L\’Afrique noire : le Nègre, l\’instruction et les délices du pouvoir d\’État
Regardez comme les gens s\’autorisent tout quand ils sont tentés par les délices du pouvoir. Ils courent à droite, à gauche, en haut et en bas, rien que pour le pouvoir d\’État. Ils forcent sans ménagement pour avoir le pouvoir parce qu\’ils sont incapables d\’avoir un peuple éduqué et souverain qui prépare qui doit le gouverner et qui est disqualifié pour être son leader.
Alors la conquête du pouvoir devient un jeu des Kaletas avec ces gens masqués appelés candidats arroseurs de promesses démagogiques et de corruption électorale à ciel ouvert. Après, c\’est pour véhiculer ce dicton de concentration d\’inepties : un peuple a les dirigeants qu\’ils méritent.
Qui a éduqué ce peuple pour identifier ceux qui recherchent le pouvoir d\’État pour leur développement personnel avant de penser à l\’intérêt général et au bien commun ?
Pourquoi on gonfle les salaires politiques et on torture les travailleurs et la population en les soumettant à la règle de \ »qui dort dîne\ »? Paraît-il que les salaires politiques sont une disposition proactive contre l\’addiction à la prédation de deniers publics et à la corruption. Paraît-il vraiment ! Une blague désolante assurément!
Quels sont alors les impacts d\’une telle disposition sur les territoires et les populations, autrement dit, les retombées immédiates, les retombées à moyen terme et les retombées à long sur les institutions, les administrations, les citoyens et l\’image du système de gouvernance au niveau des électeurs et à l\’international?
Si vous recherchez le pouvoir que pour dialoguer à la veille des élections et après vous transformez les populations en mouches et moucherons que vous chassez avec votre chasse-mouche, vous serez déconnectés de la réalité du pouvoir d\’État pour basculer dans un pouvoir personnel d\’essence autocratique.
Voilà ce qui égare les gens qui recherchent à tout prix le pouvoir pour montrer qu\’ils sont désormais des chefs importants, incontournables et sauveurs. C\’est très africain cette conception féodale du pouvoir d\’État.
On a le pouvoir pour être au service de son peuple et pour un temps déterminé. On n\’a pas le pouvoir pour imposer sa seule volonté à son peuple. C\’est pourquoi le comportement du chef doit être encadré par des permissions, des restrictions et des interdictions. Le chef doit incarner la vertu et vibrer en éthique. Un vrai grand chef n\’est jamais menaçant et pour peu de contradictions qui le met mal à l\’aise, ordonne de sortir des engins de guerre pour les mettre en position de combat contre ses propres concitoyens.
Tout pouvoir de l\’homme, aussi puissant soit-il, finit parterre et peut-être dans le sous-sol en fonction de la structure du sol. Certains sont emportés par les eaux de ruissellement. Rien ne vaut l\’humilité. C\’est fondamental d\’être un peu humble pour la conduite des hommes-sauvages que nous sommes tous vers l\’humanisme.
Si vous avez le pouvoir pour dominer vos conseillers visibles et occultes devenus malades du syndrome de Stockholm, c\’est que vous aimez gouverner seul. C\’est cela l\’autocratie qui évolue ensuite vers la dictature.
L\’autocratie c\’est le pouvoir qui incite à vouloir décider sur la base de ses propres certitudes en se méfiant des conseils des acteurs de sa propre chaîne décisionnelle.
La dictature c\’est l\’addiction au culte de la personnalité et de la violence légitime.
On peut être autocrate sans être dictateur. L\’autocratie est intellectuelle et spirituelle traduisant souvent un amour-propre démesuré et peu de confiance à ses proches collaborateurs. Un autocrate aime qu\’on trouve qu\’il est doué mais en fait, c\’est un complexe de supériorité qui est plus tributaire de sa posture institutionnelle et sociale. Il est loin d\’être un grand intelligent. Incapable de pratiquer la fertilisation croisée, il ne supporte pas d\’être contrarié car en tout il doit être perçu comme le plus performant.
Quand l\’autocrate devient dictateur après avoir franchi l\’étape du technocentrisme, alors il concentre tous les abus : abus de pouvoir, abus d\’autorité, abus de confiance, abus de biens sociaux et abus de langage et de regard pour jouer au fureur que tout le monde doit fuir pour sauver sa vie.
Le pouvoir d\’État ne transforme personne. C\’est ce que vous avez toujours été qui se développe en bien et en mal en fonction de votre statut à un moment donné. C\’est pourquoi, chaque citoyen et tout peuple doivent faire une enquête de moralité pour démasquer tout candidat à une élection avant de prendre une décision de voter pour ou contre.
Quand on vote dans le cadre d\’un scrutin de liste ou d\’un candidat individuel sur la base de considération ethnique, régionaliste, religieuse ou liée à la corruption électorale monétaire, c\’est que vous êtes chosifiés pour voter bêtement. L\’éducation à la citoyenneté c\’est pour vous éviter d\’être un irresponsable et un vendeur de votre part de souveraineté.
Le bon sens, la sincérité et le respect de la discipline collective ne sont des prédispositions spécifiques d\’aucun continent.
Le vrai problème en Afrique c\’est le manque de sérieux et de constance chez l\’Africain. Il est trop volatile et davantage quand il a fait de hautes études et transforme les savoirs acquis en source de pouvoir pour prendre la place de l\’esclavagiste et du colonisateur.
Les vrais néocolonisateurs d\’aujourd\’hui sont (i) les faux partis politiques affairistes avec à leurs têtes des gens corrompus et spécialisés dans le siphonnage des caisses de l\’État en toute impunité, (ii) les sociétés multinationales expertes en corruption et surfacturation, (iii) les gouvernements peu ou pas patriotes et non compassionnels à l\’égard de la misère de leurs peuples, (iv) les opérateurs économiques véreux du pays pour qui l\’accumulation de fortune passe avant l\’intérêt général et (v) la haute administration qui refuse de quitter le berceau de la république afin de se faire biberonner par les quatre autres catégories d\’acteurs.
L\’Africain n\’a pas une culture assez mature ni au niveau de sa foi, ni au sujet ses convictions.
L\’Africain, surtout l\’homme noir, est le plus instable du règne humain, ce qui pose un profond problème de sa fiabilité et de sa moralité. Cette instabilité fait que ses actes ne s\’inscrivent jamais dans le long terme. Il est trop pressé d\’amasser des biens matériels au point d\’oublier qu\’il est venu au monde et qu\’il repartira sans rien.
Quand le pouvoir d\’État devient une fascination, on finit toujours dans le caveau de la vanité. Il faut éviter d\’en arriver là car la vanité qui est le seuil irréversible de l\’orgueil est une poison lente très dangereuse.
Ce qui se passe au Bénin, c\’est la synthèse de ce que vaut intrinsèquement le vrai Africain, surtout sur le terrain politique. Il court après le pouvoir et quand il y parvient, il a peur que le pouvoir le lâche : la fascination du pouvoir.
Cette vue courte de la vie humaine démontre simplement que nous ne sommes pas sages.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY