Taubira parle : essai sur les missions d\’une université et la responsabilité sociétale des partis politiques
Je propose des séminaires gouvernementaux dans tous les pays francophones en commençant par le Bénin, mon pays d\’origine, afin que cette conférence de madame Taubira soit entendue au moins une fois par les ministres. Comme, la seule école de formation d\’un ministre c\’est sa conscience, les membres de tout gouvernement doivent prendre le temps de débattre des idées et des mots-clés de cette brillante intervention de haut vol avec un français facile de madame Taubira. Une femme éloquente dont la voix est belle et bonne à entendre.
En Afrique, nos ministres ne se cultivent pas, certains en cinq ans et malgré des millions de fcfa qu\’ils engrangent chaque mois sans compter la corruption érigée en valeur noble, disais-je, ces ministres ne sont pas capables d\’acheter un bouquin de 5000 fcfa pour améliorer leurs perceptions, leurs représentations, leurs discours et leurs pratiques. On passe le temps à s\’embourber dans les courriers arrivée et départ. Après on gère directement les opérations avec les hommes et les femmes d\’affaires. Les gros marchés publics sont faussement délégués. Ils sont les premiers à attaquer les autres citoyens de criminels économiques. Ça fait rire! Oui, on passe tout en pertes et profits avec des lois immunitaires pour que certains voleurs de luxe ne soient jamais poursuivis. Oui, c\’est cela l\’égalité en droit enseignée dans les Fac de Droit puis pratiquée dans les tribunaux avec des juges qui ont les pieds et les mains liés. Leurs serments sont jetés depuis à la poubelle pour obéir aux ordres des politiciens véreux.
La politicaillerie vient parachever la course à l\’enrichissement illicite. A peine 15 jours après la chute du \ »contéia guinéensis alphanuméricanus\ », on voit plus clairement les dessous du système de prédation qui fait qu\’il est difficile de quitter le pouvoir. Le pouvoir d\’État est trop juteux. Si on doit le quitter, il faut y mettre un dauphin qui voile les traces des braconniers. Pour combien de temps?
On vient au pouvoir par une élection propre, une élection frelatée, un coup d\’état constitutionnel ou un coup d\’état militaire. On quitte le pouvoir en respectant le délai légal sous les ovations du peuple ou on quitte le pouvoir par un peuple qui en a marre et qui se fait aider par un coup d\’état militaire salvateur.
Ceux qui torpillent les démocraties africaines pour des intérêts personnels ce sont certains universitaires qui ont faim et en déroute de dignité et se baladant pour quémander des nominations. Ce sont des faussaires et de grands mystificateurs qui manipulent la science sans avoir une conscience scientifique et empathique.
Ensuite, une flopée de journalistes tenus par le ventre à qui sont distribués quelques restes de nourriture, sorte de jetons de présence misérables en les réduisant à des griots baratineurs qui ne font que répéter des bouts de papier envoyés depuis les palais royaux. J\’ai arrêté d\’acheter la presse écrite. Elle est plus propagandiste qu\’analytique des faits. Vive la dictature des plumes sans encre.
Oui, le ministre Christiane Taubira est une femme cultivée qui pense le monde avec beaucoup d\’ouverture d\’esprit à travers ses ouvrages explorés et ses publications. Ici, nos hommes politiques aiment l\’argent, la dissimulation et la civilisation de l\’oralité. Ils ne produisent aucune pensée politique, aucune pensée économique… ils sont juste des imitateurs et des assimilés. Tout ce qu\’ils ont vu ailleurs est selon eux possibles chez eux. Ils sont incapables de modéliser le développement de leurs pays.
A quoi servent nos universités et universitaires ? Beaucoup sont des lâches et sont incapables de jouer leurs partitions de scientifiques dans l\’espace public. Ils sont nombreux qui font du gargarisme verbeux et ont peu de réelles expertises à faire valoir pour interpeller la classe politique. Ils sont plus carriéristes que militants de causes d\’élévation de la conscience citoyenne.
Nos sociétés sont en panne parce que nos universités ne sont pas de vrais espaces de coconstruction de la pensée. Il y a une flopée d\’universitaires à egos hypertrophiés. Il suffit d\’accomplir des missions conjointes avec certains d\’entre eux pour découvrir leurs limites. Beaucoup sont des scientifiques et ne maîtrisent même pas des méthodes et outils pour passer du verbiage livresque à la pratique dans leurs propres domaines. C\’est une expérience personnellement vécue dans plusieurs pays. Passons et laissons-les avec leurs passoires d\’orgueils.
Les universités sont des lieux de circulation de l\’esprit. Quelle belle formule de la Grande Dame à tête bien futée qu\’est Christiane Taubira!
Quand nos universités restent insensibles et inodores aux réformes publiques dans les pays africains, surtout au Bénin, quartier faussement latin avec certains universitaires carriéristes qui se comportent comme des vendeurs ambulants qui circulent de média en média pour défendre des incongruités d\’une science dont ils sont les seuls à en connaître les méthodes, ça fait mal.
De nombreux universitaires se comportent comme des marabouts en mettant la vraie science de côté.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY