Niamey, on dit quoi ? (5)
La France recule recule et recule!
L\’ambassadeur français indésirable pour son arrogance va quitter le Niger comme les nouvelles autorités le demandent depuis des semaines.
La coopération militaire de la France avec le Niger prend aussi fin.
Les troupes françaises au Niger vont quitter le pays comme les autorités et les populations nigériennes l\’ont réclamé.
Les nombreux rassemblements des forces vives nigériennes contre les forces françaises et le blocus de l\’ambassade de France à Niamey ont eu raison de la politique de l\’autruche pratiquée par Paris.
Impossible de cacher le soleil avec la main. Les postures de Paris vis-à-vis des nouvelles autorités marquées par son soutien suicidaire au président déchu Mohamed BAZOUM l\’ont emportées.
Le président de la République française, Emmanuel MACRON l\’a annoncé, la mort dans l\’âme, au cours d\’un entretien diffusé sur les chaînes françaises, ce dimanche soir.
Dans la plupart des chroniques précédentes, il a été dit que les positions fermes de la France sur le dossier nigérien visant à faire la sourde oreille face aux exigences des nouvelles autorités nigériennes au prétexte qu\’elle ne les reconnaît pas étaient intenables…dans la durée.
Le déroulement des choses vont dans le sens de nos analyses. Il ne pouvait en être autrement.
Alors, le peuple nigérien, à ce stade, a des motifs d\’être fier d\’avoir \ »chassé\ » la France sans effusion de sang. Comme le putsch réussi par ses militaires.
Dommage pour BAZOUM !
La souveraineté se réclame à coup d\’actes que les chefs d\’État bercés au paternalisme ne franchiront pas de si tôt.
Or, l\’expérience nous montre que la France n\’a pu s\’imposer à aucun pays qui s\’est montré débout.
Et dire que ça ne fait que commencer.
La fin de l\’influence française sera pathétique pour une classe politique française condescendante, incapable de lire les évènements et d\’en trier les vraies leçons.
Chassées du Mali, du Burkina Faso, les forces coloniales françaises se sont repliées au Niger, elles vont plier encore bagages. Certainement, pour des contrées plus favorables où le paternalisme est devenu presque une religion.
Quelle soumission !
Mais, avec des bagages aussi lourds que porteurs de malheur, qui va s\’aventurer à mettre son régime à mal en les accueillant encore ?
Pendant ce temps, au Niger le régime s\’installe dans la durée. Une alliance militaire est scellée entre États sahéliens : Mali, Burkina Faso et Niger.
Le projet d\’intervention de la CEDEAO s\’éloigne. Sérieusement !
Le bloc des nouveaux \ »vagabonds de la démocratie\ » s\’est gravement fissuré.
Le Secrétaire d\’État américain, A. BLINKEN a tenté de ramener les va-t-en-guerre à la raison dans les couloirs des Nations Unies à New York sans succès, en marge de la 78è Assemblée générale.
Les Chefs d\’État de la CEDEAO présents et leurs plénipotentiaires ont décliné l\’offre. Sûrement, sur recommandations de leur maître.
D\’ailleurs, l\’attitude des Américains sur le dossier nigérien en dît long sur leurs désaccords avec la France. Les intérêts divergent, les ressentiments ne sont pas les mêmes.
En plus des Etats-Unis, un membre de la CEDEAO et non des moindres a étonné plus qu\’un observateur.
Sorti des huis clos envoûtants des Sommets de la CEDEAO avec leurs corollaires d\’espions postés dans la salle et dans les couloirs, le téléphone à l\’oreille, le Togo a annoncé à la face du monde sur la tribune des Nations unies où tous les \ »persécutés\ » des Sommets de la CEDEAO retrouvent subitement leurs esprits qu\’il n\’est pas partant pour une quelconque guerre au Niger.
Véritable coup de massue sur la tête des démocrates du dimanche qui perdent un soutien de taille et une force militaire indéniable.
En effet, les militaires togolais sont réputés bien formés et très aguerris aux combats.
Par ailleurs, les nouvelles autorités nigériennes ont interdit, à nouveau, tout survol de leur territoire…par les Français.
En résumé, la bataille du Niger pour retrouver sa souveraineté et faire le libre choix de ses partenaires est en bonne voie.
La constitution de forces dites d\’attente apparaît plus que jamais comme du bluff. Mais, elle aura le mérite de fédérer les opinions africaines contre la politique française. Montrer une autre facette d\’une institution sous régionale incapable de défendre les intérêts des peuples.
La position maximaliste voire jusqu\’au-boutiste de certains dirigeants de la CEDEAO dans le dossier nigérien qui s\’avèrent incapables de joindre le discours aux actes lui a porté un coup qu\’elle aura bien de mal à s\’en remettre.
Dommage qu\’une organisation sous-régionale qui avait pourtant quelques succès au plan de l\’intégration économique soit sabordée par ceux-là même qui devraient en faire la promotion. Et ce, au nom des intérêts qui ne sont pas les leurs.
Visiblement, la françafrique et la politique française en Afrique ne mourront pas seules.
Sinan KAMAGATÉ
