Pourquoi la critique doit-elle demeurer le cœur de toute action humaine?
Critiquer, c\’est agir. Séparer ceux qui agissent de ceux qui critiquent c\’est opposer deux libertés : libertés de pensée et liberté d\’action.
Si celui qui agit n\’intègre pas la critique dans l\’action, le risque de l\’omnipotence le fera échouer.
Ce n\’est pas le fait de formuler des propositions qui fait la force de l\’action. C\’est la critique de l\’action par sa faisabilité qui détermine la qualité et la satisfaction de l\’action. Sans la critique, l\’homme verse dans l\’autosatisfaction et la vanité.
Ceux qui agissent risquent vite de basculer dans la routine et l\’autosatisfaction voire une certaine suffisance absurde en l\’absence d\’audit et d\’évaluation de l\’action. L\’audit, le monitoring et l\’évaluation sont des temps spéciaux de critique des engagements, des actions et des résultats de l\’action.
Toute bonne action est issue de critiques constructives.
Toute action non critiquée dans son système de faisabilité systémique préalable a rarement d\’impact positif durable : faisabilité sociale, faisabilité culturelle, faisabilité économique, faisabilité technologique, faisabilité environnementale, faisabilité sécuritaire et faisabilité financière.
Sans la critique point de prospective qui tient la route, dans la mesure où la prospective repose sur des propositions scénarisées sur la base d\’une analyse SWOT.
Ce système intégré de critiques de faisabilité questionne le niveau de souveraineté et le degré d\’indépendance d\’un pays.
Si j\’avais une école à créer, ce serait pour y enseigner la critique de la chaîne décisionnelle des Etats africains et la manière dont le défaut de critiques tue l\’ingéniosité, faire taire les bonnes intelligences pour aboutir à des décisions de gaspillage des deniers publics.
Le parlement est créé pour critiquer.
La cour constitutionnelle est créée pour critiquer.
Chaque bulletin de vote c\’est pour critiquer avant l\’expression du suffrage. Etc.
Je n\’adhère que peu à ce schéma outrageant pour l\’éducation à la citoyenneté et l\’institutionnalisme.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY
