Les dictatures africaines en panne : les peuples ont compris et tout compris
\ » C\’est terrible. Nos chefs d\’États font de leurs citoyens ce qu\’ils veulent. Qu\’ils apparaissent sous le manteau du progressiste ou du modéré (…) tous mentent sans vergogne à leurs concitoyens, les emprisonnent, les tuent ou les ruinent à longueur de journée. \ » Hampaté Ba
Le développement ne se donne nulle part, c\’est l\’illusion fétichiste des dictateurs africains qui manquent de culture prospective et patriotique pour faire comme les Asiatiques. En Asie, le développement est basée sur une stratégie nationale d\’appropriation dès la conception de toute politique publique. En Afrique, comme on est incapable de se sacrifier pour son peuple, on impose maladroitement tout par l\’extrémisme violent d\’État avec une absence totale de stratégies d\’appropriation.
Les titres de ces ouvrages sur la gouvernance et le devoir de défense de la patrie furent un appel pour la énième fois aux dirigeants africains en vue de limiter l\’apologie des comportements dictatoriaux sur le continent noir. Hélas !
La dictature africaine est une affaire de business et de prébendiers. Elle repose avant tout sur une association de malfaiteurs qui sont prêts à prendre tous les risques pour mettre la main sur le pouvoir d\’État en vue d\’assouvir leurs propres rêves, ceux de contrôler toute la chaîne décisionnelle des Etats en vue de faire prospérer leur propre business par un système intégré maquillé de monopoles : monopole des réformes de l\’État, monopole politique, monopole économique, monopole syndical, monopole sur l\’exploitation des ressources du sol et du sous-sol, partout où il y a de l\’argent à engranger. Ils ont la prétention d\’une grande maîtrise des Armées. C\’est pourquoi la dictature a pour socle institutionnel la corruption, les surfacturations et tout ce qui permet d\’abuser des biens sociaux.
Qui n\’a pas vu comment Ben Ali a construit et transformé son château au bord de la Méditerranée en banque centrale privée. C\’est hallucinant mais le peuple a fini par le chasser et mis la main sur cette colossale fortune qui aurait pu sortir des centaines de milliers de personnes de la pauvreté et de la misère. C\’est le propre de tous les dictateurs africains, l\’argent étant devenu le moteur de leurs motivations et leurs divinités. C\’est pourquoi, une dictature finit toujours très mal en Afrique.
Un Général africain pour ne pas nommer le président Kerekou disait que personne ne maîtrise l\’Armée et qu\’elle appartient à son peuple. Un chef d\’État civil n\’aura jamais le courage et la sagesse de reconnaître cette évidence. Rien qu\’à voir les coups d\’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, on peut reconnaître au Général Kerekou son intelligence de classe supérieure sur les relations entre un peuple et son armée. Il sait de quoi, il parle. Un dictateur aime priver son peuple de ses libertés fondamentales oubliant que tout dictateur est un prisonnier sans aucune liberté. Tout dictateur ignore son propre statut de prisonnier jusqu\’au moment où sa descente aux enfers devient une tangible réalité.
C\’est en Asie que les dictatures sont orientées vers le développement humain en commençant par l\’éducation à la citoyenneté. Toutes les dictatures africaines sont fondées sur le culte de la personnalité et la prédation de deniers publics avec l\’utilisation des palais d\’injustices, les parlements de déshonneur et des systèmes policiers collabos pour mater, emprisonner et tuer sans procès.
Les Etats qui grandissent dans la méchanceté didactoriale finissent toujours par fondre. La fonte des glaciers et la fonte du beurre au soleil nous montrent que tout change d\’états dans la vie. Vouloir tout imposer par la violence d\’État, on finit toujours par être rattrapé un jour, quelles que soient les précautions d\’impunité que l\’on prend en faisant voter des lois pour sa protection et celle de son clan. Aucune immunité ne supplante la volonté d\’un peuple. Celle-ci doit obéir à ce que pose le peuple comme exigence. Aucun peuple n\’accepte qu\’on passe en pertes et profits les abus d\’un système dictatorial. Il y a toujours des vengeances post-dictatures que chaque dictateur doit intégrer sans sa stratégie pour se donner des limites qu\’il doit arrêter de franchir au risque d\’avoir un chaotique après-pouvoir. Dadis Camara le sait que quiconque aujourd\’hui en attendant le tour d\’Alpha Condé.
Beaucoup font la confusion entre dictature et rigueur. La rigueur est une discipline collective à vocation éducative pour prévenir ou traiter le déclin du comportement humain. La dictature c\’est de la méchanceté et du manque de respect pour la personne humaine. C\’est pourquoi un dictateur n\’est que faussement une personne sereine. C\’est pourquoi, il cultive l\’addiction à la la flatterie et pour cela, tous les princes qui l\’entourent sont chichement payés pour l\’encenser en permanence d\’où griotisme rime avec démagogie.
Un dictateur n\’est jamais un homme de parole, il a la trahison facile alors qu\’il a peur en permanence d\’être trahi. Un dictateur est un champion des rétropédalages. Tellement qu\’il a peur d\’être contrarié et trahi qu\’il est tributaire d\’une gouvernance obsessionnellement concentrationnaire. On ne décide de rien en son absence. Un dictateur ne délègue pas. Peut-on être plus prisonnier que ça?
Si nous nous sommes investis à écrire ou à rappeler les réflexions de certains africains, c\’est parce que l\’Afrique risque fort de passer de son état de flamme dormante à l\’embrasement filant si les dictateurs n\’arrêtent pas leurs hypocrisies institutionnelles d\’imposer le faux développement à partir de diagnostics tronqués.
Notre contribution est une alerte avant les tornades africaines en cascade. Retournez vite à vos peuples la démocratie. Aucun dictateur africain n\’est capable de mettre en oeuvre une dictature de développement. Elle est trop exigeante pour le dictateur lui-même et ses collabos.
Chacun aura compris le sens profond de nos alertes avant qu\’il ne soit trop tard.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY