรฉfiant toutes les prรฉdictions basรฉes sur le PIB. ๐๐๐ฌ ๐๐ก๐ข๐๐๐ซ๐๐ฌ ๐ง\’๐๐ฏ๐๐ข๐๐ง๐ญ ๐ฉ๐๐ฌ ๐๐ง๐ญ๐ข๐๐ข๐ฉ๐ฬ ๐ฅ๐ ๐๐ซ๐๐ฆ๐ ๐ก๐ฎ๐ฆ๐๐ข๐ง, ๐ฅ๐๐ฌ ๐๐ข๐ฏ๐ข๐ฌ๐ข๐จ๐ง๐ฌ ๐๐ญ๐ก๐ง๐ข๐ช๐ฎ๐๐ฌ, ๐๐ญ ๐ฅ๐๐ฌ ๐๐ญ๐ซ๐จ๐๐ข๐ญ๐ฬ๐ฌ ๐ช๐ฎ๐ข ๐จ๐ง๐ญ ๐ฌ๐ฎ๐ข๐ฏ๐ข. ๐๐ ๐ฌ๐จ๐ฅ๐ข๐๐ ๐จ๐ซ๐ ๐๐ง๐ข๐ฌ๐๐ญ๐ข๐จ๐ง ๐ฅ๐ฬ๐ ๐ฎ๐ฬ๐ ๐ฉ๐๐ซ ๐ฅ๐ ๐๐จ๐ฅ๐จ๐ง๐ข๐ฌ๐๐ญ๐๐ฎ๐ซ ๐๐ซ๐ข๐ญ๐๐ง๐ง๐ข๐ช๐ฎ๐ ๐๐ญ ๐ช๐ฎ๐ข ๐ฬ๐ญ๐๐ข๐ญ ๐๐ข๐๐ง ๐ ๐ฬ๐ซ๐ฬ๐ ๐ฉ๐๐ซ ๐ฅ๐๐ฌ ๐ฬ๐ฅ๐ข๐ญ๐๐ฌ ๐ค๐ซ๐ข๐จ ๐๐๐ฌ๐๐๐ง๐๐๐ง๐ญ ๐โ๐๐ฌ๐๐ฅ๐๐ฏ๐๐ฌ ๐ ๐๐จ๐ง๐ง๐ฎ ๐ฎ๐ง ๐๐จ๐ฎ๐ฅ๐๐ฏ๐๐ซ๐ฌ๐๐ฆ๐๐ง๐ญ ๐ฆ๐๐ฃ๐๐ฎ๐ซ. Pire, le 6 janvier 1999, Freetown, la joyeuse capitale, connut la terreur avec lโOperation no living thing (Opรฉration plus rien de vivant) โฆ Et cela, les logarithmes ne lโavaient pas prรฉvu.
Dans de nombreux pays francophones d\’Afrique de l\’Ouest, mรชme dans mon pays le Bรฉnin, les taux de croissance soutenus ont รฉtรฉ prรฉsentรฉs comme des bouรฉes d\’espoir, mais ont-ils rรฉellement atteint les rivages de la rรฉduction de la pauvretรฉ et de la stabilitรฉ sociale ? Les chiffres, parfois trompeurs, ne devraient pas nous faire perdre de vue les crises profondes qui persistent, notamment celles nรฉes de diverses formes dโexclusion, ร savoir ethnique, politique, รฉconomique et sociale. Les risques ne sont pas objectivement apprรฉhendรฉs et donc les instruments de leur mitigation prรฉvus sont complaisants dans une optique de mรฉnager les pouvoirs publics.
N\’est-il pas temps de comprendre que nous avons sans doute besoin d\’une autonomie prospective et intellectuelle afin de rompre avec les modรจles importรฉs sans efforts dโadaptation ? ๐\’๐๐ฌ๐ญ ๐๐ง ๐๐ฆ๐๐ซ๐๐ฌ๐ฌ๐๐ง๐ญ ๐ฎ๐ง ๐ญ๐๐ฅ ๐ญ๐จ๐ฎ๐ซ๐ง๐๐ง๐ญ ๐๐ฬ๐๐ข๐ฌ๐ข๐, ๐ญ๐จ๐ฎ๐ญ ๐๐ง ๐ญ๐ข๐ซ๐๐ง๐ญ ๐ฉ๐ซ๐จ๐๐ข๐ญ ๐๐๐ฌ ๐ฬ๐ฅ๐ฬ๐ฆ๐๐ง๐ญ๐ฌ ๐ช๐ฎ๐ข ๐ซ๐ฬ๐ฌ๐จ๐ง๐ง๐๐ง๐ญ ๐๐ฏ๐๐ ๐ง๐จ๐ฌ ๐ฌ๐ฉ๐ฬ๐๐ข๐๐ข๐๐ข๐ญ๐ฬ๐ฌ ๐๐๐ง๐ฌ ๐ฅ๐๐ฌ ๐ฆ๐จ๐๐ฬ๐ฅ๐๐ฌ ๐จ๐๐๐ข๐๐๐ง๐ญ๐๐ฎ๐ฑ, ๐ช๐ฎ๐ ๐ง๐จ๐ฎ๐ฌ ๐ฉ๐จ๐ฎ๐ซ๐ซ๐ข๐จ๐ง๐ฌ ๐ฏ๐ฬ๐ซ๐ข๐ญ๐๐๐ฅ๐๐ฆ๐๐ง๐ญ ๐๐ฑ๐ฉ๐ฅ๐จ๐ข๐ญ๐๐ซ ๐ฅ๐ ๐ซ๐ข๐๐ก๐๐ฌ๐ฌ๐ ๐๐ ๐ง๐จ๐ฌ ๐ญ๐๐ซ๐ซ๐๐ฌ, ๐ช๐ฎ๐ข ๐ฌ๐จ๐ง๐ญ ๐ฉ๐๐ซ๐ฆ๐ข ๐ฅ๐๐ฌ ๐ฉ๐ฅ๐ฎ๐ฌ ๐๐๐ซ๐ญ๐ข๐ฅ๐๐ฌ ๐๐ ๐ฅ๐ ๐ฉ๐ฅ๐๐ง๐ฬ๐ญ๐.
Oui, c\’est en Afrique que le climat parfois permet jusqu\’ร trois rรฉcoltes annuelles. De surcroรฎt, l\’agriculture africaine n\’est pas entravรฉe par un long hiver, un manteau neigeux. ร ceux qui soulignent inlassablement que le Sahara, avec ses 9 millions de km2, reprรฉsente environ 25 % de la superficie du continent, il convient de rappeler que proportionnellement, il mesure moins que la toundra eurasienne ou nord-amรฉricaine. Chez eux la notion de malรฉdiction ne fait pas partie de la conversation.
Afrique #changementdeparadigme
Reckya MADOUGOU