Les réseaux sociaux font de plus en plus partie de nos vies depuis une quinzaine d’années et offrent plusieurs avantages à la société. En plus de créer des relations entre les individus, ils permettent de partager ou de publier du contenu (articles, photos, vidéos, etc.) et de construire une e-réputation autour d’un idéal, d’une personnalité, d’une entreprise, etc. Dans le champ du marketing digital, les plateformes numériques sont devenues un nouvel espace incontournable pour trouver des prospects sans se déplacer et leur vendre des produits ou des services avec efficacité. Mais aujourd’hui, il est de plus en plus remarquable que les réseaux sociaux sont détournés de leurs finalités par une jeunesse qui les utilise à tort ou à travers par effet de mode exhibitionniste, ignorant que certains actes peuvent être constitutifs d’éléments de compromission de leurs identités morale et éthique dans l’avenir.
Alors, attention au futur ! Il n’est pas toujours possible de faire disparaitre les traces que l’on a laissées sur les réseaux sociaux numériques. Même si les réflexes de l’intelligence artificielle permettent d’en retirer certaines, supprimer in extenso un contenu obscène peut s’avérer très impossibles si les données ont été disséminées au travers de différents sites et bougrement relayées par de nombreux exploitants de l’internet. Il est important de prendre cela en compte s’agissant de nos comportements parfois déviants en ligne. Des photos nues, des messages vocaux vicieux à un moment de sa vie sur internet peuvent devenir compromettante à un autre. Cela est d’autant plus évident dans la mesure où il n’est pas exclu que ces photos ou messages ne seront pas retransmis ou sauvegardés ailleurs pour vous soumettre aux chantages, ou même que l’on ne perdra pas l’accès à l’outil qui permettrait de les supprimer.
Chaque contenu publié implique de faire preuve d’une grande prudence : il peut un jour porter préjudice, et pire porter préjudice à toute votre famille. Il faut aussi envisager qu’un contenu transmis de façon privée puisse un jour être vu par des yeux indiscrets en raison d’un dysfonctionnement, d’une mauvais manipulation ou d’un piratage. Les principaux réseaux sociaux ne facilitent pas la tâche pour nettoyer les traces de son passé et le « droit au déréférencement » reste limité, surtout dans les pays comme le nôtre où l’accès à une connexion internet de qualité et à moindre coût demeure un défi crucial. L’évolution des techniques peut également créer de nouveaux dangers. On peut penser à la reconnaissance faciale, où des logiciels arrivent déjà à identifier facilement une correspondance entre l’image d’une personne dans l’espace public et son profil sur un réseau social.
Bien entendu, les réseaux sociaux offrent une réelle facilité d’expression et un contact facile avec de nombreuses personnes par leur capacité à briser les barrières physiques qui, entre-temps distançaient les humains, les uns des autres. Ils permettent de communiquer avec sa famille, avec ses amis, de s’intégrer, de se divertir, jouer, s’informer. Mieux, avec les réseaux sociaux, on peut aussi s’ouvrir sur le monde, sur d’autres cultures et diffuser rapidement des informations. Mais au-delà des problématiques relatives à l’importance de leur place dans la société, leurs usages peuvent présenter d’autres dangers ou conséquences dommageables à titre individuel ou collectif pour les utilisateurs.
C’est pourquoi, de la même façon qu’il peut être important de « tourner cinq fois sa langue dans sa bouche avant de parler » comme le postule la tradition orale africaine, il est aussi préférable de prendre un temps de réflexion avant de poster des publications (écrits, vidéos, images) sur les réseaux sociaux.
Par Dr Noé Kpatagnon DOTOU