Les présentations des travaux de recherche entre la démographie, langue et culture étaient à l\’origine du 3èm colloque international du Labo Gur. C\’était devant un parterre d\’universitaires venus des 08 pays concernés, les 14, 15 et 16 mars 2024, à l\’amphithéâtre Idriss Debi Itno, de l\’université d\’Abomey-Calavi.
Démarré en 2020, le colloque international Gur est une rencontre scientifique biennale pour susciter la revue scientifique des langues. Un témoignage scientifique et la détermination des participants à faire rayonner les cultures, langues et les peuples dans l\’espace Gur, qui passent nécessairement par la vulgarisation des savoirs et connaissances de cet espace culturel et linguistique. Le colloque vise la reconquête et l\’affirmation de l\’identité culturelle des peuples Gur et à disposer d\’une riche documentation sur ces peuples.
Il faut retenir que la langue Gur est tout simplement l\’appellation de la grande famille des langues voltaïques. En effet, c\’est un vaste ensemble de plus de 90 langues parlées au Bénin, au Burkina-Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Togo. On les retrouvent plus précisément dans tout le Burkina-Faso, au nord-est de la Côte d\’Ivoire, aux moitiés nord du Ghana et du Togo, au sud du Mali, au nord-ouest du Bénin et au sud-ouest du Niger.
Pour le professeur Coffi SAMBIENI, directeur du Labo Gur, \ »la restitution des travaux permettra de mieux connaître les cultures, langues et de mieux comprendre l\’enjeu démographique dans l\’espace Gur, dont les peuples tiennent beaucoup à leur intégrité et au grand respect de leurs valeurs morales et éthiques\ », a-t-il mentionné. Et pour y parvenir à ses fins, \ »le laboratoire des langues et cultures Gur envisage de former une équipe interdisciplinaire et interuniversitaire pour écrire l\’histoire décolonisée des peuples de l\’espace Gur. Car, il est important d\’écrire une histoire débarrassée de l\’eurocentrisme, du nationalisme et de toutes sortes des complexes de supériorité sur le plan de la civilisation. Alors, cette histoire doit être fondée sur les réalités endogènes, linguistiques, sociologiques, anthropologiques, archéologiques et géographiques\ », a-t-il ajouté.
Cependant, quand on parle de démographie, \ »on pense aux conséquences économiques, mais nous voulons montrer qu\’il y\’a des rapports entre la démographie, la langue et la culture. En limitant les naissances à 02, en Afrique, il y\’a des cultures dans lesquelles, les noms des enfants sont donnés suivant le rang. Un exemple, chez les batonou, le 1er enfant est Ouorou, le 2e est Sabi, le 3èm est Bio et le 4e Boni. En limitant les enfants à 02, cela veut dire que des noms tels que Bio et Boni vont disparaître. Pourtant les nom des personnes relèvent de l\’anthroponimie et chaque nom est accompagné de panégyrique. En limitant les naissances, il y\’a en quelque sorte, un génocide linguistique\ », a expliqué le professeur, Idrissou ZIMÉ YÉRIMA, président du comité d\’organisation du 3èm colloque international Gur.
Alain Kolawolé ALAFAÏ