Lutte contre le terrorisme: 05 pertinentes propositions du professeur TOMETY

Se débarrasser du terrorisme : quelles approches?

On ne se débarrasse pas facilement du terrorisme quant il s\’invite dans la gouvernance territoriale d\’un pays. Mais pourquoi ?

Le terrorisme n\’a pas de frontières, il est consommateur de territoires pour propager la terreur.

Son socle émotionnel c\’est le désespoir de la jeunesse et sa cible c\’est le contrôle du territoire pour affaiblir toutes les institutions et administrations ainsi que les patrimoines qui symbolisent la puissance publique notamment les armées, la justice et l\’éducation nationale.

Le terrorisme existe et se fortifie par sa capacité dramatique à créer des privations économiques en s\’attaquant à tous les systèmes de production territoriaux, en égorgeant des producteurs agricoles pour lancer une offensive économique angoissante et cauchemardesque afin d\’empêcher la réalisation de toutes les productions nourricières en imposant la famine, en faisant fuir les producteurs, en volant des bétails avec l\’institution d\’impôts de sang pour ruiner financièrement des populations.

Le terrorisme est déstabilisateur et destructeur de la sécurité humaine entendue la sécurité juridique et judiciaire, la sécurité physique, la sécurité économique et monétaire, la sécurité alimentaire, la sécurité éducative, la sécurité sanitaire, la sécurité politique et géopolitique. C\’est pourquoi, c\’est la lutte antiterroriste qui détermine l\’orientation budgétaire des pays frappés par le terrorisme.

Le terrorisme est un facteur aggravant de la vie chère et de basculement de la pauvreté à la misère de masse parce qu\’il conditionne la souffrance systémique des populations par la chute drastique de la production agricole induisant la famine et l\’inflation.

Le terrorisme est un phénomène militaro-social de gens survoltés et incontrôlables à vocation multiple et basé sur le plaisir à donner la mort avec une stratégie d\’humiliation qui s\’amplifie par les viols, les mutilations, les tortures, l\’administration des coups de cravache et des rapts rentiers.

Le terrorisme est une guerre géopolitique et sa principale réponse c\’est l\’aménagement du territoire national sur la base de cinq urgences et exigences :

1/ accélérer la décentralisation économique et réduire le centralisme outrancier ;

2/ mettre fin aux tricheries électorales pour que les populations par l\’élimination de la corruption électorale produisent dans la dignité elles-mêmes leurs élus locaux, les députés et les chefs d\’État ;

3/ négocier la paix avec les terroristes, ces derniers étant en grande majorité des enfants du pays frustrés par les abus des pouvoirs publics, l\’immoralité de la classe politique et la prédation des deniers publics par l\’affairisme d\’État ;

4/ renforcer l\’éducation professionnelle pour que les jeunes aient des savoir-faire ;

5/ mettre en place des mécanismes civilo-militaires pour renforcer le sentiment de sécurité coproduite et limiter les manipulations politiques qui aboutissent à des tirs à balles réelles ordonnées par les gouvernements qui finissent par ternir l\’image sociale des forces de défense et de sécurité ;

Il faut privilégier le désarmement mental fondé sur la production de l\’extrême violence avant le désarmement militaire des terroristes.

La pose de mines artisanales reste la pire des techniques de guerres asymétriques et les terroristes même non instruits savent fabriquer ces engins meurtriers.

Le terrorisme en Afrique est la conséquence inévitable de 60 ans de mauvaise gouvernance publique par ceux que les Africains élisent eux-mêmes pour les diriger.

Le terrorisme a ses origines dans l\’immoralité qui domine la gouvernance publique et favorise l\’impunité. N\’allez pas chercher plus loin.

Le terrorisme appelle une réforme en profondeur de toutes les institutions publiques et politiques d\’un pays.

Quand le terrorisme fait son apparition, il ne s\’élimine pas du jour au lendemain.

Si le terrorisme est une guerre asymétrique, la lutte antiterroriste est systémique et de longue durée en revanche.

Le terrorisme est un piège pour les chefs d\’État africains car, craignant des coups d\’État, les armes sophistiquées pour leurs protection sont rarement accessibles aux soldats aux fronts pour affronter les organisations terroristes. C\’est le serpent qui se mort la queue.

Que choisir entre la sécurité des populations et la sécurité des présidents de la république qui ont peur de l\’armée républicaine bien qu\’ils soient les chefs suprêmes des Armées?

Le Général Mathieu Kérékou, ancien président de la république du Dahomey puis du Bénin n\’avait-il pas raison de dire que l\’armée appartient au peuple et non au président de la république? C\’est la parole d\’un soldat humaniste qui a compris les limites de la fonction présidentielle quand pompeusement, il lui est attribué la posture de chef suprême des armées que le Général aime bien ironiser. A force de vouloir trop contrôler toutes les pulsions d\’une armée, elle finit par vous contrôler. Le terrorisme a justifié les coups d\’État au Mali, au Burkina Faso…

Demain n\’est pas la fin du terrorisme en Afrique. La vulnérabilité au sans-emploi de la jeunesse reste un brasier permanent donc faire taire les armes sera un très long processus.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY