Tomety: \ »Le président américain peut s\’offrir ce luxe sécuritaire mais pas ces pauvres présidents africains qui n\’ont aucune industrie d\’armements de guerre\ »

Les présidents immortels d\’Afrique : essai sur la protection surmilitarisée de leur addiction au pouvoir délicieux d\’État

Après avoir vu la vidéo scénique des dix chefs d\’État les plus protégés de l\’Afrique, je me dois de partager avec vous quelques réflexions de philosophie politique et d\’économie politique de la sécurité.

Les présidents les plus protégés sont en même temps les plus vulnérables et ils le savent. Ils doivent leur popularité à la puissance des armes dont ils se servent avec l\’argent du peuple souverain pour lui faire peur. Quand un chef d\’État est aimé par son peuple pour son travail et ses valeurs morales et éthiques incarnées, le peuple devient le premier agent de renseignement et le principal protecteur de celui qu\’il a élu légitimement ou par défaut. Quand un élu du peuple n\’est qu\’un chef auquel tout le monde obéit, c\’est que celui-là ne sera jamais ni un vrai manager ni un authentique leader.

En Afrique, nous élisons des masques empilés et non des gens que nous connaissons de capacités intrinsèques. La démagogie est le piège des peuples vite séduits par la grandiloquence des propositions de projets de bien-être collectif.

Certains chefs d\’État sont hyper sécurisés mais ont perdu le pouvoir par un coup d\’État militaire. D\’autres ont peur de leurs peuples et ne font pas confiance aux FDS de la république.

Ce qui est bien, on peut mourir par le feux des armes, par la dégénérescence biologique et physiologique ou même sous l\’effet d\’une crise cardiaque parce qu\’on a peur en permanence de perdre le pouvoir. Le stress du pouvoir tue plus vite au pouvoir que le fusil et la sorcellerie.

Protéger ou pas, tout finit par un corps qui sera déposé dans une tombe ou fosse de protection qui n\’est rien d\’autre qu\’une compostière de l\’homme et de tout homme. On dira qu\’ici gît non plus un nom, un visage et un alliage de titres mais du fumier prêt à l\’usage au lieu d\’importer des engrais chimiques de Russie et d\’Ukraine pour acidifier nos sols.

Personne ne nous dira le coût journalier de ce gâchis économico-securitaire d\’une surprotection d\’un président ou d\’un monarque pendant que les mouvements rebelles et les groupes terroristes allument partout des brasiers, tuent, violent et pillent avec une faible puissance de feu des armées républicaines.

On préfère protéger un président de la république avec un sureffectif de soldats suréquipés que de les mettre à la disposition des soldats au front.

Le président américain peut s\’offrir ce luxe sécuritaire mais pas ces pauvres présidents africains qui n\’ont aucune industrie d\’armements de guerre dans leurs pays et font exploser les dépenses militaires pour l\’éloge de la fuite de responsabilité sociétale de l\’État.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY