Est-ce que nos chefs savent enchanter ou excellent dans l\’enchaînement ?
Quand je regarde devant et derrière, je note que je ne suis porteur d\’aucune chaîne comme ce fut le cas du temps de mes ancêtres jusqu\’à leurs révoltes. Pour sauter toutes vos chaînes et rester des hommes libres et indépendants, il ne faut accepter de personne la clochardisation de vos pensées. Elles dérivent de votre esprit par une synthèse de vos inspirations et aspirations. L\’enchaînement commence quand naïvement vous autorisez les autres à contrôler votre mental, le siège de vos pulsions du bien comme du mal.
L\’homme s\’affranchit d\’abord par sa pensée avant d\’amorcer le chemin de son émancipation. Mes premières lectures qui ont façonné mon esprit au début des années 80 portaient sur l\’émancipation des peuples colonisés et mon maître à penser fut Felicio Balbo. Je n\’accepterai de personne que ce garrot me soit remis au coup à nouveau. Ceux qui aiment l\’Afrique avec fierté doivent passer ce message à tous les dictateurs africains. Un vrai dictateur affronte par les idées et non par les armes avec des tortures morales et économiques de leurs compatriotes. Nous disons non à l\’oppresseur.
Nous devons déboulonner à tour de rôle, tous les dictateurs qui sont à la tête de nos pays, surtout ces dictateurs qui s\’amusent avec la vie des autres. Nous attendons la repentance de chacun de nos dictateurs qui sucent nos sangs comme des sangsues. Les dictateurs et leurs juristes aux ordres sont à la base du malheur de l\’Afrique car ils poussent les populations et certains intellectuels à se radicaliser.
A force d\’user de la brutalité dans l\’exercice du pouvoir, certains vous résisteront. Que cela soit clair à tous ceux qui pensent que la vie de la société se limite à quelques infrastructures et aux réformes publiques de façade. Lorsqu\’un peuple n\’adhère pas une réforme c\’est du temps perdu y compris pour la maintenance durable des infrastructures. En déresponsabilisant les populations, vous fragilisez la démocratie locale, la gouvernance locale et le développement local.
Pourquoi doit-on impérativement enchanter le peuple et le responsabiliser?
Pour enchanter un peuple ou même un groupe jusqu\’à l\’émerveillement, il faut savoir CHANTER sur le chantier de l\’humanisme.
Beaucoup veulent le changement mais peu sont capables d\’affronter la RÉSISTANCE AU CHANGEMENT alors la seule méthode à leur portée c\’est la dictature. C\’est ici et maintenant l\’occasion de manifester toute notre admiration au Président Mamadi Doumbouya, un homme méthodique et rigoureux qui avec son équipe gouvernementale ont choisi de sortir la Guinée des excavations de la magouille et de l\’appauvrissement d\’une Guinée ingénieusement débarrassée d\’un dictateur corrompu, violent et auteur d\’un coup d\’État constitutionnel.
L\’homme ne change que par son émerveillement et c\’est le fondement du développement du capital humain. Alors chanter ce n\’est pas une affaire de belle voix avec une musique symphonique. La voie du chef autoritaire n\’est ni symphonique ni harmonique et ne peut nullement être une source de motivation, d\’enchantement et d\’émerveillement. C\’est par la mélodie du coeur qu\’un chef se crédibilise sans quoi, il sera toujours diabolisé et tout le monde sera hypocrite autour de lui jusqu\’à sa descente aux enfers.
Pourquoi les peuples ou tout groupe jubile à la chute d\’un chef dictateur ou autoritaire? C\’est un bon débarras qui libère les poumons permettant au peuple de respirer après tant de temps d\’essoufflement. Personne ne doit enfermer son peuple dans une étuve asphyxiante.
La mélodie du vrai chef vient de sa compétence systémique et de son courage à supporter la remise en cause de ses choix. Un chef n\’est nulle part un Dieu et son intelligence doit être le produit de synthèse des intelligences de son peuple et de ses collaborateurs.
Mais, nos chefs africains sont des tueurs de talents de leurs compatriotes et adorent les béni-oui-oui, une attitude irresponsable et contreproductive de nombreux collaborateurs.
Je ne serai jamais une marionnette dans ma vie. Mes accords et désaccords ne seront jamais dissimulés, je dois les exposer.
Comment être acteur de l\’éducation à la citoyenneté si vous êtes incapables d\’assumer vos idées et vos positions. Il faut apprendre à ne s\’accrocher à rien. Vouloir jouer au crochet, on devient soi-même une clochette sans mélodie. Si Alpha Condé avait compris, il se serait retiré par la porte de l\’honneur.
Les vrais chefs sont rares.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY