L\’histoire d\’une presse de dérapage : est-ce la fin d\’une presse cadenassée engagée dans la voie de la responsabilité sociétale ?
Le Benin n\’a pas une presse au service du développement mais une presse de promotion des acteurs politiques et du regime politique du moment. Il s\’agit d\’une presse de propagande et non d\’une presse de soutien à la production de citoyens de type nouveau à l\’exception de quelques rares organes de presse qui ont choisi le difficile chemin de la dignité professionnelle avec abnégation. Ces derniers ont refusé d\’aller picorer des grains au poulailler.
Il vaut mieux une presse qui prend le risque de dire la vérité, aussi douloureuse soit-elle pour les dirigeants, qu\’une presse bâillonnée qui baigne dans une peur systémique du gourdin et de la guillotine du chef.
Quand la presse devient vacillante avec une baignade dans les eaux troubles de l\’hypocrisie pour le gagne-pain, cette presse même libérée ne sera jamais libre. Elle est comparable aux esclaves non affranchis qui préfèrent toujours servir le maître.
Je perçois et me représente ainsi ce que la presse béninoise publique comme privée est devenue sous le régime du président Talon : le déclin de l\’audace. Aujourd\’hui, les réseaux sociaux sont plus courageux et formateurs que la presse écrite et la presse audiovisuelle, simplement parce que ces presses ne sont libres en rien.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY
