23 décembre 2019, trois ans après.
Le 23 décembre 2019, au terme d’une tournée européenne de plusieurs mois, Guillaume Kigbafori Soro et quelques proches embarquent depuis l’aéroport du Bourget (Paris-France) pour Abidjan. Candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2020, le président de Générations et Peuples Solidaires, mouvement créé en juillet 2019, entend, une fois arrivé à Abidjan, aller à la rencontre d´Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo pour apporter sa contribution à la baisse de la tension socio-politique dans une Côte d’Ivoire fortement déchirée par les clivages politiques.
Depuis les premières heures de la matinée du 23 décembre 2019, les partisans de GKS comme ils l’appellent, sont mobilisés pour lui réserver un accueil chaleureux. Dans les airs, Guillaume Kigbafori Soro ne s’imagine pas ce qui l’attend à Abidjan.
Après avoir donné son accord au comité d’organisation d’accueil de l’ancien président de l’Assemblée nationale, le pouvoir d’Abidjan déploie la nuit un dispositif militaire impressionnant, pour empêcher cet accueil populaire et mettre aux arrêts l\’ancien Premier ministre dès sa descente d\’avion.
Tous les endroits stratégiques d’Abidjan sont occupés par des milliers d\’hommes en armes. Les premiers partisans de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, qui s’aventurent dans la zone de l’aéroport sont violemment dispersés. Idem pour ceux qui font mouvement vers sa résidence de Marcory.
Devant l’impossibilité de se rendre à l’aéroport et à la résidence de leur leader, les militants de GPS affluent vers le siège de leur mouvement.
Pendant ce temps, les informations vont bon train, annonçant que l’appareil transportant le leader générationnel, au vu du déploiement militaire et des risques sur la sécurité de l\’aéronef et de ses passagers, n’atterrira pas à l’aéroport Félix Houphouët Boigny.
Ses militants à la recherche d’information seront situés par la conférence de presse du comité d’organisation sur la situation de leur leader.
Dérouté, l’appareil fera escale à Accra pour se ravitailler en carburant et s’envoler pour l’Espagne. Telle est l’information principale qui sort de la conférence de presse animée par l’ancien ministre des Sports Alain Lobognon.
Aussitôt avait-il fini sa conférence de presse qu’un détachement impressionnant d’hommes en arme prenait d\’assaut les locaux du siège de GPS pour procéder à l’arrestation de quinze cadres de Générations et Peuples Solidaires. Le siège du mouvement est transformé en zone de guerre, les partisans de Guillaume Kigbafori Soro venus s’enquérir des nouvelles de leur président sont violentés par les hommes en armes masqués de cagoules. Les personnes interpellées sont conduites à la DST puis à la MACA.
Dans la foulée de ces arrestations, le procureur de la République lancera le même jour, un mandat d’arrêt contre Guillaume Kigbafori Soro pour tentative d’atteinte à la sûreté nationale.
Les sympathisants de l’ancien secrétaire général de la Fesci à Abidjan sont soumis à une véritable chasse à l\’homme dans la ville d\’Abidjan. Devant la traque qui ne cesse de s’accentuer, ceux-ci sont obligés de basculer dans la clandestinité ou denvivre une vie d’exilés dans leur propre pays.
Contraint à l’exil avec certains de ses proches, Guillaume Soro sera jugé et condamné à perpétuité le 23 juin 2021 lors d’un procès très médiatisé qui a eu du mal à masquer son caractère politique. Ses compagnons dont Koné Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul, Affoussiata Bamba Lamine, Issiaka Fofana, Moussa Touré ainsi que plusieurs éléments de sa garde rapprochée sont condamnés également à 20 ans.
Trois années après, Guillaume Kigbafori Soro et ses partisans sont loin d’abdiquer. Courageux, ils ne manquent aucune occasion pour faire montre de leur conviction et leur détermination à contribuer la lutte politique contre le régime Ouattara.