Hommage de Philippe Noudjenoume: \ »Pr Paulin Hountondji Au Grand Démocrate et Patriote\ »

Depuis la disparition du Professeur Paulin Hountondji, le 2 février dernier, beaucoup de témoignages ont été faits. L\’unanimité est faite sur la dimension internationale d\’homme de sciences (philosophie) qu\’il fut. Je ne vais pas intervenir dans le sens de l\’hommage au doyen et collègue d\’université.

Mon intervention est de témoigner sur un aspect caché d\’une expression de ses engagements qui autrement seraient à jamais enfoui dans l\’ignorance du public.
En effet, en juin – octobre 1985, Kérékou lance la chasse à l\’homme contre les membres du PCD taxés d\’anarcho-gauchistes, parmi lesquels (ceux que l\’on cite souvent, mais il y en a plein d\’autres), on a les Alassane Issifou, Waounwa Thérèse, Denis Sindété, et les principaux chefs du Parti Communiste dont plusieurs ont fait les célèbres prions de Segbana.
La direction du Parti décida, non de faire partir en exil les recherchés et poursuivis par la police, mais les faire rester sur le territoire, les principaux chefs et de leur faire prendre le marquis c\’est-à-dire de les faire rentrer en clandestinité. Parmi les premiers qui offrirent courageusement le gîte et l\’hébergement des clandestins figure le Professeur Paulin Hountondji.

Il m\’a accueilli chez lui à Akpakpa, dans sa maison derrière Ciné Concorde en novembre 1985. Il faut imaginer ce qu\’il fallait comme courage et bravoure pour héberger un clandestin qui, en plus, devrait hiberner toute la journée et sortir pour aller travailler (mobiliser) la nuit en tenue camouflée et rejoindre la maison à 5 h du matin.

Cela le Professeur Hountondji l\’a fait en exposant au risque sa famille -son épouse Grâce (née Darboux) et leurs trois enfants qui étaient alors en bas âge.

Le Professeur Paulin Hountondji dans son courage m\’a montré le tas de littérature révolutionnaire du PCD qu\’il archivait en m\’assurant que nos papiers représentaient des sources importantes d\’information et que si on l\’arrêtait pour cela, il déclarerait qu\’en tant qu’homme de sciences, il se devait de lire et conserver tout ce qui se produisait comme littérature dans le pays.

Je pense que cela a été aidé par le fait que le Professeur Paulin Hountondji, comme d\’ailleurs le Président Adrien Houngbédji étaient de la même promotion que mon chef Pascal Fantodji (promotion 1953 ou 1954) lycée Victor Ballot devenu lycée Béhanzin en 1960. Soulignons que cette promotion a connu des hommes célèbres de sciences et de culture et de politique : des mathématiciens et hommes politiques comme Pascal Fantodji (sans oublier Pierre Fantodji son grand-frère), le professeur de Philosophie, Hountondji et le Président Houngbédji Adrien. Il faut dire qu\’une profonde amitié les attachait et ce malgré leurs parcours différents et opposés. Ce fut le cas de Pascal Fantodji et de Paulin Hountondji.Les deux étant très opposés du point de vue philosophique. Pascal étant très critique de la fameuse \ »philosophie africaine\ » si chère à Hountondji, celui- ci très croyant méthodiste ne manquait point de vitupérer contre la praxis induite par le matérialisme dialectique.
Ceci comme, je viens de le souligner, n\’empêche pas leur amitié et a expliqué aussi cette action de ce moment en m\’accordant pendant deux mois mon hébergement.
Il est nécessaire, en ce moment de douleur à sa disparition, de lui rendre cet hommage
Professeur Paulin Hountondji.
Tu mérites de la Nation.
Va et que la terre te soit légère.

Cotonou le 22 février 2924

Pr. Philippe Noudjenoume