𝐀 𝐥’𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐒𝐡𝐲𝐚𝐦𝐚𝐥𝐚, 𝐥𝐚 𝐟𝐮𝐥𝐠𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐜é𝐞 𝐝𝐞 𝐊𝐚𝐦𝐚𝐥𝐚
(Vous rendrez service à leur estime de soi en faisant lire ce texte aux jeunes filles, aux femmes, aux parents de filles et à tous ceux qui rêvent de justice sociale).
Le 11 août 2020, par un simple tweet, Joe Biden annonçait son «grand honneur d’avoir choisi Kamala Harris, une lutteuse infatigable aux côtés des petites gens et l’une des femmes les plus engagées du pays, pour être sa colistière.» Près de quatre ans plus tard, le 21 juillet 2024, le 46ᵉ président des États-Unis décide de se retirer de la course pour la prochaine présidentielle et, dans un message subséquent, apporte un soutien sans réserve à sa vice-présidente. «Aujourd’hui, je veux offrir mon soutien total à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année. Démocrates, il est temps de s’unir et de battre Trump. Faisons-le.»
Dès le lendemain, ActBlue, le groupe de levées de fonds démocrates, annonça avoir enregistré sa plus grosse collecte en une seule journée. Si l’on ne devrait retenir qu’une chose du parcours de Kamala, c’est que l’ancienne procureure générale de Californie a prouvé sa résilience et sa force de caractère. Mais d’où puise-t-elle son obstination ?
Toute pionnière s’édifie à l’école d’un «role model», tout en traçant son propre chemin. Tel un alpiniste, pour grimper au sommet, un piolet d’appui est nécessaire, de même qu’une boussole, gage d’une orientation, la plus sincère. «Ma mère, Shyamala Gopalan Harris, était une force de la nature et la plus grande source d’inspiration de ma vie. Elle nous a inculqué, à ma sœur Maya et moi, l’importance du travail acharné et de croire en notre pouvoir de changer ce qui ne va pas.» Ainsi Kamala Harris levait-elle un coin de voile sur sa recette, sur Instagram en 2020. Le mérite de l’ascendance, l’effort en prééminence, faisant du hasard un leurre des circonstances, suis-je tentée de déduire. De fait, l’héroïne indienne, Shyamala Gopalan, aurait façonné l’avenir de ses filles, avec toute la témérité qu’il faudrait à cette immigrée, venue faire un doctorat d’endocrinologie aux Etats-Unis en 1960.
𝐌𝐢𝐥𝐢𝐭𝐚𝐧𝐭𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐝è𝐬 𝐥𝐞 𝐛𝐞𝐫𝐜𝐞𝐚𝐮
L’histoire familiale repose sur une légende bien connue : elle commence avec des parents poussant leur fille dans un landau alors qu’ils défilent pour les droits civiques, mêlant leurs voix aux chants de protestation. Ce moment aurait été si fréquent que Kamala aurait fini par y prendre goût, apprenant peu à peu les slogans. Après l’une de ces marches, la petite fille balbutia quelques mots. Sa mère, intriguée, lui demanda ce qu’elle désirait, et Kamala aurait répété plus clairement : «FWEEDOM !», de sa prononciation enfantine pour dire Freedom, c’est-à-dire «LIBERTÉ !». La lutte des Noirs américains pour les droits civiques est ancrée dans la famille Harris. Et comme des symboles forts sont généralement associés aux destins singuliers, il est notable que Kamala soit née entre l’adoption de la loi sur les droits civiques de 1964, le Civil Rights Act, et celle sur le droit de vote, le Voting Rights Act, en 1965.
𝐔𝐧 𝐩𝐫é𝐧𝐨𝐦 𝐚𝐮 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐢𝐧𝐬𝐨𝐮𝐩ç𝐨𝐧𝐧é
Shyamala Gopalan a donné à sa fille aînée un prénom authentique empreint de poésie et de vertu : Kamala, signifiant « lotus » en sanskrit, une puissante langue religieuse et culturelle indienne. Cette fleur, délicate mais tenace, s’élève de l’eau boueuse, insensible aux impuretés, et s’épanouit avec majesté. Le lotus en Asie est une fleur sacrée. Sur le plan botanique, outre son effluve relaxante, elle possède un important pouvoir antioyxdant et purifiant. Ce qui justifie le fort usage de cette fleur en cosmétique. Son principe actif aide peaux et cheveux à se protéger des agressions extérieures.
Pour Shyamala, la trajectoire de Kamala devait être celle du lotus : puissante et lumineuse, même au cœur de l’adversité. Chaque fois qu’elle prononçait ce prénom de son cœur, le fruit de la promesse de cette fleur se rapprochait davantage. C’était comme si elle lui insufflait une bénédiction d’authenticité, mais surtout d’endurance et de dignité. Un exemple dont il faut s’inspirer.
𝐂𝐡𝐨𝐢𝐬𝐢𝐬𝐬𝐨𝐧𝐬 à 𝐝𝐞𝐬𝐬𝐞𝐢𝐧 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫é𝐧𝐨𝐦𝐬 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐦𝐞𝐫𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐬
Ne sous-estimons pas la portée d’un prénom ! Pour vous en convaincre référez-vous à l’histoire de Jaebets dans les Écritures. Les prénoms sont des vœux gravés dans la vie de nos enfants. Aujourd’hui, hélas les prénoms populaires issus de séries télévisées ont envahi les familles. Qui n’a pas rencontré un jeune « Bryan » ou « Kelly » sans lien avec notre culture et nos croyances ? Simplement parce que des personnages de fiction les ont rendus tendance.
