Ça va chauffer sur le ring. Ce sera l\’heure de vérité de chaque réforme publique.
Les costumes seront trempés; il va falloir sauter les cravates et les grands boubous. Des sueurs vont dégouliner des visages et des fronts.
Le corps à corps aura bien lieu entre les engagements pris par le serment et le PAG, les réalisations matérielles et immatérielles, les comportements des dirigeants du village au palais de la Marina.
Bien sûr, quelques menteurs manipulateurs appelés observateurs des élections auraient empoché quelques indemnités pour venir faire leurs spectacles autour du ring. Les citoyens de ce Peuple resteront les seuls acteurs du jeu. C\’est à eux d\’arbitrer leurs propes résultats.
Quitter le pouvoir n\’est jamais une situation aisée, car c\’est un autre long parcours de combattant qui commence selon la qualité de sa gouvernance globale.
On ne peut gouverner sans poser de faux pas de gravité variable. Doit-on pardonner ou pas après le pouvoir quand on n\’est plus chef suprême de la justice, de la police, de l\’armée, des finances publiques et de la diplomatie? On n\’est plus en position de droit de vie, de mort, d\’exile et d\’emprisonnement sur son Peuple.
A cet égard j\’ai beaucoup échangé avec le président Ange Félix Patassé en 2009 à Bangui sur les causes du stress du souverain. Quand on a été relativement juste au pouvoir, le Peuple est votre seul protecteur et défenseur après le pouvoir.
Aucun parti politique ou coalition de partis ne peut vous assurer d\’une quiétude post-pouvoir; seul un Peuple peut vous la garantir même pas la justice des hommes. Lorsqu\’une autorité civile ou militaire n\’est plus aux ordres, elle ne saurait vous garantir vos instructions et les exécuter à la lettre sans analyse de complétude et des implications. C\’est la fin des honneurs automatisés.
Il ne reste que le respect dû à un ancien chef d\’Etat, à un ancien président du parlement ou à un ancien maire. C\’est déjà beaucoup.
Une leçon essentielle de vie à retenir pour l\’humilité dans l\’exercice d\’un mandat d\’autorité supérieure.
Tout gouvernant est un politicien cultivateur, qu\’il soit à la tête d\’un Etat central, d\’un Etat déconcentré ou d\’un Etat décentralisé. Il a trois modes de semis qui déterminent ses relations avec son Peuple. Selon la manière dont il les combine, le Peuple se reconnaîtra ou non en lui, proche ou distant :
1/ qu\’a-t-il semé dans le cœur de son Peuple avant et pendant le pouvoir d\’Etat afin que les citoyens dépassent leurs clivages et se tolèrent pour le bien commun dont la construction de la fraternité et de la solidarité sont une exigence morale et éthique, un passage obligatoire pour tout processus de changement social et sociétal;
2/ qu\’a-t-il semé dans l\’environnement physique pour améliorer le cadre de vie et assurer le désenclavement des localités par la modernisation des infrastructures afin d\’enjoliver le paysage;
3/ qu\’a-t-il semé plus pour lui-même que pour le Peuple souverain relevant de ses préférences personnelles et parfois, au mépris des préférences nationales.
Lorsqu\’un peuple est heureux ou en souffrance, il n\’a besoin d\’aucun maître pour répondre à ces trois questions avec une auto-évaluation responsable.
Aucun Peuple n\’est sot. Il sait faire fonctionner tous ses sens. Et c\’est le sens qui donne la sensation du bien-être ou du mal-être.
Les peuples ont l\’habitude de voter sur la base de leurs souffrances banalisées par les politiciens arnaqueurs et d\’une forte dose de fatalisme empêtré dans le culte de la corruption et de l\’ethnorégionalisme . Et ça fait partie de la démocratie nescafé et de l\’Etat voyou dont parlent nos deux derniers présidents.
En 2026, si les élections ne sont pas frelatées, le peuple béninois votera sur la base de sa souffrance modernisée ou de son gain de bien-être inégalé et on verra la différence avec la vérité des urnes.
Personne ne doit en 2026 sortir des engins de guerre pour départager les deux états de souffrances des Béninois. Si nous sommes sérieux et attachés à la paix comme le premier intrant de développement du Bénin, que le jeu électoral ne soit pas une souffrance de plus.
J\’invite les chercheurs à apprêter leurs protocoles de recherches car les élections couplées de 2026 donneront probablement une leçon d\’humilité à toute la classe politique du Bénin.
En politique, c\’est le Peuple qui est le juge en premier et dernier ressort. On croit à tort que ce sont les institutions de manipulation des résultats des élections.
La politique n\’est pas faite que pour dominer, écraser et humilier en imposant une certaine conception du développement non négocié et non négociable.
Si le passage d\’un état de moins-être à un état de mieux-être est la meilleure définition de ce mot développement, objet de tout discours sur l\’état de la Nation, tout Peuple lucide n\’a pas à choisir le mal-être à la place du bien-être collectif qu\’il ressent.
Le Peuple béninois mûrit au fur et à mesure des épreuves des gouvernances publiques. Laissez-le faire librement ses choix si tant est que le pays est mieux gouverné et les Béninois vivent mieux actuellement que sous les régimes passés.
Simon-Narcisse Tomety