Mes prières vous accompagnent depuis ma cellule.
Insondables sont les voies du Seigneur et qu’il soit fait selon Sa Volonté, nous enseignent les Saintes Écritures.
Ce dimanche du 05 février 2023, voilà exactement sept jours que notre pays le Bénin a été frappé par une absconse tragédie, suite à l’accident du bus de la compagnie Baobab Express, qui nous a tous plongés dans l\’effroi. Ce drame a de toute évidence engendré une terrible désolation dans de nombreuses familles.
Étant souvent éloignée de l’actualité car privée arbitrairement non seulement de ma liberté mais également étonnamment privée du simple poste radio et d\’appels téléphoniques, je n\’ai reçu cette triste information que plusieurs jours après. Au demeurant, je ne pouvais rester insensible à la douleur des familles endeuillées. J\’y ai moi-même perdu une brave vieille amie, Frida Hazoumè, précédemment au Lion\’s Club. En ce moment précis, je pense à ses enfants et généralement à tous les orphelins de ce chaos.
Au-delà de la compassion, le sens de responsabilité invite à établir de la façon la plus exhaustive possible, les causes de la catastrophe. Autrement, les effets des annonces seront éphémères. Nos axes routiers sont devenus si destructeurs qu\’un placébo destiné à calmer l\’émoi généralisé n\’est pas le remède approprié pour endiguer le mal à la racine. À l\’analyse, les crashs revèlent souvent de malencontreux concours de circonstances et parfois des raisons difficilement avouables en dehors du \ »coupable idéal\ ».
De Dieu nous venons et à Lui nous repartons. Puisse Le Créateur, par Sa Miséricorde, accorder à chaque défunt le pardon de ses transgressions. Puisse-t-Il de même restaurer la santé des blessés et consoler tous les membres des familles explorées par ce terrible drame.
M’étant engagée depuis plusieurs jours dans le recueillement et la prière afin d’implorer Notre Créateur de conjurer tous les malheurs qui pourraient s’abattre sur notre pays après ce week-end particulièrement meurtrier sur nos routes, j’apprends derechef, par mon conseil, en cette matinée, la douloureuse annonce du décès de celui que j’appelle affectueusement \ »papa René ZINSOU, mon vieil ami\ ». Oui, nonobstant les généreux printemps qui nous séparaient, ce personnage à la remarquable bonhomie me faisait l\’honneur de son amitié.
Papa, je suis très affectée par votre disparition car je n’aurai donc pas l’occasion d’accomplir la promesse que je me suis faite. Aller vous remercier particulièrement pour votre attention et affection car du haut de votre jeunesse affable de 96 ans, vous vous êtes soucié de ma situation carcérale au point de prendre le risque en dépit de la pandémie du Covid 19 de me rendre par deux fois visite à la prison civile de Missérété. Et ce, en surmontant les limites de votre mobilité réduite. Vous êtes venu me confier que vous êtes révolté de me voir dans une pareille situation. Vous m\’avez dit à votre dernière visite \ »ça suffit, ta place n\’est pas ici, je prends mon bâton de pèlerin pour(…)\ ». Je garde la suite pour le temps de ce que la perspicacité des lecteurs du présent témoignage leur suggère à l\’esprit.
Par ailleurs vous échangiez souvent avec mon conseil pour vous enquérir de mes nouvelles. Je m’étais donc promise de vous rendre visite dès la cessation de ma détention arbitraire. Il ne m\’est hélas plus possible de tenir ma promesse. Je me console toutefois de ce que vous n’avez pas vécu inutilement car j’ai scelé, dans mon cœur, vos ineffables conseils. Je vous promets de les mettre en pratique avec dextérité afin d\’honorer la mémoire du grand homme ayant du panache que vous fûtes. À votre famille, j\’adresse mes vives condoléances, notamment Lionel, Marie-Cécile, Thomas et Anthony.
Papa René, volez, naviguez en paix et que Dieu dans Sa Mansuétude se remémore vos bienfaits afin de vous accueillir dans la Félicité Éternelle. AMEN!
MerciPapaReneZinsou
ToutExpire
Reckya Madougou
Missérété le 05/02/23