A quoi et à qui servent la politique et les politiques publiques en Afrique ?
Qui perd sa liberté de penser est dans une prison. Qui a peur d’opiner n’est qu’un perroquet en cage. Qui craint d’être critiqué sur ses prises de position est comme une eau boueuse.
Battez-vous alors pour le triomphe de vos idées et de vos convictions tout en considérant que nul n’est une île, surtout, votre raison d’être doit être l’amour pour Dieu, l’humain et la patrie.
- Toute lutte qui n’est pas mue par des idées ne vaut pas la peine car tout part, fonctionne et finit par des idées qui ne sont que des leçons de vie pour avancer ou tourner une page.
Pour élire quelqu’un, celui-ci doit être le meilleur d’entre nous au vrai sens du terme par son comportement humaniste tangible et non par son argent scintillant, persécuteur et oppresseur par la corruption, l’autre nom de la générosité toxique.
Ne vous laissez plus jamais berner par la dissonance cognitive avec tout ce que ça comporte de fougue démagogique, de violation des serments et d’escalade du mur de l’éthique. Surtout, méfiez-vous chers Africains des mystifications et des duplicités de ces faux influenceurs recrutés comme sociétés de sondages et démarcheurs cupides qui vous vendent des hommes à masques superposés mais sont aux antipodes de vos souffrances, manques et insatisfactions.
Si vous portez vos choix sur une personnalité dont vous connaissez l’histoire et le caractère qui vous rassurent, si celui-là peut incarner une gouvernance participative sur la base d’une fidélité à une idéologie et une loyauté stable à une vision de développement du capital humain et qu’il n’a jamais caché son intérêt pour la transformation sociale pour l’indépendance et la souveraineté dans l’interdépendance des peuples, alors ouvrez-lui votre cœur mais demandez-lui des éléments sur sa stratégie de participation, d’inclusion, de décentralisation, de géopolitique et de redevabilité qu’il compte mettre en œuvre pour réussir un plan de promotion de la dignité humaine dans votre pays.
On peut être pauvre mais rester un nécessiteux digne n’a pas de prix. Le riche contrôle ses abus et recule face aux regards des pauvres qui sont lucides et dignes. C’est extraordinaire !
Selon l’homme musulman, le vrai musulman bien entendu, le fruit du travail appartient à celui qui a travaillé, à la nation entière, à sa famille et aux pauvres qui vivent dans sa proximité. Selon un Hadith du Prophète Mohamed «Quiconque demande la charité pour augmenter sa richesse demande en fait des braises de l’enfer, alors qu’il en prenne autant qu’il veut. L’honneur du croyant réside dans le fait qu’il se passe de la charité des gens.»
Ces paroles pieuses montrent que la plupart des personnes qui se passent pour des riches sont des personnes qui ont volé la richesse des pauvres pour les contraindre à la misère dont la première conséquence est la mendicité.
Ce constat est constant dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, des mines et du commerce. Il est périlleux avec les programmes d’ajustement structurel qui, au nom du néolibéralisme, font désormais de l’éducation et de la santé, des services marchands induisant des exclusions sociales massives. En définitive, tous les fortunés africains sont des gens qui ont tout le temps mendier auprès des pauvres pour constituer leurs biens amassés.
- Quand l’école de la république décline, la vie est incertaine pour tout le monde, et la pauvreté d’esprit et de matériel pousse à la mendicité.
- Aucune valeur paysagère, aussi belle soit-elle ne peut invisibiliser la misère et la mendicité dans une cité.
La souffrance et la désespérance se lisent dans les regards et les conditions matérielles d’existence. Les pauvres s’agglutinent dans les lieux de culte en train d’appeler au secours Dieu comme si l’homme a cessé d’être le temple de Dieu. Partout en Afrique, les populations élisent des gens qui viennent au pouvoir pour amasser et ceux-là ne craignent pas Dieu mais ils ont peur de perdre leur capital financier et pour ça, ils ont tous les moyens pour emprisonner, chasser à l’exil, tuer ou ruiner tous ceux qui osent s’opposer à leur pratique de la mendicité sur les populations et les deniers publics.
Dieu a créé l’homme avec des opportunités qui lui permettent à son tour de transformer son environnement et le cœur de l’homme par le travail, la foi et le partage.
Si l’homme politique n’intègre pas ce cheminement de la vertu, il imposera la terreur aux autres hommes qu’il va corrompre pour les maintenir en subordination illégale et immorale.
En somme, les rapports de force naissent toujours du rapport à l’argent et du pouvoir de l’argent. Il s’ensuit que la mendicité des pauvres est une faillite spirituelle des riches et des dirigeants africains en général.
Pourquoi, après 64 ans d’indépendances nominales, l’Afrique au Sud du Sahara n’est indépendante en rien même pas en production des idées propres à l’Afrique ? La paresse intellectuelle dans tous nos pays est la mère de l’insécurité humaine.
Mes amis sahéliens m’ont appris que l’Islam repose sur cinq piliers de la foi et chaque pilier représente un devoir sacré du musulman : (i) la Shahada ou la profession de foi envers Dieu unique, (ii) la prière qui doit être faite cinq fois par jour en direction de la Mecque, (iii) la Zakât ou l’aumône légale, (iv) le jeûne du mois de Ramadan, (v) le pèlerinage à La Mecque.
On pourrait bien affirmer que ces piliers de la spiritualité agissante ont une valeur universelle tout au moins en ce que nul n’a le droit d’être heureux tout seul comme nous l’enseigne Raoul Follereau. Ce qu’il faut surtout intégrer comme mode de gouvernance publique en Afrique c’est le principe de la Zakat, puisqu’il enseigne que chaque nanti voit Dieu dans sa proximité à travers les pauvres. Je doute très fort que les chefs d’Etat, les ministres, les députés, les responsables d’institutions et d’administration, les Hommes d’affaires voient vraiment Dieu à travers les pauvres.
Des agents publics de toutes religions sont au cœur des grands scandales financiers qui appauvrissent les peuples et ternissent l’image de nos pays. Ces fidèles qui ont de grands diplômes et de hautes responsabilités publiques ont rarement fait preuve de retenue et de compassion face à l’argent surtout quand ils peuvent en voler en toute impunité.
Tous les Etats africains ont eu de hauts cadres qui s’affichent comme des hommes et des femmes de foi mais ils ont appris en majorité à vivre au-dessus de leurs moyens, alors ils volent à l’Etat et aux usagers seuls, en bande organisée ou avec la complicité des hommes d’affaires nationaux et étrangers. La fonction publique est pourtant sacerdotale et requiert le sens du sacrifice.
- On n’oblige personne à devenir fonctionnaire de l’Etat ou à occuper des postes politiques. Un cadre de l’administration publique doit absolument incarner un bon état d’esprit à travers la vocation spirituelle de sa mission de serviteur désintéressé du peuple par la justice, l’équité, l’amour, le dévouement, le travail bien fait et l’efficacité impactante de son labeur sur le pays et le citoyen.
Un cadre administratif ou politique corrompu et un prédateur à foi morte. C’est le gros problème de l’Afrique où la pratique religieuse repose sur la foi désincarnée.
Tous les sous pillés en Afrique et parqués en Occident et autres paradis fiscaux concourent à traiter dignement la pauvreté dans ses pays lointains alors qu’en Afrique, faute d’accompagnement éducatif, économique, technologique et social, les pauvres passent les deux tiers de la journée à prier Dieu et le reste du temps à supplier les riches qui font semblant de ne voir les souffrances de ses pauvres. Chacun sait le type de riche qu’il est et le type de pauvre qu’il est devenu.
Les Arabes pratiquent la Zakat dans leurs pays pour venir construire en Afrique des mosquées, des écoles, des points d’eau, des centres de santé… et soutenir des activités de production agricole ainsi que de soutien aux pauvres durant le carême. Pourquoi, les nantis africains de toutes les religions ne voient pas la misère de leurs compatriotes qui vivent dans le même quartier ou village ou dans la même cité qu’eux afin de venir en aide à ces personnes indigentes en prélevant une partie de leurs fortunes annuelles pour les sortir de la pauvreté économique conformément aux prescriptions divines. Entre le riche et le pauvre, qui est plus pauvre spirituellement en définitive sans le savoir ?
- En politique, il y a toujours une préférence au capital humain ou au capital matériel en fonction de laquelle tout le jeu des politiques publiques se joue. C’est en fonction du choix opéré que vous observez comment un régime politique est soudé à son peuple ou joue avec le peuple en le manipulant par le pouvoir de l’argent.
Quand ce pouvoir de l’argent atteint le seuil où est attribuée une valeur marchande à chaque institution civile et militaire, chaque dirigeant de ces institutions devient un ballon de ping-pong.
Qui accepte la soumission de sa carrière et de son serment aux actes gratifiants aura perdu sa dignité humaine et qui ne l’a pas, ne peut guère l’incarner pour en faire une valeur de référence dans la chaîne décisionnelle de l’Etat et le prestige de son métier.
Le vrai problème de l’Afrique c’est que la prédation de deniers publics est prégnante et précède toute action publique par des calculs hideux alors qu’en Europe, en Amérique et en Asie, l’enrichissement de chaque pays a précédé le capitalisme prédateur qu’on note aujourd’hui.
- L’Afrique n’est pas encore construite en chaînes de valeurs et déjà, nous nous organisons à la piller sans état d’âme. Les individus s’enrichissent en clans, les populations s’appauvrissent, la classe moyenne n’arrive pas émerger.
La minorité s’accapare de tout en considérant qu’elle sait saisir les opportunités, cette minorité à un sens très faible de l’engagement patriotique. Elle ne pose des actes qu’en fonction des opportunités de son enrichissement et c’est cela la chance prédatrice dans la jungle dont elle se prévaut pour imposer sa vision, ses valeurs et sa volonté à toutes les institutions clochardisées et aux populations soumises.
Si vous n’avez pas encore compris pourquoi les lieux de culte foisonnent et les dirigeants politico-affairistes ou affairo-politiques prospèrent en Afrique, ne vous cassez plus la tête à réfléchir interminablement. Les vraies causes de la pauvreté en Afrique avec son cortège de vulnérabilité systémique et ses instruments illusionnistes appelés objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour se revêtir du masque des objectifs de développement durable (ODD) sont comparables aux poudres de perlimpinpin.
Toutes ces réformes en série et tous ces programmes de développement en chaîne sont trop intéressés dans leurs conceptions et modalités de mise en œuvre pour créer de l’historicité chez les indigents et la capacité à s’autonomiser reste de génération en génération un rendez-vous manqué pendant que les meetings politiques et les fêtes identitaires donnent lieu à des parades de farotages donnant lieu à une dilapidation orgueilleuse de l’argent volé ou issu de la corruption.
Nous Africains, nous sommes hypocritement communautaires et trompeusement solidaires quand il s’agit de soumettre les pauvres à la mendicité et à la corruption durant une campagne électorale pour préparer la mobilisation et la fidélisation du troupeau électoral en vue de voler le pouvoir du peuple pour ensuite le transformer en pouvoir de l’argent et en pouvoir de persécutions.
Pour savoir ce que le pouvoir d’État fait d’un homme ou d’une femme qui l’exerce, il faut scruter ce que le pouvoir de l’argent fait de lui et fait de son addiction à la violence à travers les services de renseignements, les forces de défense et de sécurité et le système judiciaire du pays.
- C’est le modèle sécuritaire qu’incarne un régime politique qui fait sa force attractive, détermine son économie en libérant les ingéniosités créatrices de richesses, et mieux, permet ou détruit le vivre-ensemble et les perspectives du Nexus Paix – Sécurité – Développement.
Si un régime politique croit pouvoir incarner ce lien pour faire des merveilles, alors qu’il soit ouvert au dialogue et souffle moins dans le vouvouzela pour ne pas violer la conscience collective. Il doit éviter de voler la jeunesse des moins de 50 ans en investissant massivement dans l’éducation à la citoyenneté à travers une loi de programmation qui sécurise sur 20 ans ce processus de production d’un peuple sur la base d’un idéal-type. Un tel défi évitera un nouveau déclin des valeurs sur le long terme, le temps d’une Afrique puissante qui ne tremblera plus et ne sera plus prise pour un pays mais un continent fier.
- Ce faisant, la sécurité humaine progresse quand la sécurité physique et les institutions judiciaires ne sont pas à la remorque du pouvoir d’argent et à condition que le pouvoir d’État continue d’être une réalité tangible qui sait mettre le pouvoir politique abusif à sa place.
- Il n’existe de respect des droits humains que là où la sécurité humaine imprègne toutes les politiques publiques. Tout le reste relève de l’utopie.
Le développement est d’abord culturel ou ne le sera jamais ; le socle du développement c’est l’éducation à la citoyenneté responsable et non mimétique.
La politique n’est pas un festin des prédateurs animé par des influenceurs cupides, mais une pédagogie des bâtisseurs assidus non pas que de routes, d’immeubles et d’usines, mais de vrais bâtisseurs d’une conscience collective nouvelle et d’engagement pour un monde solidaire et moins conflictuel.
Simon-Narcisse TOMETY