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Tomety: \ »Les dictateurs africains se déguisent en démocrates pour conquérir le pouvoir la première fois et les autres fois, seule une révolution populaire ou militaro-populaire les chasse\ »

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Professeur Simon-Narcisse TOMETY

Dictature de développement et démocratie de développement : ce que je crois.

Quand on parle de développement, on parle de sécurité humaine. Mais cette approche holistique de la sécurité repose sur la capacité pour un Etat à réduire son niveau de dépendance de l\’extérieur dans chaque secteur et ce, d\’un cycle programmatique à un autre pour renforcer progressivement son autonomie et réduire sa vulnérabilité culturelle, technologique, économique mais aussi sa vulnérabilité aux changements climatiques. L\’enjeu du développement c\’est d\’améliorer les modes de vie ou la vie quotidienne d\’un peuple. Tout autre réponse est fausse et trompeuse.

La clé du développement c\’est la souveraineté du peuple qui est le pouvoir d\’autodétermination le plus fort permettant à chaque Etat de disposer d\’institutions fiables et stables pour gouverner selon des standards internationaux afin que les progrès et les involutions soient comparables et apprenants pour les Etats.

Même si les Etats n\’ont pas d\’amis et n\’ont que des intérêts donc de l\’opportunisme optionnel, la raison d\’être d\’un État, c\’est le peuple; c\’est cette communauté de personnes d\’un pays qui est le seul vrai et inséparable ami de l\’État. C\’est là que le débat entre dictature et démocratie devient un choix politique par rapport au Nexus Paix – Développement humain.

Dans la dictature, on utilise l\’État contre son peuple et on décide seul avec son clan, en fusionnant toutes les institutions notamment la cour constitutionnelle, le parlement, la cour des comptes, les tribunaux d\’exception et l\’administration publique.

La dictature est un système de couvent (champs des secrets et des opacités) et d\’étuve ( chaleur et violence) ancré dans un fonctionnement d\’État de non-droit ou de l\’Etat qui fonctionne sur la base de privilèges substantiels pour les membres du système dictatorial et le groupe des griots et griottes.

Les dictateurs considèrent qu\’ils sont élus et nommés pour apporter le développement et font tout en mode de monopole. Ils choisissent ceux qui peuvent porter le masque d\’opposants, le masque de contrôleurs publics, le masque de juges indépendants, le masque d\’opérateurs économiques indépendants, le masque de fonctionnaires indépendants. C\’est un cercle vicieux avec une apparence d\’une beauté attrayante.

La dictature tue la liberté, tue l\’humain en l\’homme (sa foi et sa spiritualité), tue physiquement et chosifie par le clientélisme. Voilà pourquoi, les dictateurs africains se déguisent en démocrates pour conquérir le pouvoir la première fois et les autres fois, seule une révolution populaire ou militaro-populaire les chasse.

On est un dictateur déguisé pour conquérir le pouvoir et dans l\’exercice du pouvoir la gouvernance autocratique devient l\’évidence qui s\’impose parce qu\’on dispose désormais des attributs de l\’État pour dominer, mater et humilier : le parlement pour produire des lois-drones, les forces de défense et de sécurité, les tribunaux, les maisons d\’arrêt et les cimetières parce que dictature rime avec brutalité et tueries pour faire peur et taire.

C\’est quoi la démocratie en fait?

Ce sont les juristes et les politiciens qui ont vidé le mot démocratie de sa symbolique, de son ingéniosité créatrice, de son humanisme et de sa vitalité.

Les juristes ont galvaudé et miné le concept et son mode opératoire. Ils ont une conception trop politique de la démocratie et à force de faire peur aux politicards et affairo-politiciens, ce mot à été dévoyé parce que les politicards et les commerçants véreux spécialisés dans la prédation de deniers publics en toute impunité, on finit par recevoir la clé de l\’anéantissement des institutions et de l\’administration publiques à ceux qui ont déjà des prédispositions innées ou acquises pour la dictature ou les champions des passages en force. Rien à cirer avec la volonté du peuple disent les dictateurs et il faut dresser ce peuple comme des chiens. C\’est ce qu\’on appelle la confiscation du pouvoir d\’État.

