Pas de responsabilité sociale sans audit social
Si l\’audit financier et comptable reste la passion des régimes politiques, ceux-ci oublient souvent l\’importance de l\’audit social pour connaître l\’état d\’esprit de leurs peuples. C\’est pourquoi, neuf fois sur dix, les réformes publiques sont inadaptées, combattues et réformées faute de consistances humaines. L\’homme n\’est pas une pièce comptable, il n\’a pas une valeur monétaire. Il a une valeur sociale et un état d\’esprit.
Vous confiez des réformes publiques à des gens qui n\’ont qu\’une conception comptable du développement, ils vous produiront le miracle des papiers mais pas le miracle qui améliore le coeur et la conscience de l\’homme. Les chiffres ne voient que la non qualité débouchant sur la répression du voleur.
Restaurons l\’audit social dans tous les secteurs et chaque commune. Ainsi, la gestion sociale sera moins conflictuelle et moins suspicieuse.
L\’audit social conduit à l\’expression plurielle des opinions et des recommandations des personnes qui subissent les répressions psychologiques des mesures de \ »bonheur\ » qu\’on impose considérant que les autres n\’ont pas l\’intelligence pour savoir ce qui est bien pour eux. Cette approche messianique est caduque, hélas ! Plus personne n\’en veut dans l\’Afrique d\’aujourd\’hui.
La gouvernance participative est notre voie du salut collectif et de la résilience.
Nous qui avons eu la chance de faire de longues études ou d\’occuper des positions privilégiées dans la chaîne décisionnelle de l\’État, nous avons une conception biaisée de la puissance publique.
Les bonnes idées de réformes publiques échouent lamentablement à cause de la suffisance de nombre de porteurs de réformes non initiés en pédagogie de changement social. La brutalité administrative avec l\’insémination de la peur, et l\’usage biaisé des réseaux sociaux pour expliquer des réformes renforcent les processus d\’échec des projets de changement. Une autre source d\’échec des réformes c\’est la déresponsabilisation des centres secondaires de pouvoir pour une hyper centralisation de la décision publique.
A force de traiter ceux de la périphérie comme des champions d\’usage de faux et de la corruption, leur adhésion aux réformes est de façade : \ »ils n\’ont qu\’à faire on va voir, puisque c\’est eux qui connaissent tout plus que tout le monde et sont les plus sains et sans tâches\ ». Combien de fois, n\’entendons-nous pas de tels propos.
Hélas, nos réformateurs foncent les têtes baissées. Ils ont le pouvoir et les pouvoirs.
Seulement, sans la recherche de comportement plus coopératif et décomplexé avec une certaine implication plus osée des acteurs sociaux dans chaque réforme sectorielle les concernant, une réforme de chaque réforme s\’imposera tôt ou tard. Et ce serait du temps perdu, de l\’argent gaspillé et des rendez-vous manqués avec le progrès.
Ici, c\’est le Bénin qui nous intéresse et la passion pour l\’Afrique qui nous interpelle. Avançons !
professeur Simon-Narcisse TOMETY