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Mon Héritage: «Peur ou découragement n’est pas Traoré», L\’épopée des TRAORÉ dont appartient Reckya Madougou

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Reckya Madougou

𝐌𝐨𝐧 𝐇𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐚𝐠𝐞 : 𝐋’𝐞́𝐩𝐨𝐩𝐞́𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐑𝐀𝐎𝐑𝐄́ (𝟏𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞)

𝐻𝑖𝑠𝑡𝑜𝑟𝑦 𝑎𝑛𝑑 𝑐𝑢𝑙𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑡𝑖𝑚𝑒

La célèbre citation de Socrate, «Connais-toi, toi-même», vaut le détour dans l’histoire que je suis sur le point de vous conter.
D’entrée, je vous exhorte vivement à remonter à vos origines. Interrogez les anciens de vos collectivités. 𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢̂𝐭𝐫𝐞𝐳 𝐝𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬-𝐦𝐞̂𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞𝐳 𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭𝐬 𝐦𝐚𝐫𝐪𝐮𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐫𝐭𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐧𝐮𝐥𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐚𝐮 𝐬𝐞𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐭𝐫𝐢𝐞 𝐨𝐮 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐯𝐨𝐬 𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬. Ceux et celles d’entre vous qui en savent suffisamment sur leurs origines, parlez-nous-en. Cela m’intéresse.

Mes chers Amazoniens et Amazoniennes,

Vous me connaissez sous le patronyme MADOUGOU. Mais comme c’est souvent le cas en Afrique, chaque individu appartient à un clan qui va au-delà de la famille et du nom porté par les différentes lignées. 𝐉’𝐚𝐩𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐧𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐦𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐚𝐥𝐨𝐠𝐢𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐑𝐀𝐎𝐑𝐄́. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 «𝐓𝐫𝐚𝐰𝐞̂𝐥𝐞̂» 𝐨𝐮 «𝐓𝐫𝐚𝐰𝐞̂𝐫𝐞̂», 𝐞𝐧 𝐂𝐨̂𝐭𝐞 𝐝’𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝐚𝐮 𝐆𝐡𝐚𝐧𝐚, 𝐚𝐮 𝐓𝐨𝐠𝐨. Mais on retrouve les Traoré surtout au Mali et en Guinée. Ils sont également au Sénégal, au Faso, au Niger, au Nigeria… On les rencontre dans toute l’Afrique occidentale, suite au commerce caravanier notamment de l’or, du sel, de la cola qui fut à son paroxysme du 13ème au 16ème siècle.

Dans le septentrion au Bénin, chez les Dendi et chez les Baatombu ou Bariba, nous sommes désignés TAROUWÊRÊ ! Un rapide aperçu de ces deux ethnies : les Dendis constituent un peuple descendant de la dynastie des Askia qui régna sur l\’empire Songhaï à son apogée au Mali entre Gao et Tombouctou au 15ème siècle. Les Baribas quant à eux désignent une population vivant au nord du Bénin, du Nigeria et du Togo et ayant pour ancêtre Kissira (Kisra ou Kissia), un empereur de la Perse antique (actuel Iran).

Il y a seulement trois générations en arrière, un riche commerçant d’or sur son cheval perché, atterrit dans le Nord de l’actuel Bénin. En provenance du Mali, il arpentait avec les siens, les vestiges des pistes du florissant commerce caravanier dans l’ouest-africain. C’est ainsi qu’au cours de l’une de ses expéditions, à l’étape de Parakou, ce grand commerçant fut happé par les feux de l’amour. Il s’amouracha d’une belle princesse Bariba au caractère bien trempé, du nom de Aïya Bona, et dont paraît-il que je suis la copie conforme.

Depuis ces clignotants amoureux, 𝒏𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒎𝒂𝒓𝒄𝒉𝒂𝒏𝒅 𝒅’𝒐𝒓, 𝒔𝒖𝒓𝒏𝒐𝒎𝒎𝒆́ 𝑩𝒂̂ 𝑲𝒊𝒓𝒆́ 𝒔𝒖𝒓 𝒔𝒂 𝒕𝒆𝒓𝒓𝒆 𝒅’𝒂𝒄𝒄𝒖𝒆𝒊𝒍 (𝒔𝒊𝒈𝒏𝒊𝒇𝒊𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒏 𝒍𝒂𝒏𝒈𝒖𝒆 𝑫𝒆𝒏𝒅𝒊 «𝑷𝒂𝒑𝒂 𝒄𝒍𝒂𝒊𝒓», 𝒖𝒏𝒆 𝒂𝒍𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒇𝒂𝒊𝒕𝒆 𝒂̀ 𝒔𝒐𝒏 𝒂𝒑𝒑𝒂𝒓𝒆𝒏𝒄𝒆 «𝑻𝒐𝒖𝒂𝒓𝒆𝒈»), 𝒏𝒆 𝒒𝒖𝒊𝒕𝒕𝒆𝒓𝒂 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆́𝒆. 𝑰𝒍 𝒚 𝒑𝒓𝒐𝒔𝒑𝒆́𝒓𝒂 𝒆𝒕 𝒔𝒐𝒏 𝒇𝒊𝒍𝒔 𝒏𝒆́ 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒖𝒏𝒊𝒐𝒏 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒂 𝒑𝒓𝒊𝒏𝒄𝒆𝒔𝒔𝒆 𝑩𝒂𝒂𝒕𝒐𝒏𝒖, 𝒔𝒆𝒓𝒂 𝒍’𝒖𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒓𝒆𝒎𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒊𝒏𝒕𝒆𝒍𝒍𝒆𝒄𝒕𝒖𝒆𝒍𝒔 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒓𝒆́𝒈𝒊𝒐𝒏. Si j’ai eu la chance de bien connaître ce fils, qui n’est autre que mon grand-père prénommé Dramane Zakari, je n’ai hélas rencontré mon aïeul Bâ Kiré que grâce à un fabuleux portrait où on l’aperçoit enturbanné, sur un cheval cabré. La scène laisse à souhait décrypter son hardiesse par tout œil avisé. Mais pour l’instant, je m’en arrête là en ce qui concerne notre branche sur cet arbre généalogique des Traoré.

Selon les traditions maliennes, les Traoré, sont des Malinkés originaires des encablures de Kangaba (Ka’ba) dans le Mandé, région historique et berceau du puissant Empire du Mali. Car l\’Empire du Mali est né à partir de cette province, sous le leadership de Soundiata Kéita. Le Mandé ou Manden ou encore Manding est le foyer historique de la communauté mandingue et s’étend du sud du Mali à l\’est de la Guinée.

Selon de nombreuses sources historiques, et la tradition orale de ma famille, c\’est donc cette région qui est le point de départ de la dispersion de mes ancêtres Traoré dans toute l’Afrique occidentale. Ils étaient les chefs de guerre de cet empire alors développé et aussi des commerçants prospères. À noter que le groupe mandingue comporte plusieurs ethnies dont les plus grandes sont les Malinkés, les Bambaras et les Dioulas. Également les Bobo-Dioulas et Soninké.

Autant vous avouer que depuis plusieurs années, je me passionne de recherches sur mes origines et l’histoire de mes ascendants dont je suis si fière. 𝐉𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐚 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐬𝐢-𝐞𝐱𝐚𝐜𝐭𝐞. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐨𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐝𝐞 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐦𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞 𝐨𝐮 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐧 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧. En témoigne qu’aujourd’hui, dans un monde moderne où les guerres de conquête au sens premier du terme n’ont plus leur place, la combativité dans sa dimension noble n’a pour autant pas disparu du génome des Traoré, au fil des générations.

Mieux, comme j’ai déjà eu à l’indiquer dans l’un de mes essais («Soigner les certitudes», éd. Jean Jacques Willaume, disponible sur Amazon), nos grandes familles émanant de l’aire culturelle du riche et puissant empire Songhaï, gagneraient fort à valoriser leur héritage glorieux effacé par la colonisation et certaines civilisations hégémoniques. Un patrimoine aussi immatériel qu’inspirant ancré sur un quadruple plan :

✅ une organisation politique de référence;
✅ un système économique dominé par le commerce transsaharien qui a beaucoup à offrir à une réforme de la CEDEAO;
✅ une structuration sociale promouvant le vivre-ensemble avec d’autres communautés;
✅ un Islam prépondérant et culminant avec une culture des connaissances; un système éducatif séculaire ayant commencé à produire de grands intellectuels depuis des temps immémoriaux.

Me comprendront allègrement, les Traoré, Touré, Cissé, Sylla, Diarra ou Diarassouba, Koné, Diop (dont je découvre que certaines lignées sont aussi des Traoré), Diakité, Diabaté, Kéita, Coulibaly, Sangaré, Fofana, Kumaté (Konaté) et bien d’autres patronymes. De ces collectivités, l’anthropologue Denise Bégrand à la suite de ses recherches écrit : «Ils ne disent pas qu’ils s’appellent Traoré ou Cissé, mais qu’ils sont Traoré. (…) Ces groupes possèdent des devises par lesquelles on les salue. À la question que signifie ‘’Être Traoré ?’’, la réponse la plus intéressante a été ‘’Traoré est un attribut fort’’».

𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐦𝐚 𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞́𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐞𝐱𝐞𝐦𝐩𝐥𝐞, 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐮𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐨𝐮 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐠𝐧𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 «𝐓𝐚𝐫𝐨𝐮𝐰𝐞̂𝐫𝐞̂ 𝐬𝐢𝐫𝐨𝐮𝐧, 𝐦𝐨𝐧𝐟𝐨̂ 𝐤𝐩𝐢𝐫𝐢, 𝐦𝐨𝐧𝐟𝐨̂ 𝐰𝐚 𝐠𝐚𝐚𝐧𝐢». 𝐓𝐫𝐚𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐥𝐢𝐭𝐭𝐞́𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐮 𝐃𝐞𝐧𝐝𝐢 : «𝐁𝐫𝐚𝐯𝐞 𝐓𝐫𝐚𝐨𝐫𝐞́, 𝐮𝐧 œ𝐢𝐥 𝐞𝐧 𝐬𝐚𝐧𝐠, 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞 œ𝐢𝐥 𝐞𝐧 𝐥𝐚𝐢𝐭 𝐟𝐫𝐚𝐢𝐬». Une double référence au passé épique de nos ancêtres d’une part puissants guerriers et courageux monarques et d’autre part le croisement de notre lignée avec le gène des éleveurs, les Peuls, symbolisé ici par le lait. Les Peuls ou Foulani représentent un groupe ethnique à compétence majoritairement pastorale. Notre lignée Traoré à nous, est donc un métissage parfait de Malinké et de Peul.

Ce qui demeure constant, est que la symbolique du courage revient toujours dans les histoires de famille des Traoré. Dans un registre d’humour, nos frères Ivoiriens diraient «Peur ou découragement n’est pas Traoré». 😂

Au titre des principales familles citées supra, c’est d’ailleurs Traoré que l’auteure Denise Bégrand évoquera au prime abord dans son livre consacré au commerce caravanier, au chapitre des familles regroupées sous la terminologie des «Wangara du Borgou». Elle a porté son intérêt sur le Borgou historique qui s’étendait du Nord-Est du Bénin (Parakou, Nikki, Kandi, Kouandé) à des régions du Nord-Ouest du Nigeria (Illo, Wawa, Yauri, Bussa); sans omettre l’importante frontière avec le Sud du Niger en pays Dendi/Djerma, autour de Gaya.

À la suite de ce récit, vous découvrirez bientôt une passionnante et inspirante histoire des Traoré en Afrique de l’Ouest.

Reckya MADOUGOU #JeSuisTraoré

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