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Célestine Zanou sur la destruction du marché Dantokpa: « Tout est permis, mais tout n’est pas utile (…) Dantokpa doit rester là, où il est », 05 raisons majeures pour ne pas détruire la mémoire de ce laborieux peuple

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Intégralité du plaidoyer de Célestine Zanou


Tout est permis mais tout n’est pas utile. Tout est permis mais tout n’édifie pas, nous enseignent les Saintes Ecritures . Et lorsqu’il est question de gouvernance politique, de la conduite d’un peuple, la concertation et le respect de la mémoire de ce peuple deviennent des impératifs.

Un projet funeste a germé dans l’esprit des gouvernants qui confondent le développement à la satisfaction des désirs personnels, à la concrétisation des envies d’un homme au détriment de la prise en compte de l’Homme dans sa globalité et du peuple dans ses aspirations sincères et réalistes.

Dantokpa , le plus grand marché de Cotonou et du Bénin, vieux de plus d’un siècle n’a pas trouvé grâce auprès des décideurs pour son aménagement et sa modernisation. Il est mis dans la liste des destructions et démolitions en cours dans notre pays. Tristesse !
Tout part en effet en fumée dans ce pays y compris ce qui ne devrait jamais l’être puisque relevant de notre patrimoine, de notre histoire, de notre mémoire et ceci sous des prétextes non défendables devant ce qu’il convient d’appeler la conscience collective.

Tout part en fumée devant un silence incompréhensible et inadmissible, devant un peuple tétanisé depuis la destruction sans état d’âme de la résidence de feu Général Mathieu patrimoine et mémoire incontestable de notre histoire politique ; une démolition qui a fait place à un jardin qui n’est que l’ombre de lui même. Tristesse !

Tout part en fumée parce qu’un seul homme le veut, donnant l’impression de vouloir effacer la mémoire de ce peuple avec la destruction des patrimoines du pays. Imaginons en 2026, un président élu qui arrive et détruit la statue de l’Amazone, le palais de la marina, le boulevard de la marina, le Sofitel, les ponts de Womey, Tori , Bètèkoukou, les marchés de quartier qui ont vu le jour tout simplement parce que ces infrastructures ne rentreraient pas dans sa vision à lui! Oui c’est possible puisque cela se fait aujourd’hui ! Quel sentiment cela nous donnerait alors ? Il faut arrêter cette façon d’agir qui ignore ce qu’est l’histoire et la mémoire collective d’un peuple et méprise le peuple et les cadres disponibles et disposés à apporter leurs pierres à la construction de l’édifice Bénin.

Face à un régime qui se croit tout permis, envers et contre tout, des voix doivent se lever pour dire NON à cette démolition consciente et programmée de notre histoire, de nos patrimoines, de notre mémoire collective. Car un peuple sans histoire et sans mémoire est un peuple sans identité et un peuple sans identité est un peuple perdu.

Dantokpa fait partie de l’identité du peuple dahoméen devenu béninois au point où l’animation des autres marchés du pays lui est accolée.

Il y a à peine 7 ans j’écrivais ceci : « Dans la vie d’une nation, il est parfois des évènements qui, du jour au lendemain, ont la vertu détestable de lui faire perdre la face, parce qu’ils ne sont pas de nature à la distinguer utilement parmi les nations, mais plutôt à la diminuer notamment en jetant la nuit sur ses acquis antérieurs si elle en a et des nuages sur son image de marque si elle s’en est fait une » In CONVICTIONS p128
béninois après le coup porté à notre premier œil…
Ce projet funeste et dangereux ne doit pas prospérer car :

Détruire ce marché Dantokpa, c’est crever le second œil aux béninois après le coup porté à notre premier œil avec la démolition du PLM Alédjo un lieu chargé d’histoire et qui méritait d’être érigé en musée. De borgne auquel nos dirigeants nous ont réduit, nous voilà en passe de devenir aveugles si Dantokpa tombait à son tour.

Détruire ce marché Dantokpa c’est faire le choix conscient de nous amputer de nos bras et de nos jambes, ces parties de nos corps qui nous permettent de nous rendre allègrement au marché Dantokpa et d’y brasser ces activités sources de lien social, de revenus, de bonheur et d’honneur.

Détruire ce marché Dantokpa, c’est choisir consciemment de blesser nos âmes déjà en souffrance du fait de tant de destructions non partagées pendant les campagnes électorales et surtout non conformes à l’histoire de développement de notre pays.
Détruire Dantokpa, c’est détruire notre mémoire or un peuple sans mémoire est un peuple perdu et qui, pour les autres , n’existe pas.

Détruire Dantokpa, c’est détruire notre histoire, celle qui donne du poids à notre pays et à notre peuple.

Se taire face à ce projet funeste, c’est accepter de n’exister ni physiquement, ni mentalement, ni émotionnellement ; c’est accepter d’être sans identité et je remercie les voix qui, en désespoir de cause, se sont quand même fait entendre.

Travailler à rentrer dans l’histoire, c’est faire en sorte que le peuple honoré, respecté et considéré dans les hauts faits de son histoire, de sa mémoire et de son âme vous y fasse entrer.

Dantokpa, un marché emblématique de l’Afrique de l’ouest qui fait la fierté des béninois avec une situation géographique des plus enviées donne des inspirations positives allant dans le sens de son aménagement et de sa modernisation, une idée qui a germé il y a des années déjà, une idée qui est finalisée par des experts béninois en aménagement spatial fluvial et maritime qui ne demandent qu’à être sollicités pour être utiles à leur pays le Bénin , le seul pays que nous avons le devoir de bâtir ensemble dans l’honneur et la dignité. Dantokpa est un port marchand d’Afrique de l’ouest qui doit être repensé avec une intelligence du futur qui prend ses marques dans le passé, dans l’existant. Cet espace a juste besoin d’être optimisé avec des infrastructures adéquates pour une exploitation judicieuse au grand bonheur du Bénin et de son peuple qui en tirerait fierté et honneur. Plateforme de regroupement spéculaire, parking sur plusieurs niveaux comme on en voit dans des pays pas loin de nous, unités de valorisation des produits frais, voies rapides, des souterrains, des quais d’embarquement et de débarquement, un raccordement à un système de transport fluvial etc….

Les idées ne sont pas exhaustives.

C’est le moment de conduire le marché Dantokpa vers l’image d’un port international marchand avec des embarcations modernes, un chantier naval d’appoint, un observatoire des cycles d’échanges entre eau douce et eau salée afin d’en faire une vitrine du patrimoine urbain contemporain et non de le démanteler.

Nous le devons au laborieux peuple béninois qui crie : DANTOKPA DOIT RESTER Là où il est.

Célestine Zanou

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