Le peuple béninois n\’est ni coupable ni responsable du déclin : essai sur un nouveau paradigme
J\’ai choisi de parler plus clairement et sans détour de ma perception de l\’avenir du Bénin. Il s\’agit d\’un dialogue entre mon pays et moi-même dans une grande intimité.
Le peuple n\’est coupable de rien dans la gouvernance actuelle du Bénin. Sinon, est ce que le régime de la rupture peut exhiber en quoi consiste son offre nationale d\’éducation à la citoyenneté pour produire le Béninois nouveau. C\’est quoi le Béninois nouveau dans le PAG? Est-ce le Béninois rechemisé comme une voiture amortie qu\’on veut réformer ?
Tellement que tout est devenu reforme qu\’il est difficile d\’en connaître les motivations et les enjeux. Existe-t-il une note conceptuelle sur ce mot que les Béninois ont fini par délayer comme du tapioca pour gonfler leurs ventres au lieu de s\’interroger sur sa valeur ajoutée pour le vivre-ensemble, le bien-être, la méritocratie, la justice et les droits de l\’homme.
Puis, je vois de jolies routes, des hôtels neufs ou rénovés, des monuments, des immeubles, les performances de production du continent. Je vois aussi que le gouvernement arrive avec efficacité à trouver beaucoup de ressources sur les marchés financiers au lieu de se soumettre aux diktats des institutions de la Banque mondiale et FMI qui ont raté les programmes d\’ajustement structurel en nous imposant le néolibéralisme avec une injonction à l\’état de céder son patrimoine économique au secteur privé surtout aux multinationales.
Au moins cette idéologie est Claire et personne ne doute de ses travers. Ce qu\’on ne dit souvent et que les économistes n\’ont pas appris à dire, c\’est que le néolibéralisme est belliqueux et tueur de toutes les libertés qui fondent la sacralité et l\’inviolabilité de la personne humaine. Cette idéologie d\’accaparement fonctionne sur la base de monopole systémique. Et pour y arriver, elle a besoin d\’instrumentaliser, de corrompre pour avoir des alliés pour ensuite soumettre les producteurs et les consommateurs après avoir anéanti les partis d\’opposition et les syndicats. Dès lors, les parlements viennent en soutien intéressé pour voter des lois iniques de protection et de sécurisation des intérêts des intérêts néolibéraux.
Dans quel document d\’orientation politique, retrouve t-on idéal-type du Béninois dont on rêve. Dans quel document du régime du président Talon peut-on retrouver la planification de la souveraineté nationale basée sur les types d\’indépendances et d\’interdépendances et sont les indicateurs de progression pour permettre à chaque Béninois de l\’intérieur et de l\’extérieur de jouer sa partition avec amour et désintéressement. Comment vous allez nous pourchasser par la police et la justice et même nous allons être des bâtisseurs acharnés de notre commune patrie. L\’Africain n\’aime pas que ses chefs l\’agresse quand il dit la vérité ou il a envie de la dire. Notre socioculture est différente de celle qu\’a connu les Chinois sous Mao. Au moins avec Mao, toutes les questions que je soulève ici furent formalisées, implémentées et passées à l\’échelle. Les écoles d\’éducation à la citoyenneté ont joué un grand.
Le problème de la presse au Bénin, c\’est que les lignes éditoriales sont trompeuses et cette presse n\’est au service d\’aucune ligne idéologique mais au service du pouvoir fort et éphémère du moment. C\’est une presse qui ne cultive aucune vision de développement à long terme pour notre commune patrie. C\’est incroyable! C\’est une presse de célébration des scintillements qui distribuent des satisfecits. Je crois sincèrement, il faut après le régime actuel fait une profonde réforme du secteur de la presse. Paraît-il que la presse est un quatrième pouvoir! Au Bénin ici? Elle n\’a aucun pouvoir alors. A la limite, si un quatrième pouvoir doit exister, je verrais bien les réseaux sociaux.
Nous avons une élite de mauvaise qualité dont je fais partie moi-même. Une élite devenue brouillonne et affamée qui braconne des postes pour combattre sa propre pauvreté. La faillite de l\’élite annonce toujours le déclin d\’une société.
Heureusement que nous avons atteint le summum de notre obsolescence, il faut dégager maintenant pour céder la place et passer le minable témoin.
Reconnaître qu\’on a échoué en tant qu\’élite sans voler le bien commun est une réussite certes modeste, mais c\’est une rampe de lancement pour la relève pour faire mieux et plus. Mais si votre échec vient de la prédation doublée d\’une pathologie de la méchanceté, alors il faut passer par un catabolisme sévère et prendre du temps pour fabriquer des éléments catalyseurs avant de procéder à l\’anabolisme.
Le Benin a besoin d\’un nouveau métabolisme sociétale. C\’est encore possible et j\’y crois pour l\’avenir de ce pays.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY