Quelle démocratie pour l’Afrique en fonction de notre niveau de développement actuel ?
C’est quand on aura répondu clairement à cette question avec la méthodologie convenable pour l’implémenter que je m’inclinerai.
La démocratie est l’art social et institutionnel de pratiquer la fertilisation croisée dans tout domaine de la vie humaine par le dialogue, le choc des idées et le respect des opinions de chacun pour aller à une co-construction d’une dynamique de progrès. Elle est la confrontation de plusieurs logiques de raisonnement portées par différents courants d’idées et d’expériences variées.
A tort ou à raison, elle est réduite au champ politique et électoral en se contentant de l’alternance tronquée, de la démocratie représentative et d’une séparation hypocrite des pouvoirs alors que tout le monde sait que sous les régimes ploutocratiques et d’obédience néolibérale radicale ancrée dans l’autocratie, il y a le suprématisme du pouvoir de l’argent avec soumission du pouvoir d’État (puissance publique malmenée) et ces deux pouvoirs viennent écraser le pouvoir du peuple, celui-ci banalisé, torturé et maintenu au seuil de survie et appelant au secours la citoyenneté d’où la politicité est l’arme des pauvres pour dire ça suffit l’instrumentalisation de la misère.
De quelle démocratie parle-t-on quand le contrôle parlementaire est d’une nullité indescriptible, le contrôle constitutionnel n’inspire pas du tout confiance, le contrôle juridictionnel est sous ordres, le contrôle administratif des marchés publics est un leurre face aux marchés de gré à gré.
Dans un pays où le contrôle citoyen est mort et l’opinion publique est inexistante, il faut rechercher en plein jour avec une lampe cette démocratie.
En matière de droit administratif, la chaîne décisionnelle de l’Etat est centralisée et présidentialisée. La démocratie est où alors ?
On parle de reddition de comptes, voilà de l’arnaque institutionnelle après 08 discours sur l’état de la Nation et 07 lois de règlement. Que sont devenus les mécanismes de redevabilité qui existent bel et bien dans le pays, du niveau central au niveau communal et nous les connaissons avec précision.
La démocratie énigmatique n’engendre pas le développement nulle part.
Quel est l’état de fonctionnement des espaces de gouvernance participative dans les administrations publiques ? Depuis quand remontent les assemblées générales du personnel avec les dirigeants ? Ne s’agit-il pas de démocratie ?
Dans les institutions de recherche, le dialogue entre chercheurs, entre chercheurs et organismes de développement et usagers des produits et services de la recherche sont obligatoires pour faire évoluer la science et la technologie.
Je dénonce le confinement de la démocratie dans le seul domaine de la politique.
La démocratie est politique parce qu’elle est le fondement des politiques publiques au lieu que quelques uns s’enferment dans leurs bureaux pour penser à la place du peuple.
- Que veut le peuple est la première question d’un vrai démocrate.
- Comment faire participer le peuple au processus de développement pour qu’il soit responsable des investissements, voilà la seconde question d’un méthodologue en démocratie.
- Le peuple est-il satisfait de l’offre de services publics, c’est la troisième et incontournable question d’un démocrate préoccupé?
Les politiciens doivent avoir honte de leur propre organisation.
Est-ce que nos partis politiques ont un fonctionnement démocratique ?
Tout le monde sait comment les décisions se prennent sous l’emprise de la manipulation et des trafics d’influences.
La démocratie en Afrique est un leurre. L’Afrique me fait de la peine !
Simon-Narcisse TOMETY
Institutionnaliste de réformes publiques