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Pour une Afrique sage et prudente \ »Les pays africains n\’ont ni une souveraineté alimentaire ni une sécurité alimentaire et nutritionnelle (…) Les politiques publiques sont sans pensées politiques pour panser les souffrances des populations\ » Tomety

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La prudence est la sagesse du futur : la fin de la faim est pour quand ?

Le climat n\’est pas responsable au premier chef de la faim en Afrique. Même dans le désert, des études scientifiques ont révélé d\’énormes stocks d\’eau souterraine pour développer l\’agriculture en toute saison et de façon durable. Le principal coupable de la faim en Afrique ce sont les dictatures africaines avec leur penchant néolibéral demandant en permanence aux populations de serrer les ceintures mais jusqu\’à quand? Peut-on assurer la souveraineté et la sécurité alimentaires avec des agriculteurs et des consommateurs qui ont le ventre creux et à faible pouvoir d\’achat?

La dictature ne peut rien voir venir croyant être maître du destin des peuples, de leur avenir et devenir, maître du temps surtout du futur, maître des microbes qui propagent les pathologies et enfin maîtres du climat.

Personne n\’ose affronter un dictateur sauf un peuple qui n\’en peut plus et est prêt à reconquérir sa dignité quoiqu\’il en coûte.

Les peuples ne peuvent plus compter sur leurs intellectuels non plus. Souvent ce sont des traîtres à qui il suffit de donner un peu d\’argent de la corruption ou des postes et grades pour acheter leur silence et leur indifférence. Et ceux-ci, sous l\’emprise du syndrome de Stockholm, font allégeance au dictateur afin de démolir les socles de la fraternité et de la justice pour se vouer corps et âmes au bon vouloir du maître dictateur.

Les intellectuels c\’est-à-dire ceux qui ont une grande capacité d\’analyse critique et une force de propositions et non ceux qui possèdent de gros diplômes ne servant qu\’aux commérages, aux mensonges et aux manipulations. Ces faux intellectuels ne sont que des fourmis magnan qui encombrent les sphères décisionnelles de l\’Etat et pour y dérouler leurs piteuses carrières corrompues. Ils ont une faible capacité d\’anticipation sauf pour monter des coups bas.

La souffrance humaine ne dit rien à ces faux intellectuels pourvu qu\’ils continuent de jouir de leurs grâces auprès de leurs maîtres. Ils ont tous étudié la démocratie pour avoir des notes et des diplômes mais ils préfèrent la dictature pour gagner leurs vies, dérouler leurs carrières afin d\’être à l\’abri du besoin. Ils s\’enferment dans leurs zones de confort sans se soucier de la misère des peuples. Ils ne veulent prendre aucun risque en se mettant du côté des peuples. La faillite de l\’intellectualisme africain est une réalité.

Si par le risque, on reconnaît les talents d\’un bon acteur, en revanche, c\’est par la prudence, la vérité et la simplicité qu\’on mesure son intelligence situationnelle et prospective.

Sans la prudence et la simplicité, le risque devient impertinent et conduit droit dans le décor. Sans la vérité c\’est vivre dans le faux et l\’indignité.

Avec leur incurie en matière de dépenses publiques soldée par une gouvernance imprudente faite de gaspillage dans le faux luxe qu\’aucun peuple affamé et affaibli ne peut entretenir, les dirigeants africains continuent de decevoir. Il ne savent pas qu\’il faut remplir le ventre avant de rêver pour s\’occuper du futur. Le développement commence par la nourriture, la croissance bondit lorsque les nutriments bloquent toutes les voies de la malnutrition dans le corps humain.

Il suffit de voir ce que les guerres ont fait des immeubles luxueux et des belles voies en Libye, en Irak, en Syrie puis maintenant en Ukraine avec les bombardements pour se poser de bonnes questions sur l\’importance de la sagesse et de la lucidité dans la définition des priorités de changement social. Avec ces milliers de vies humaines détruites, on se rend compte des limites du développement à occidental. Les gouvernants et les politiciens africains doivent repenser les priorités du continent avec leurs peuples et non seulement sur la base des fantasmes modernistes qui engloutissent beaucoup d\’argent pour ne servir que les caprices néolibéraux d\’une minorité insignifiante.

Les dirigeants africains ne disent que des contrevérités quand ils criminalisent la démocratie, le dire vrai des populations, le coronavirus et le climat. C\’est quatre facteurs sont la conséquence des choix inconséquents et inconscients qui ont toujours caractérisé nos politiques publiques en Afrique.

Les pays africains n\’ont ni une souveraineté alimentaire ni une sécurité alimentaire et nutritionnelle. N\’est-ce pas là notre malheur quand notre démographie et notre système alimentaire refusent de s\’adapter aux changements climatiques? Les politiques publiques sont sans pensées politiques pour panser les souffrances des populations.

Tous les gouvernements africains des trente-cinq dernières années se sont peu préoccupés des ventres des Africains alors que les technologies agricoles et alimentaires se sont fortement améliorées comparativement aux années 60, 70 et 80 qui sont des années sans disettes dans les pays côtiers et forestiers. Ce qui favorisait la complémentarité naturelle avec les pays sahéliens durant les sécheresses des années 70 et début 80.

Aujourd\’hui, tous les régimes politiques africains affament leurs peuples et préfèrent investir dans les bâtiments et travaux publics qui sont des secteurs à haute productivité de corruption avec des surfacturations et de blanchiment de capitaux. Voilà comment les BTP ont fabriqué des milliardaires dans la classe politique et la haute administration publique. Tous les programmes de lutte contre la corruption ont lamentablement échoué jusqu\’ici y compris les juridictions d\’exception créées pour prévenir et combattre les crimes économiques. Il n\’existe pas de crime économique sans un complice politicien jouissant d\’immunité de prédation ou de protection affinitaire.

Les pays africains s\’endettent massivement pour produire des infrastructures touristiques alors que les touristes étrangers ont déjà ces standards d\’immeubles chez eux. Au même moment, ces grands hôtels, ces luxueux restaurants et salles de conférences dépassent de très loin le pouvoir d\’achat de la minorité bourgeoise de nos pays. Alors le développement des infrastructures ne sont nullement au service du développement de l\’Africain. Il suffit de visiter les infrastructures et moyens de transport des systèmes éducatifs nationaux pour se rendre compte de nos absurdités.

Les recettes touristiques attendues de ces infrastructures seront des plus décevantes dans les prochains années mais il faut rembourser les dettes donc il faut continuer d\’affamer les peuples.

Et pourtant, on aurait pu investir dans l\’agriculture et sur l\’agriculteur africains pour éradiquer la faim durablement en vue d\’une souveraineté alimentaire réelle et d\’une sécurité alimentaire nationale et régionale en permanence pour 18 mois face à n\’importe quelle crise.

C\’est une honte que le stock de sécurité régionale de la CEDEAO n\’est que de 40 millions de tonnes de céréales pour deux ou trois jours de consommation. Tous les pays membres n\’ont pas de stocks de trois mois et la flambée des prix sur les produits vivriers locaux tuent chaque jour, poussent à la prostitution, à la faillite des entreprises agroalimentaires.

La compétition entre les cultures d\’exportation non vivrières et les productions alimentaires de base est un facteur néfaste pour la souveraineté alimentaire. L\’agriculture africaine alimentaire et alicamentaire doit être repensée urgemment au risque de périr surtout que dans les zones de culture le terrorisme et les rébellions empêchent les paysans de cultiver leurs champs. Lorsque la production de la violence compromet la paix, la production de la nourriture ne suit jamais.

Incriminer le coronavirus pour justifier la faim en Afrique est une fausse piste.

Incriminer le climat pour justifier la baisse des productions, c\’est de la pure hypocrisie politique.

Incriminer l\’engloutissement des budgets publics nationaux et régionaux dans les BTP au mépris de l\’éradication de la faim est la vraie cause de l\’incapacité des régimes politiques africains à nourrir leurs peuples.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY

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