Discours sur l’état de la nation : il est temps de donner les repères à suivre
Le peuple est destinataire de tout discours prononcé en son nom. A ce titre, aucun citoyen responsable ne doit être étranger à son contenu et à sa forme narrative, surtout lorsqu’il participe d’un exercice annuel et solennel de reddition de comptes.
Force est de constater que ce discours sur l’état de la Nation s’est transformé aux faits marquants avec des allusions provocantes aux régimes précédents. Un discours court peut autant égarer l’esprit si la part de la polysémie renvoie à trop de devinettes qu’un long discours qui peut aussi induire une lassitude.Il y aura toujours des choses à ovationner pour rehausser l’éclat de la messe au temple.
Quel est le problème qui se pose?
Il y a une confusion sémantique persistante entre le discours sur l’état de la nation et les faits marquants de l’année, ce qui crée assez d’amalgames au niveau des rédacteurs, des autorités qui les délivrent et les personnes qui les commentent.
Concernant le discours sur l’état de la nation en particulier, il est important que le gouvernement ouvre un débat public sur les attentes des citoyens sur son objet, son objectif et ses déterminants.
Aucun des discours sur l’État de la nation ne comble les attentes depuis 2006 et les seules différences entre les 19 discours dont 10 du président Boni Yayi et 09 du président Patrice Talon se situent au niveau (i) de la longueur variable des discours, (ii) de la personnalité des deux chefs d’État notamment le degré d’autosatisfaction, aucun système ne renseignant sur la satisfaction des populations, (iii) de la qualité des propos introductifs du président de l’assemblée qui peut être conforme à un rituel ou un à un anti-rituel d’une cérémonie de grande solennité, (iv) du niveau de manipulation des députés de la mouvance présidentielle pour déclencher l’applaudimètre.
Pour le dixième et dernier discours sur l’état de la Nation, il est indexé sur le budget général de l’État de l’exercice 2025. Nous souhaitons vivement qu’il se distingue du bilan des 10 ans de pouvoir du régime de rupture et de nouveau départ dont se servira son dauphin.
La sociogenèse du discours sur l’état de la Nation se rapporterait au *discours prononcé le 9 juillet 1849 par Victor HUGO et intitulé *DÉTRUIRE LA MISÈRE*, la misère étant une maladie du corps social comparable à la lèpre, au choléra… Ce qui suppose que *les faits* qui caractérisent la misère sont bien identifiés et des réponses précises y sont apportés à travers les urgences nationales de chaque année.
La misère posant un problème de sécurité humaine, le rapport du PNUD de 1994 peut être une entrée dans le traitement de la misère de chaque dimension de cette approche holistique de la sécurité humaine.
- Quels sont les avancées et les défis dans le traitement de chaque type de misère du peuple béninois en 2024.
La misère se répand mais la partie côtière du Bénin devient incontestablement beau.
- Quelle est la part du budget général de l’État qui va à l’éradication de la misère ?
- Dans les ovations des députés, quelles sont les misères traitées avec satisfaction pendant les neuf ans qui rendent irréversible le chemin du développement humain au Bénin ?
Le débat est ouvert sur le lien entre misère, budget général de l’État et discours sur l’état de la Nation.
Simon-Narcisse TOMETY