Je suis restée sans mot et je crains pour la santé des milliers de béninois qui suivent l\’actualité sur le nouveau code suicidaire qu\’a proposé la majorité parlementaire. La cour SOSSA vient de prouver à la face du monde son soutien et sa complicité entière dans le projet de mise à mal de la cohésion nationale dans notre pays. Elle qui est censée étudier la constitutionnalité des lois est miraculeusement devenue celle qui élabore les lois.
Sinon, comment comprendre qu\’une cour et pas n\’importe laquelle, la cour constitutionnelle puisse recevoir en constitutionnalité une loi dont la monture est contestée par la l\’ensemble des requérants, une loi autre que celle adoptée en plénière à l\’Assemblée nationale ? La cour a-t-elle oublié sa mission ou a-t-elle entre-temps obtenu mandat de légiférer aussi ? Sinon, comment se fait-il que ce soit elle qui donne copie de la version finale du code adopté aux requérants qui ont en vain réclamer ce document auprès du Président de l\’Assemblée nationale ? Pourquoi le juge a l\’élément jugé avant le plaignant? Même en laissant de côté le fond même de la loi, le simple fait que les deux parties ne soient pas d\’accord sur le contenu nécessitait tout au moins qu\’une cour digne puisse renvoyer les élus à une autre plénière pour lui produire un document adopté par consensus de l\’ensemble des élus.
C\’est à mon sens la moindre des choses que la cour devait faire pour un tout petit peu voler un brin de confiance des citoyens béninois. Hélas ! Quant au contenu, il faut oser dire qu\’il y a eu tout sauf une loi électorale. Il y a eu une nouvelle forme de révision de la constitution, parce que le code ne saurait être supérieur à la constitution. La constitution a fixé des conditions globales mais le code ici vient en rajouter 20% par circonscription comme conditions ajoutées aux 15% de voix à réunir au plan national. En clair, le pouvoir tient à l\’exclusion qui est au péril de notre démocratie, devenue son style de gestion. Nous avons une constitution qui est contre les alliances et aujourd\’hui un code qui prône les accords entre partis qui devront être déposés à la CENA lors du dépôt de candidature, une autre violation de la constitution qui a échappé à une cour en deuil de sagesse. Qu\’on ait chanté que la visée du système partisan est de parvenir à des partis politiques représentatifs sur toute l\’étendue du territoire et qu\’on en vienne à créer aujourd\’hui une condition par circonscription est tout sauf la démocratie. C\’est plutôt une dictature affirmée du pouvoir sur l\’opposition et cela ne rime point avec la démocratie.
J\’ai au passage pitié des députés du BR qui refuse de voir la vérité en face et qui eux-même tel des moutons, ont accompagné une tel forfaiture, ce vol institutionnel qui nous a conduit à la cour devenue poubelle constitutionnelle et qui tout de même les réduit petitement en archives. La CEDEAO, l\’Union Africaine, l\’ONU et autres sont pris à témoin. Ces institutions ont le devoir de prévenir que de revenir en donneur de leçon au moment où le crime sera consommé. L\’irritation des esprits des masses est annonciatrice de troubles de quiétude, il ne faut pas qu\’on en arrive à ça. Nous voulons un Bénin de paix, et c\’est toujours possible.
Gnanki SAKA SERO, membre du parti Les Démocrates