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« De la démagosphère à la dictature de persécution et des rétropédalages : Quelle place pour la démocratie ? », exclusivité Tomety

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Nul n’a le monopole de la dictature au point d’abuser en tout temps de son peuple sans une revanche de sa part et non plus, nul n’a le monopole de la démocratie comme voie de développement sans rencontrer des obstacles.

Il y a deux types de dictature en Afrique : la dictature de persécution percussionniste (DPP) et la dictature de développement par la transparence (DDT).

Selon Aristote, Nous ne naissons pas naturellement bon ou mauvais. Tout homme est perfectible à condition qu’il soit moins prétentieux.

  • Les hommes font l’apprentissage de l’orgueil et de l’éthique au contact du pouvoir de l’argent, du pouvoir du diable, du pouvoir du peuple et du pouvoir de Dieu.
  • Nous sommes la moisson de nos méchancetés, de nos gentillesses d’apparence et de nos sincérités.

En cherchant à comprendre ces deux assertions, on découvre que la vérité est simple avec sa complexité exigeante en éthique, le mensonge est complexe avec sa simplicité accusatrice facile. Et ce qu’on croit être n’est pas forcément ce qui est.

Chacun appréhendant sa vérité en fonction de sa réalité perçue depuis sa position, des marges d’erreur sont évidentes d’où l’honnête homme ne dira jamais qu’il a la plénitude de la vérité. Derrière chaque mensonge il y a sa fausse évidence et sa vraie évidence.

La vraie dictature commence par la violence que le chef exerce sur lui-même à travers ses propres pulsions pour donner l’exemple vibrant de son attachement à son serment, aux lois, valeurs et politiques publiques de la cité avec le sacrifice proportionnel qui s’y attache.

Il n’y a point une dictature à visée développementaliste ou humaniste en dehors de la transparence érigée en valeur de gouvernance publique, ce qui exige la transparence dans la planification du développement par l’inclusion et la participation des citoyens, la transparence dans les salaires politiques étant donné que seul le peuple est l’employeur de ses salariés et il doit savoir ce que chaque dirigeant lui coûte afin d’apprécier sa valeur morale, éthique et managériale, mais ce n’est pas tout.

  • La transparence électorale est capitale pour la souveraineté car l’élection est un pouvoir d’évaluation et de sanction des politiques publiques d’un pays, et vouloir téléguider une élection ou voler les voix des électeurs disqualifient tout prétendant à la responsabilité publique pour ainsi dire, toute personne élue par la corruption électorale est un prédateur potentiel et il faut le savoir afin d’être sur le qui-vive.

Enfin, la transparence dans les marchés publics, l’endettement public, les nominations aux hautes fonctions administratives et politiques de l’Etat sont autant de paramètres pour apprécier la moralité notamment la fiabilité des animateurs d’un régime politique.

L’attachement à la rigueur et à l’honnêteté est une discipline collective qui donne un produit de mixage à dosage subtile composé de 30% de dictature et de 70% de développement. Lorsque ce mélange répond à une pyramide inversée, c’est alors une dictature de persécution percussionniste.

Quand j’ai publié il y a une dizaine d’années un opuscule intitulé la dictature de développement, un nouveau paradigme de développement ou un chemin de l’égarement, des commentaires ont fusé de toutes parts du fait de la bizarrerie que révèle ce type de dictature.

Pour les uns, la dictature de développement c’est du ‘’développement de la dictature’’, c’est l’institutionnalisation de la volonté de ‘’remise en cause du principe de la séparation des pouvoirs’’, c’est du ‘’pouvoir concentrationnaire’’, c’est la ‘’remise en cause des acquis démocratiques’’, c’est une ‘’stratégie pour bâillonner et ensuite imposer aux Béninois des réformes’’, c’est ‘’l’échec de la gouvernance concertée’’, ‘’c’est le recours aux forces de défense et de sécurité quand on a pas la capacité de dialoguer et de désamorcer avant de défendre’’, ‘’c’est encore un saut dans l’inconnu et dans les improvisations avec la folie des grandeurs’’

En définitive, les commentaires sont en général hostiles à tout lien entre les deux mots parce que la dictature tuerait la démocratie et renforcerait la mégalomanie dans la définition et la mise en œuvre des politiques. En revanche, selon les dires d’acteurs, la démocratie renforce l’esprit libre, la créativité sociale, la participation et le contrôle citoyens, la valorisation des talents, le leadership des dirigeants avec un souci partagé pour le mieux-être de tous. En somme, on ne saurait construire le mieux-être qu’est le développement par la dictature et son cortège d’injustices et de mal-être.

Je comprends parfaitement les positions des uns et des autres.

Fort curieusement, certains Béninois y compris de hauts cadres de l’administration publique sont convaincus de la nécessité de bâtir l’Etat de droit par la fermeté fondée sur le droit, la droiture, l’exemplarité des dirigeants, la rigueur dans la gestion des moyens de l’Etat et la lutte contre l’impunité en supprimant tous les privilèges liés aux immunités. L’arbitraire à répétition finissant par emporter l’arbitre, alors sans arbitrage, tout devient anomique et anémique. Le peuple déprimant finit par faire une révolution. Attention donc, la vengeance !

La dictature de développement doit asseoir l’autorité de l’Etat sur l’efficacité de l’administration, un partenariat gagnant-gagnant entre l’Etat et le secteur privé ainsi que sur le contrôle citoyen.

Un auteur anonyme a écrit une sagesse tenant lieu d’une mise en garde : Ne soyez pas irremplaçable. Vous ne pourrez pas être promu si vous ne pouvez pas être remplacé.

Et le second avertissement vient Sir Anthony Jay : Le grand danger, c’est de se fossiliser, de se préoccuper des tâches internes et procédures et de perdre le contact avec le monde extérieur.

  • Tout dans un pouvoir est une incertitude et tout dans une puissance est une fragilité.

Le pouvoir qui veut à tout prix punir méchamment est un pouvoir qui a peur de son futur. Ali Bongo, ancien président du Gabon appelle à ne pas se venger de sa famille et de sa gouvernance. Ce SOS est la pire des détresses quand on a gaspillé l’argent public dans les délices orgueilleux et les bricolages faussement appelés le gouvernement développe le pays. C’est l’autre nom de demande déguisée du pardon lorsqu’on est gonflé à bloc oubliant que tout se dégonfle toujours même en répétant la célèbre formule de nous venons de loin, c’est inédit.

L’honnêteté est la plus grande richesse de l’univers et de l’homme, la malhonnêteté est la plus grande misère du genre humain qui précède tout déclin.

  • Quand un Africain dit à haute voix qu’il fait confiance en la justice de son pays, commencez par douter de sa sincérité.

Pourquoi des magistrats, des agents de sécurité, des politiciens et des acteurs non étatiques sont-ils obligés de prendre le chemin de l’exil face aux dictatures de persécution qui sévissent dans leurs pays?

Pourquoi des régimes dictatoriaux qui chantent contradictoirement la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice de leurs pays remettent-ils en cause ou banalisent les décisions de justice des instances judiciaires supranationales?

Pourquoi la Cour pénale internationale s’intéresse tout particulièrement aux abus des régimes africains ?

Pourquoi, plus un chef d’Etat est soumis à un pays colonisateur pour son maintien aux affaires par des coups d’Etat institutionnels tolérés, plus il devient un persécuteur radical pour son peuple et convaincu de sa réélection grâce aux hold-up électoraux?
Ce qui compte pour le politicien, ce n’est pas l’élégance de son corps, de son regard et de la parole enjolivée de roublardise, mais son élégance du cœur dans le contact avec le peuple souverain sans trahir sa dignité. Si le politicien honnête place ses intérêts personnels après ceux de son peuple, qui parlera encore de démocratie et de bonne gouvernance ?
Ce qui compte pour un homme de droit ce n’est pas sa connaissance encyclopédique du droit mais sa droiture et son humilité à l’ouvrage. Car, sans droiture, il n’y a point de science juridique qui gouverne la conscience en expertise juridique avec des méthodes et outils éprouvés produisant une efficacité de la pratique du droit comme un pouvoir d’éboueur et une puissance par les effets et les impacts transformateurs de la conscience collective empathique. La connivence entre politiciens aux affaires et les hommes en toges tue la droiture dans le droit. Tout devient hypocrite.

La violence commence par le désir de pouvoir et de puissance pour soi contre les autres, ce qui par jalousie, la haine et les frustrations provoquent l’institutionnalisation de la violence. Et la violence du chef relève de l’abus. Plus rien ne s’apparente à la droiture républicaine. Là où les trafics d’influences et les actes gratifiants sont des leviers du droit, la justice est rendue au nom du monarque et non plus en faveur du peuple souverain. On a du mal à comprendre parfois que le droit obéit à des référentiels scientifiques. Ça vacille, ça voltige, ça voit comme le non-voyant jusqu’à terroriser les adeptes de la non-violence. Lorsque la science crée des clivages sociaux, pourquoi devrait-on retourner voir les pauvres pour élire les riches ?

Les riches sont et demeureront minoritaires mais ils ont un pouvoir de manipulation et de corruption puissant. La justice devrait-être de quel côté ? A chacun sa réponse!
Ce qui compte pour un agent de sécurité ce n’est pas son pouvoir de dissuasion par les armes létales, les torsions, les aveux forcés sous l’effet de la peur et des brimades, mais d’être ce purificateur de la cité qui sait coproduire la sécurité dans la vision Armées-Nation et la philosophie 3D (dialoguer pour comprendre la réalité, désamorcer les tensions en mettant en confiance pour toucher les cœurs par la vérité, défendre le peuple et l’honnêteté en l’honneur des symboles de puissance publique dans l’impartialité). Si la police n’est pas amie de la communauté, elle perd son cœur de métier.
Montesquieu dans l’esprit des lois fait remarquer que « ce ne sont pas les peines qui diminuent les crimes, c’est le genre de vie des peuples et la facilité de subsistance. »

Abordant l’une des causes fondamentales qui alimente l’insécurité humaine, un ancien Roi de Savalou au Bénin, sa majesté Soha Gbaguidi disait que la meilleure formule pour gouverner en authentique serviteur de son peuple consiste à conjuguer le verbe manger au présent de l’indicatif avec un esprit de solidarité car le peuple qui a faim est un peuple qui ne se laisse pas gouverner :

  • je mange, tu manges, il mange, nous mangeons, vous mangez, ils mangent.

Et manger selon ce Roi c’est la nourriture spirituelle à travers l’éducation à la citoyenneté, la liberté, la dignité humaine et la visibilité sur l’avenir de la communauté, ensuite la nourriture matérielle par l’accès aux aliments équilibrés, à l’eau et à l’emploi à la jeunesse. Ce Roi est un vrai grand chef qui a le souci du bien commun et du vivre-ensemble. Vous ne pouvez pas cacher vos salaires à votre peuple et lui demander en plus de serrer la ceinture.

  • Le pouvoir d’État est une sagesse dans le service rendu au peuple, et toute autre conception est chimérique.

Toute crise de gouvernance est annonciatrice d’un ras-le-bol de l’empilement des vices cachés devenant de plus en plus insupportable pour la famille, les amis et les gens gênants que vous prenez du plaisir à haïr. Il faut aller rechercher vos vices cachés dans la toxicité de vos lois, de vos réformes et de vos biens mal acquis.

L’homme n’est pas tenu de tout accepter, de tout prendre et de tout manger. Pensez aux autres est également une forme d’orgueil dans la modération.

  • L’hypocrite avec son inconstance pathologique vous dira le contraire, le lâche avec son esprit tordu comme le balancement du roseau dira le contraire aussi sous l’effet de la peur.

La dictature m’a été enseignée et contée mais chacun a son vécu de la dictature. Je partage ici un témoignage sur la manière dont les dictatures gaspillent dans leur addiction à l’arrogance les intellectuels de leurs pays : Mon choc fut immense ce 19 avril 1997 lorsque Dr Ahmad KAMYABI MASK, conducteur de taxi parisien, confia à son client que je fus entre la Gare du Nord et l’aéroport Charles de Gaulle, qu’il a été vice doyen de la faculté de droit de Téhéran contraint à l’exil du fait de la dictature meurtrière du Chah d’Iran.

Mon choc émotionnel fut à son comble lorsqu’il m’offrait l’un de ses livres titrés « Qu’attendent Eugène Ionesco et Samuel Beckett » publié à Paris en 1991. C’est seulement en ce moment que je réalise alors et à travers son témoignage que la dictature enchaîne, écrase, torture, humilie, pille, entretient une générosité de façade, pousse à l’exode et produit des apatrides. J’ai couvé une révolte intérieure pendant des semaines avant d’évacuer la secousse de la souffrance de ce brave intellectuel iranien.

Mes deux années passées en Centrafrique m’ont aussi beaucoup appris sur les déstructurations de l’Etat du fait des dictatures successives. En même temps que je suis hanté par ce mot « dictature », j’ai la conviction que la propagation des phénomènes anomiques dans un Etat de droit compromet les fondements de la démocratie et de ce type de droit.

Je salue l’honnêteté intellectuelle du Général congolais Fernand Mbaou pour la sagesse suivante : « celui qui oublie le passé met un voile sur l’avenir »

La maturité physiologique de tout ce qui vit amorce son déclin inéluctable. Il faut accepter la fin de la cueillette et céder la place à d’autres.

  • La courbe de Gauss rattrape tout ce qui est mortel : monter, briller, descendre. Tout finit par finir ainsi.
    Simon-Narcisse TOMETY
    Théoricien de la dictature de développement

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