La démocratie part du postulat que toute chose humaine requiert la complémentarité, les intérêts divergents à négocier, des organes interdépendants pour former l\’organisme, de la synergie sociale ou interaction positive, la solidarité afin que chacun y trouve son compte. On parle alors de la démocratie de sécurité humaine fondée sur le dialogue, la coproduction, la compassion et le partage au prorata de l\’effort de chacun.

Là où la dictature exploite à son profit, la démocratie promeut le partage basé sur l\’effort et l\’obligation de chacun dans la coproduction transformatrice pour imposer la dignité autour des besoins fondamentaux de l\’homme et la justice sociale.

Mais pour réussir ce pari de l\’efficacité du développement, il faut des règles du jeu (ordonnancement juridique et éthique), des procédures claires, de la pédagogie non non-violente, de la responsabilisation, du contrôle de qualité et de la cogestion pour plus de transparence. Voilà pourquoi, la démocratie n\’est pas que politique, elle sociale, économique, culturelle. Quand on dit qu\’on ne peut pas être juge et partie c\’est de la démocratie.

Quand on exige le contrôle parlementaire de l\’action gouvernementale c\’est de la démocratie car le pouvoir législatif représente le peuple et non un président de la république.

Quand dans une administration fonctionnent un comité de direction, un conseil de gestion avec les syndicats ou un conseil d\’administration d\’une organisation de la société civile sociale ou économique, des assemblées générales de personnels, on parle de management directorial (esprit et dynamique d\’équipe) à ne pas confondre avec le management didactorial.

Partout, où un système est fondé sur le respect de la vérité, de la différence, de la fertilisation croisée et de la synergie, un tel système est forcément démocratique. Nul n\’est une île, le contraire n\’est qu\’une illusion.

La dictature a besoin d\’un Etat arbitraire pour exister, la démocratie a besoin d\’un peuple participatif pour engendrer le développement approprié par lui. La dictature gaspille dans la grandiloquence, la démocratie travaille sans agitation sur les primordiaux et les fondamentaux d\’un peuple à chaque stade de son évolution. La dictature est agitée et la démocratie est apaisée.

Partout où on développe des stratégies pour compromettre la paix, l\’offre publique n\’est alors qu\’un faux développement. En français facile, ce type développement n\’est pas approprié, il ne représente alors qu\’une garniture contemplative du pays. Quand l\’appropriation du développement est ratée, le pays s\’endettent pour la transformation physique et non pour la transformation de la condition humaine.

La dictature imposant la culture de méfiance, la démocratie crée et entretient les relations de transparence et de confiance. Là où la dictature rime avec l\’exclusion au nom des rapports de force à son profit, la démocratie cultive la fraternité et inclut. La dictature est basée sur le clanisme, le régionalisme, le pouvoirisme et l\’affairisme alors que la démocratie à pour ligne directrice la fraternité, la justice, le travail partenarial et le partage.

La dictature est monopolistique et violente avec un abus systémique alors que la démocratie est la thérapie qui soigne les vices et les pathologies des dictatures. C\’est pourquoi les dictateurs et les démocrates ne peuvent jamais s\’entendre parce que le dictateur est dans les abus de pouvoir et se croit au-dessus des lois. Le démocrate obéit à la loi et quand il commet une faute il se soumet à la rigueur de la loi.

Dans les pays de dictature, les institutions judiciaires appartiennent à la dictature pour organiser l\’injustice alors que dans la démocratie, ces institutions constitutives de la puissance publique ou de l\’État raisonnable appartiennent au peuple.

Voilà pourquoi nous préconisons l\’éducation coopérative dans les systèmes éducatifs et d\’apprentissage afin que la démocratie imprègne le système culturel africain pour faire taire les armes en vue d\’une paix durable pour stabiliser les Etats et engager un processus de développement humain durable qui conforte la paix dans le monde. Tant que l\’horloge dictatoriale continuera de sonner en Afrique, les armes ne se tairont jamais.

Le chemin de l\’espérance c\’est la démocratie de développement et non la dictature de développement.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY

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