L\’opération spéciale de la Russie en Ukraine, l\’invasion de l\’Ukraine par la Russie, la guerre en Ukraine (c\’est selon) entamée le 24 février 2022, en Ukraine, marque un tournant décisif dans l\’ordre international issu de 1945.
Croire un seul instant que la Russie puisse perdre son opération spéciale qu\’elle mène en Ukraine, c\’est vraiment faire le pari du pire. Une puissance nucléaire qui n\’hésite pas à le rappeler à ses pourfendeurs occidentaux peut-elle se laisser \ »laminer\ » par une Ukraine même sur-armée par les occidentaux ?
La paix mondiale n\’est pas menacée, de notre point de vue, mais on n\’en dira pas autant pour l\’hégémonie des puissances occidentales.
La Russie n\’est pas seule comme le prétendent les communicants occidentaux.
En effet, un bloc étanche est en train de se former autour de la Russie de Vladimir Poutine : la Chine, l\’Iran, le Brésil, la Syrie, la Turquie, quelques Etats arabes sournois, l\’Inde et l\’Afrique plurielle même si cette dernière affiche sans véhémence sa \ »neutralité\ ».
Ce bloc représente plus de la moitié de la population mondiale. Ce n\’est pas un référendum sinon il serait difficile à l\’Occident et à ses soutiens de prétendre détenir l\’opinion majoritaire. Qu\’à cela ne tienne !
La Russie n\’est pas aussi puissante qu\’elle se présente, elle n\’est pas non plus aussi faible que tendent de nous faire croire les Occidentaux.
En effet, les sanctions des occidentaux semblent, à court terme, avoir presque plus d\’impacts sur leurs économies que sur celle de la Russie. La monnaie russe, le rouble, destinée à s\’écrouler, comme un château de cartes, avec les sanctions, ne s\’est jamais mieux portée. De plus, le gaz (russe) est devenu plus cher. Ce qui donne à Poutine plus de moyens pour financer \ »sa guerre\ ».
Au lieu que ces sanctions \ »dissuadent\ » les Russes de continuer l\’invasion de l\’Ukraine, elles apportent de plus en plus d\’angoisses aux citoyens occidentaux et au monde entier.
Les économies étant interdépendantes leurs effets boomerang sont perceptibles. L\’inflation s\’est invitée partout dans le monde y compris en Europe.
À moyen terme, il est difficile de présager d\’un renversement de cette situation. Pour autant une question se pose avec acuité : les opinions publiques occidentales continueront-elles à soutenir la cause de la guerre portée par leurs gouvernements, notamment en Europe et aux Etats-Unis, si ses effets continuent à leur être économiquement insupportables ? Du côté russe, cette interrogation ne semble pas à l\’ordre du jour d\’autant plus que la Russie est déjà sous sanctions depuis 2014, avec la prise de la Crimée. La résilience de l\’économie russe et celle des populations saute aux yeux de tout observateur. En tout état de cause, la Russie \ »poutinienne\ » est disposée à payer le prix pour insoufler un nouvel ordre mondial débarrassé de l\’hégémonie et la condescendance congénitale occidentale.
Sur cette vision, les occidentaux mesurent mal le soutien du reste du monde qui ne partage pas forcément le projet d\’invasion russe mais qui ne voit pas d\’un mauvais oeil toute entreprise, d\’où qu\’elle vienne, dont l\’objectif est de faire admettre aux Occidentaux, et à leurs modes de pensées dominantes et hégémoniques, qu\’ils ne sont plus seuls au monde : la fin du monde unipolaire.
C\’est, en réalité, ce qui se joue en Ukraine au-delà de l\’aspect militaire.
Sinan KAMAGATÉ