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04 mai 2015-04 mai 2023: 08 ans après, Candide AZANNAÏ se souvient toujours

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« EN SOUVENIR DU O4 MAI 2015 »

Compagnons des libertés,
Mesdames et messieurs,

Ce jour 04 mai 2023 et dans le cadre de la commémoration du 04 mai 2015, je voudrais avoir une pensée pieuse à l’endroit de tous nos valeureux compagnons des libertés disparus.

Paix profonde à leurs âmes.

À la jeunesse combattante de notre Pays et particulièrement à celle de nos sections militantes permanentes de Cotonou et environs qui étaient à nos côtés, j’adresse mes sincères reconnaissances.
Mes meilleures salutations à vous toutes et à vous tous.

Comme à l’accoutumée, nous voudrions réitérer notre humble gratitude mon épouse, toute ma famille, et moi-même à chacune et à chacun d’entre tous ceux et toutes celles qui se sont associé(e)s, de tout cœur, à l’historique mobilisation de protestation contre l’arbitraire et au secours des libertés, de la démocratie, pour faire échec aux dérives barbares du leadership pathologique du pouvoir du Changement- Refondation, devenu pervers à la veille de son catastrophique déclin.

Chacun sait ce qui s’est passé et ce qui se jouait.

J’ai eu à pardonner.

Cependant, contre les revers de l’oubli, je m’incline à honorer le devoir de mémoire.
Je voudrais en conséquence évoquer, une fois encore, la portée et l’actualité du 04 mai 2015.

Le 04 mai 2015, une rocambolesque tentative de mon enlèvement orchestrée par une horde à la solde du Président Boni YAYI a été mise en échec par tout un peuple debout, à l’appel de mon épouse fortement appuyée par une jeunesse disciplinée, parfaitement organisée, farouchement résolue et déterminée.

Le contexte, pour l’histoire et par souci de pédagogie, était celui d’une tumultueuse fin de pouvoir d’un attelage politico-mafieux, en proie à une insoluble crise de confiance consécutive aux conflits affairistes au sommet de l’Etat entre une élite politique et un patronat tous manifestement et largement corrompus à l’excès.

Le contexte était celui de l’atmosphère vivement prégnante encore des sulfureux dossiers PVI/NG, Coton, tentative d’empoisonnement, tentative de coup d’Etat…

Le contexte était également celui des élections législatives de 2015 qui constituaient pour ainsi dire, une étape décisive du pari d’une alternance en 2016 face à l’arrogance du mot d’ordre de l’ « après nous , c’est nous » que scandait sur tous les toits la « mouvance présidentielle » sous la houlette du Président Boni YAYI, des caciques et autres nervis proches de l’Alliance FCBE qui paradaient sous des sobriquets fanfarons du militantisme racketteur des \ »fous du roi \ » et des \ » jeunes turcs\ » de la République…

Le contexte est surtout celui de la proclamation le 02 mai 2015 par la Cour Constitutionnelle des résultats des législatives de 2015 à l’examen desquels, le contrôle du pouvoir législatif par le pouvoir du Changement-Refondation venait d’être lourdement mis en péril.

Dans la foulée de ce revers législatif pour son pouvoir, le Président Boni YAYI, tard dans la soirée du dimanche 03 mai 2015 a décidé de recourir à l’acte criminel de mon enlèvement.

Ainsi donc, le 04 mai 2015 au petit matin, en violation des lois et textes réglementaires de la République et surtout au mépris du protocole lié à mon statut de député en exercice, des hommes surarmés ont été envoyés au domicile de mon épouse avec l’ordre de m’amener mort ou vivant.

Le contexte étant largement rappelé, il convient d’en déduire le sens du 04 mai 2015.

Le vrai motif du projet de Boni YAYI de me neutraliser est son désir obstiné de contrôle du pouvoir législatif qui passe par la mainmise de son camp politique sur l’élection du Président et des membres du bureau de l’Assemblée Nationale, donc la déstabilisation stratégique du schéma législatif de l’opposition dans laquelle j’étais une des figures représentatives irréductibles majeures.

En s’attaquant à moi, Boni YAYI avait en toute conscience décidé également de s’attaquer aux libertés, à nos valeurs citoyennes et à nos principes républicains pour pouvoir atteindre son but à savoir détourner le pouvoir législatif, s’en servir et s’assurer de la confiscation de l’alternance au pouvoir en 2016.

Le 04 mai 2015 est l’illustration grandeur nature des conséquences du recours à l’arbitraire et à la violence politique par un pouvoir sous le coup de l’hubris comme solution à un revers électoral aux fins d’un détournement de l’expression démocratique au détriment du Peuple souverain.

Cette signification du 04 mai 2015 porte la symbolique de sa portée et de son actualité politiques.

La tentative de mon enlèvement dans le contexte des tractations post-électorales de contrôle du pouvoir législatif constitue un acte flagrant de violence à la fois illégal et illégitime.

Tout recours à la force armée en politique et de surcroît à l’occasion des processus démocratiques de renouvellement des institutions publiques et de la mise en place des organes de contrôle des assemblées de délibérations populaires par tout pouvoir, en violation ou en méconnaissance du droit, constitue un acte de violence et d’arbitraire politique.

La protestation populaire contre le recours par tout régime et par tout pouvoir à la force et à l’utilisation des armes à feu comme moyen de règlement des antagonismes politiques civils est un droit légitime universel quelles que soient la forme et la nature de cette protestation populaire.

La farouche protestation populaire de la jeunesse et du peuple de Cotonou et environs du 04 mai 2015, en tant que réponse à l’acte insensé et violent du pouvoir public qu’est la tentative de mon enlèvement, est par conséquent, un acte approprié et légitime, instruit par l’exigence permanente à tout pouvoir politique en République du Bénin, de limiter obligatoirement tout recours à la force à l’intérieur des seules limites et périmètres du droit et de la Constitution.

Je salue une fois encore les jeunes de sections militantes de ZOGBO, puis de COTONOU et environs qui ont su, dans une remarquable discipline organisationnelle, indiquer à toute la jeunesse béninoise, aux braves populations éprises de liberté, de démocratie et d’Etat de droit, une opiniâtre et massive détermination populaire contre ce funeste et ignoble projet de mon enlèvement, lâchement ordonné par Monsieur Boni YAYI, alors Président de la République du Bénin.

Aujourd’hui plus qu’hier, face aux dérives et à l’inconséquence du pouvoir dit de la rupture, il y a une actualité du 04 mai 2015.
Nous devons continuer à nous organiser avec sérieux et méthode en apprenant de la nature des bourreaux du Peuple et des traites de l’intérêt général.

Tout se jouera sur le degré et la qualité de notre organisation.

« La seule chose qui a été pire que l\’organisation de la non-violence a été l\’organisation de la violence. »
Joan BAEZ.

La violence des abeilles dites de Kilibo, celle des chasseurs dits de Tchaourou, la trahison de la compromission, le parasitisme politique des profiteurs qui commercialisent le sort des personnalités politiques détenues ou en exil sont des nuisances publiques à combattre au même titre que la crapuleuse barbarie mortifère du pouvoir déviant oppresseur dit de la rupture.

Face à l’institution de la transgression des libertés, des valeurs démocratiques et des principes de l’Etat de droit, la résistance à la gouvernance par la terreur et à la normalisation de l’arbitraire est l’issue conséquente.

Vive la Résistance Nationale.

Je vous remercie.

Candide A M AZANNAÏ.

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