En revanche, les prénoms traditionnels portent des significations profondes et sont des souhaits pour l’avenir. Offrons à nos enfants une appellation qui parle à leur âme et à nos ancêtres. Un prénom qui leur rappelle leurs origines et ce à quoi ils peuvent aspirer- comme le lotus qui grandit de ses racines, s’élève et s’épanouit, envers et contre toutes les crasses de l’existence.
En ce qui me concerne, mon aîné se prénomme Olakunlé et je puis vous assurer que cette prophétie yoruba le caractérise entièrement, par la faveur divine. Le site web VENERE informe : «Olakunle peut être interprété comme une maison remplie de richesse ou une maison honorée. Il est souvent donné en pensant aux bénédictions et à la prospérité que l’on souhaite pour l’enfant et la famille.»
𝐔𝐧𝐞 é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐛𝐢𝐜𝐮𝐥𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐡𝐚𝐫𝐦𝐨𝐧𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞
Kamala Harris a grandi dans un milieu où ses racines indiennes et afro-américaines étaient pleinement valorisées. Shyamala s’est attelée à ce que Kamala et Maya intègrent la diversité de leurs identités comme une opportunité. «Ma mère savait parfaitement qu’elle élevait deux filles noires. Elle était consciente que son pays d’adoption nous percevrait comme des enfants noires et elle voulait s’assurer que nous grandissions avec fierté et confiance en notre héritage noir», raconte Kamala dans son livre The Truths We Hold («Les vérités que nous détenons»). Ayant comme sous-titre An American Journey («Un voyage américain»), l’essai a été publié en janvier 2019 aux éditions Penguin Press du groupe Penguin Random House, l’un des plus grands éditeurs de livres au monde.
Une telle conscience des origines fut renforcée par des gestes quotidiens : Shyamala cuisinait des plats indiens, partageait des histoires de son enfance en Inde et veillait à ce que ses filles soient en contact avec la culture afro-américaine de leur père et de leur communauté. Kamala écrit dans le même ouvrage «Don’t let anyone tells you who you are. You tell them who you are. And so I did», qui se traduit par, «Ne laissez personne vous dire qui vous êtes. Dites-leur qui vous êtes. Et c’est ce que j’ai fait».
𝐔𝐧𝐞 𝐢𝐧𝐬𝐩𝐢𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐪𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐝’𝐚𝐛𝐧é𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
La mère de Kamala Harris, pleinement consciente des obstacles auxquels ses filles seraient confrontées en tant que femmes de couleur, leur inculqua des valeurs de persévérance et d’exigence envers l’effort. Elle leur répétait sans relâche que, pour aspirer à l’excellence, elles devraient « travailler deux fois plus dur » que les autres. Dans The Truths We Hold, Kamala décrit ce précepte maternel comme un véritable mantra, une fondation de sa propre philosophie, qui l’incita à affronter chaque défi avec rigueur et dignité. Cet enseignement a forgé chez Kamala une éthique de travail inébranlable, une conviction que chaque écueil constitue une chance de dépasser les attentes et de prouver sa valeur à travers une énergie d’aplomb.
𝐋𝐞𝐬 𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞𝐜𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞
Durant son enfance, Kamala passait de longs moments à observer sa mère, Shyamala, absorbée par son travail de recherche médicale. Cette immersion précoce dans l’univers scientifique façonna l’esprit de la fille, lui inoculant le virus de la méthode et de la minutie. Elle comprend alors les défis comme un puzzle à résoudre. Kamala apprit à apprécier la logique et la patience inhérentes à la démarche scientifique, des qualités qui allaient profondément influencer sa carrière dans les domaines juridique et politique.
𝐄𝐭 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧…
La « fleur de Lotus » au pays de l’oncle Sam n’a assurément pas fini de se raconter. Elle ne se lassera pas de nous faire découvrir les notes mi-suaves, mi-épicées de son essence. En tout cas, au soir du 5 novembre prochain, quelle que soit l’issue du scrutin, Kamala Harris en sortira victorieuse. Victorieuse d’avoir su embarquer une part non négligeable de ses concitoyens sur le trajet de son rêve américain qu’elle désigne métaphoriquement «voyage américain.».
Celle qu’il convient d’identifier comme fruit de l’immigration réussie et d’une rencontre entre minorités, la candidate Harris, a déclaré : «Je viens de la classe moyenne et je n’oublierai jamais d’où je viens…Je crois en la promesse de l’Amérique parce que je l’ai vécue…Je n’ai pas peur des combats acharnés contre les mauvais acteurs et les puissants intérêts. Parce que j’ai gagné…Il est temps pour une nouvelle génération de leadership.» Et comme si Barack Obama tenait à confirmer ces propos, celui-ci atteste : “Une élection est une question de valeurs. Kamala Harris a le caractère, le leadership et la vision pour améliorer notre pays.” Puissent les vents favorables la porter.