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Reckya Madougou: \ »𝐍𝐚𝐮𝐬 𝐬𝐚𝐊𝐊𝐞𝐬 𝐭𝐚𝐮𝐣𝐚𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐜𝐭𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐜𝐚𝐧𝐭𝐞𝐊𝐩𝐥𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞, 𝐚𝐮̀ 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐫𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐚𝐮𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐜𝐜𝐥𝐚𝐊𝐞́𝐬, 𝐊𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐮̀ 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐪𝐮𝐚𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐊𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐚𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐚̀ 𝐫𝐞𝐟𝐥𝐞́𝐭𝐞𝐫 𝐜𝐞𝐬 𝐬𝐭𝐚𝐭𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐜𝐚𝐮𝐫𝐚𝐠𝐞𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬\ »

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𝐑𝐞𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐞 : 𝐀𝐮-𝐝𝐞𝐥𝐚̀ 𝐝𝐞𝐬 𝐂𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞𝐬, 𝐥𝐚 𝐐𝐮𝐞̂𝐭𝐞 𝐝\’𝐮𝐧𝐞 𝐏𝐫𝐚𝐬𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐞́ 𝐀𝐮𝐭𝐡𝐞𝐧𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞

Sous le titre prometteur \’Vers une croissance et une résilience plus solides\’, le récent numéro de Perspectives économiques en Afrique subsaharienne du Fonds Monétaire International (FMI), publié en octobre 2023 en marge des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, souligne l\’anticipation d\’une reprise économique en 2024, aprÚs quatre années de stagnation. 𝐂𝐞𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭, 𝐚𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐊𝐚𝐫𝐫𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐫𝐚𝐭𝐞́𝐬, 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐞𝐮𝐭-𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐞𝐊𝐩𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐊𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐚𝐧 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐬𝐢𝐚𝐧 𝐜𝐚𝐧𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐚𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐞́𝐜𝐚𝐧𝐚𝐊𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚𝐮 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐚𝐫𝐊𝐚𝐭𝐢𝐚𝐧 𝐝𝐞 𝐥\’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞

Nous avons tous été témoins de ces annonces pompeusement optimistes dans le passé, comme celle de l\’avocat essayiste Nicolas Baverez, qui en 2014 proclamait dans le Magazine le Point \ »L’Afrique à l’aube de ses Trente Glorieuses\ ». La même année, les experts de la Banque Africaine de Développement (BAD) nous ont indiqué qu\’un Africain sur trois, soit 370 millions de personnes, appartiendrait à la « classe moyenne », soit 34 % des habitants du continent. C\’était le 27 octobre 2014. Nous avons entendu maintes fois que nous étions sur le point de devenir la prochaine Chine. Mais, mais et mais


𝐍𝐚𝐮𝐬 𝐬𝐚𝐊𝐊𝐞𝐬 𝐭𝐚𝐮𝐣𝐚𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐜𝐭𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐜𝐚𝐧𝐭𝐞𝐊𝐩𝐥𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞, 𝐚𝐮̀ 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐫𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐚𝐮𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐜𝐜𝐥𝐚𝐊𝐞́𝐬, 𝐊𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐮̀ 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐪𝐮𝐚𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐊𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐚𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐚̀ 𝐫𝐞𝐟𝐥𝐞́𝐭𝐞𝐫 𝐜𝐞𝐬 𝐬𝐭𝐚𝐭𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐜𝐚𝐮𝐫𝐚𝐠𝐞𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬. En tant qu\’afro-optimiste réaliste, je ne peux m\’empêcher de me demander si ces projections ne sont pas une sorte de mirage économique qui produisent des résultats en contradiction des déclarations. Les acteurs de la chaîne de valeur étatique devant jouer leur partition se contentant bien souvent de proclamer en chœur ces effets d’annonce.

Rappelons-nous l\’histoire de la Sierra Leone. Autrefois surnommée la \’petite Suisse africaine\’ avec un taux de croissance de son PIB envieux de 7,2% en 1987 par exemple, elle était une destination touristique prisée. C’est d’ailleurs à ce moment que, du jour au lendemain, ce havre de paix bascula dans l\’horreur, défiant toutes les prédictions basées sur le PIB. 𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞𝐬 𝐧\’𝐚𝐯𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐚𝐧𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐞́ 𝐥𝐞 𝐝𝐫𝐚𝐊𝐞 𝐡𝐮𝐊𝐚𝐢𝐧, 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐯𝐢𝐬𝐢𝐚𝐧𝐬 𝐞𝐭𝐡𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬, 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐫𝐚𝐜𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐮𝐢𝐯𝐢. 𝐋𝐚 𝐬𝐚𝐥𝐢𝐝𝐞 𝐚𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐚𝐧 𝐥𝐞́𝐠𝐮𝐞́𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐥𝐚𝐧𝐢𝐬𝐚𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐛𝐫𝐢𝐭𝐚𝐧𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐪𝐮𝐢 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐭 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐠𝐞́𝐫𝐞́𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐞́𝐥𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐀𝐫𝐢𝐚 𝐝𝐞𝐬𝐜𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐝’𝐞𝐬𝐜𝐥𝐚𝐯𝐞𝐬 𝐚 𝐜𝐚𝐧𝐧𝐮 𝐮𝐧 𝐛𝐚𝐮𝐥𝐞𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐊𝐞𝐧𝐭 𝐊𝐚𝐣𝐞𝐮𝐫. Pire, le 6 janvier 1999, Freetown, la joyeuse capitale, connut la terreur avec l’Operation no living thing (Opération plus rien de vivant) 
 Et cela, les logarithmes ne l’avaient pas prévu.

Dans de nombreux pays francophones d\’Afrique de l\’Ouest, même dans mon pays le Bénin, les taux de croissance soutenus ont été présentés comme des bouées d\’espoir, mais ont-ils réellement atteint les rivages de la réduction de la pauvreté et de la stabilité sociale ? Les chiffres, parfois trompeurs, ne devraient pas nous faire perdre de vue les crises profondes qui persistent, notamment celles nées de diverses formes d’exclusion, à savoir ethnique, politique, économique et sociale. Les risques ne sont pas objectivement appréhendés et donc les instruments de leur mitigation prévus sont complaisants dans une optique de ménager les pouvoirs publics.

N\’est-il pas temps de comprendre que nous avons sans doute besoin d\’une autonomie prospective et intellectuelle afin de rompre avec les modÚles importés sans efforts d’adaptation ? 𝐂\’𝐞𝐬𝐭 𝐞𝐧 𝐞𝐊𝐛𝐫𝐚𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐮𝐧 𝐭𝐞𝐥 𝐭𝐚𝐮𝐫𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞́𝐜𝐢𝐬𝐢𝐟, 𝐭𝐚𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐭𝐢𝐫𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐫𝐚𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐞́𝐥𝐞́𝐊𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐫𝐞́𝐬𝐚𝐧𝐧𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐧𝐚𝐬 𝐬𝐩𝐞́𝐜𝐢𝐟𝐢𝐜𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐊𝐚𝐝𝐞̀𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐜𝐜𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱, 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐮𝐫𝐫𝐢𝐚𝐧𝐬 𝐯𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞𝐊𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐚𝐢𝐭𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐫𝐢𝐜𝐡𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐧𝐚𝐬 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞𝐬, 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐊𝐢 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐞𝐫𝐭𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐧𝐞̀𝐭𝐞.

Oui, c\’est en Afrique que le climat parfois permet jusqu\’à trois récoltes annuelles. De surcroît, l\’agriculture africaine n\’est pas entravée par un long hiver, un manteau neigeux. À ceux qui soulignent inlassablement que le Sahara, avec ses 9 millions de km2, représente environ 25 % de la superficie du continent, il convient de rappeler que proportionnellement, il mesure moins que la toundra eurasienne ou nord-américaine. Chez eux la notion de malédiction ne fait pas partie de la conversation.

Afrique #changementdeparadigme

Reckya MADOUGOU

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