Les batailles du destin : rien n’est acquis, rien n’est perdu, rien n’est désespéré, tout se répare et s’enrichit
Paraît-il qu’il existe trois mondes dans le règne humain sur la base du critère de vulnérabilité :
- Le monde de ceux pour qui tout réussit ;
- le monde de ceux qui ont autant une probabilité de réussite que d’échec ;
- le monde de ceux à qui rien ne réussit.
Le premier monde est celui de ceux qui ont accumulé assez de fortunes et seraient à l’abri de toute vulnérabilité ; le second monde est celui de la classe moyenne avec sa vulnérabilité relative et le troisième monde appartient aux pauvres dont la vie quotidienne reste un défi permanent pour sortir d’une vulnérabilité à la fois systémique et structurelle.
Il s’ensuit que le destin de l’homme est une programmation naturelle à la réussite fulgurante, à la réussite relative et à l’absence de réussite. Probablement que cette classification a inspiré les théoriciens du bonheur et du malheur, du bien-être et du mal-être.
Et pourtant, à observer de près les trois mondes, chacun fait l’expérience du bonheur et du malheur, de la bienveillance et de la malveillance, du bien-être et du mal-être.
Un sage africain par expérience nous disait que le destin de l’homme n’existe que dans l’aspiration aux mieux-être car, qui n’engrange que des succès a dû tricher plusieurs fois pour réaliser cet exploit.
En revanche, si la nature est exploitée harmonieusement et sans orgueil de succès solitaire et sans esprit de domination, le monde vivrait sans compétition et chacun y trouverait son compte car personne n’effectue le voyage outre-tombe avec les biens et les titres accumulés.
Pour William Jennings Bryan, « Le destin n’est pas une question de hasard, c’est une question de choix ». Cette appréciation rejoint celle de Marie Curie : « Je vaux ce que je veux » car le choix porté par la volonté est le chemin de réalisation de soi et une telle réussite ne pouvant qu’être synergique,
Alain Girard, parlant de réussite sociale, aura raison de considérer que derrière le succès de chacun, il y a des contributeurs visibles et invisibles à ce succès, et derrière chaque échec, il y a aussi le manque d’ambition et la paresse de soi-même, la jalousie de ceux qui n’ont pas intérêt que vous deveniez une meilleure personne.
La réussite et l’échec obéissent à un système de va et vient vertical et pendant que vous cherchez à monter, il y a des gens organisés en pensées et en actions pour vous tirer vers le bas.
Corrélativement, celui qui est en bas aspire à monter et celui qui est en haut est destiné à descendre soit conventionnellement soit forcé à chuter pour non respect des lois de la nature et de la convention sociale.
Le destin n’est pas l’arbre aux bonheurs des rêves accomplis dont les fruits vous attendent pour être cueillis à chaque étape de votre vie, ce qui est appelé chez les Fon du Bénin “Tâ dagbé” ou tête d’attraction de chances. Le destin n’est pas non plus une programmation évidente d’échecs tout au long de sa vie et devant attirer et accabler de malchances une personne considérée comme une tête morte ou infructueuse, ce que les Fon appellent aussi “Tâ gnangnan ou Tâ koukou”.
En Afrique, tout discours sur le destin renvoie à une fatalité réversible ou irréversible. Pour les croyants, la solution passe par le redressement du sort mais pour les agnostiques, le redressement vient de soi-même.
En définitive, rien n’est acquis, rien n’est insurmontable, rien n’est perdu et il n’y a que l’effort comme thérapie pour avoir sa part de réussite sur cette terre des hommes.
A cette fin, la volonté, la discipline et le travail sont les vraies valeurs d’accomplissement pour l’épanouissement de l’être humain débarrassé de tout instinct de recherche et d’accumulation effrénées de biens.
Il faut se battre, vu que rien n’est gagné d’avance et rien n’est perdu encore, tout est rattrapable par (i) la détermination pour braver des obstacles, (ii) le prix du sacrifice qu’on est prêt à payer pour sortir de l’enlisement et assurer son autonomie, (iii) l’effort quotidien pour dompter sa liberté de choix et de décision.
La conscience qu’il faut pour apprendre à réussir tout en comptant tant sur soi-même que sur les autres vous convie à l’obligation de chercher à détecter les personnes qui n’ont pas intérêt que vous réussissez et envers celles-là, il faut se méfier de partager avec elles vos idées de projet. Qui peut voler vos idées de projet sont vos premiers assassins, les premiers à vous trahir.
Soyez très vigilants car c’est en vous tirant vers le bas avec leurs dents blanches de parfaits hypocrites, que vos défiants se tirent vers le haut en bloquant votre ascenseur au rez-de-chaussée.
Il n’y a de destin que des combats permanents à livrer toute sa vie contre ses imperfections et ne laissez personne se substituer à vous. Assumez vos échecs, et plus vous percez les secrets de vos revers, plus vous êtes proches des solutions efficaces. Alors, il n’y a point de résilience pour celui qui a le découragement à fleur de peau.
Pour l’essentiel, soyez honnêtes dans votre cheminement vers le succès et tournez le dos aux facilités compromettantes car les raccourcis et les forcings sont de fausses poussées vers la gloire.
Que votre meilleure réussite ne soit pas le fruit de la chance ou du hasard mais le résultat de votre attachement à des valeurs qui portent votre identité remarquable avec la bénédiction des forces célestes bienveillantes.
Une chose est déterminante dans tout cycle de vie humaine :
- il n’existe pas d’homme sans vulnérabilité ;
- le destin, c’est la prise de conscience et la gestion de ses vulnérabilités ?
Le destin c’est la gestion de ses rêves et aspirations par la patience dans l’action, sans paresse et sans fatalisme mais avec forte volonté de braver les obstacles sans escalader le mur de l’éthique.
Simon-Narcisse TOMETY
