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La France plie bagages au Mali:\ » La France pense pouvoir \ »distraire\ » l\’opinion africaine et occidentale avec l\’idée qu\’il s\’agit plutôt de \ »mercenaires russes\ ». Peu importe ! (…) Le Mali se débarrasse de l\’occupation française\ » décryptage de Sinan KAMAGATÉ

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Sinan KAMAGATÉ, spécialiste des relations internationales

LA FRANCE PLIE BAGAGES AU MALI


Décryptage !
Le Mali ne recevra que de \ »vieux matériels russes\ », ainsi s\’est exprimé un vieil illuminé françafricain embourbé dans ses relations plus que paternalistes, en commentant l\’option faite par le gouvernement de transition au MALI d\’avoir recours à la Russie. Pourtant, c\’est bien avec ces \ »vieux matériels russes\ » que l\’armée malienne, appuyée par des instructeurs russes, a mis en déroute jihadistes et soutiens officieux, en seulement quelques semaines. Ce que la supposée armada XXL des Français de l\’Opération BARKANE et TAKUBA n\’a pratiquement jamais réussi, en neuf (9) années de présence.


Cependant, même si le Mali a demandé la révision de certaines dispositions des Accords de Défense qui le lient à la France, il n\’a pas encore officiellement demandé le retrait des soldats français. Mais, la France n\’est pas dupe. Elle prend le taureau par les cornes. Il vaut mieux se retirer avant que Bamako n\’en fasse la demande officielle. Humiliante!


Comment est-on arrivé à cette radicalité soutenue majoritairement par les Maliens et la CEDEAO des peuples ?
En 2012, alors que les mouvements jihadistes sont aux portes de BAMAKO, le président Dioncounda TRAORÉ, au nom des Accords de Défense historiques qui les lient à la France, appelle le président français François HOLLANDE à la rescousse.
Cette intervention avait pour objectifs : freiner l\’avancée des mouvements jihadistes, MOUJAO, AQMI, ANCARDINE en apportant un appui aérien au FAMA (Forces armées maliennes), recouvrer l\’intégralité du territoire malien et renforcer les capacités opérationnelles de l\’armée malienne afin qu\’elle dispose de moyens puissants pour faire face (seule) à de telles situations.
Mais, quels constats après plus de neuf (9) années de présence de la France sur le territoire malien?
Les soldats maliens ne peuvent survoler leur propre territoire sans une autorisation préalable de l\’armée française; une situation qui s\’apparente à celle d\’une force d\’occupation.


Les civiles maliens sont massacrés, les soldats de l\’armée malienne canardés, l\’État se délite au fur et à mesure que le temps avance. Et cette situation intenable à entraîné deux coups d\’État sous l\’impulsion d\’un mouvement populaire qui a connu son essor le 5 juin 2020, d\’où le nom de M5. Ce mouvement est une coalition hétéroclite constituée d\’associations de la société civile, de guides religieux, de citoyens fortement indignés par l\’immobilisme des gouvernants et des opposants au régime de Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) réélu sous fond de contestation.
La chute de IBK a ouvert la voie à une transaction militaro-civile conduite par Bah N\’DAW sous la pression des Chefs d\’État de la CEDEAO.


Cet attelage n\’a pas fait long feu tant le fond du problème demeurait. Comment mettre fin aux souffrances du peuple malien martyrisé par les jihadistes de plus en plus enracinés sur le territoire ?
En lame de fond et non des moindres, la question de l\’efficacité de l\’intervention française en cours depuis plus de 9 ans se pose avec acuité. Dans les petites cellules de Bamako et dans toutes les couches de la société malienne, on en débat à bâton rompu.
En effet, pour le Malien lambda, il est impossible que les soldats français n\’aient pas les moyens techniques, logistiques appropriées pour repérer les mouvements des jihadistes qui endeuillent les familles, attaquent et rasent les villages entiers. De deux choses l\’une. Soit, ils sont inefficaces face à la stratégie des jihadistes, ce dont ils doutent fortement. Soit, ils sont complices des jihadistes. Ce qu\’ils croient de plus en plus. Dans tous les deux cas, la conclusion reste la même : l\’armée française n\’a aucun moyen de sortir le Mali de l\’abîme dans laquelle elle s\’enfonce durablement par les effets pervers des terroristes.


Alors, face à une armée française qui a été incapable, en neuf (9) ans, de récupérer un seul centimètre du territoire malien aux mains des jihadistes, que faire ?
Que faire, lorsque le nombre de soldats étrangers s\’accroît sur son territoire sans qu\’aucun résultat probant ne pointe à un horizon proche ?
Que faire, lorsque l\’armée française se comporte plutôt sur le territoire malien comme une force d\’occupation ?
Les Maliens n\’ont eu d\’autres choix que d\’avoir recours à un \ »autre médicament\ » : le soutien de la Russie. Pour rappel, le Mali, du temps du président Modibo KEITA a signé également des Accords historiques avec la Russie en pleine Guerre froide. Le médicament russe apporte déjà des solutions. Le bilan, en quelques semaines de collaboration, est perceptible, notamment sur le théâtre des opérations. Des cellules jihadistes démantelées, le moral des troupes plus haut que jamais. Un début de succès sous l\’impulsion des russes qui réveille la vieille rengaine du nationalisme malien dont son caractère chauvin est sans égal en Afrique de l\’ouest francophone.
La France est plus que jamais sur la sellette. Elle joue gros au Mali. Elle ne fait plus peur à personne. En tout cas, pas aux Maliens qui ont eu le temps de voir ce qui est dans le ventre de la France. Prise dans le tourbillon malien, elle tente de faire de la résistance. Les vielles recettes faites de mépris des colonisés font surface. Les officiels français comme Jean-Yves Le DRIAN, Ministre de l\’Europe et des Affaires étrangères en est devenu la face visible. En représailles à ses attaques contre le régime de transition, l\’ambassadeur de France à Bamako est prié de partir. Les termes sont faibles. Les temps ont changé, les \ »colonisés\ » ont changé. Le Mali rêve d\’une seconde émancipation. Paris feind de ne pas voir les choses venir. Paris fait l\’autruche. La France pense pouvoir \ »distraire\ » l\’opinion africaine et occidentale avec l\’idée qu\’il s\’agit plutôt de \ »mercenaires russes\ ». Peu importe !


Car, le Mali a déjà fait sien l\’adage qui dit que quand ta case brûle peu importe la qualité de l\’eau qu\’on utilise pourvu qu\’elle réussisse à éteindre le feu. Et le feu malien est en train de s\’éteindre… sans la France…
Le Mali a retrouvé sa souveraineté et des couleurs et il l\’affirme devant la France à chaque occasion…
La France a perdu le Mali idéologiquement, politiquement, militairement et diplomatiquement.
Dans un contexte volatile d\’une campagne pour la réélection non acquise du président Emmanuel MACRON, les risques d\’un enlisement sont là sous ses yeux. Il joue gros!
Alors, à quoi cela sert-il de continuer à prendre les risques de perdre des soldats sur un territoire où on n\’est plus la bienvenue ?
Plier bagages est mieux, dit-on à Abidjan. Partir avant que cela ne soit expressément exprimé par les autorités tant méprisées de Bamako. Partir avant peut atténuer la honte. De toutes les façons, il y a du \ »boulot\ » non loin. Pourquoi, ne pas renforcer le dispositif d\’à côté, le Niger. Perdre l\’uranium du Niger serait catastrophique…les Russes ne sont pas loin et le président BAZOUM a perdu toute sa sérénité. Il ne dort plus que d\’un œil depuis que le virus GOITA a commencé sa propagation dans les Etats francophones d\’Afrique de l\’ouest. Un virus auquel ni la France, ni la CEDEAO du syndicat des chefs d\’État n\’a (encore) pu trouver de remède efficace.
Enfin, la France plie bagages sous la contrainte des autorités maliennes plus que jamais soutenues par un peuple désabusé par ses frasques et son double-jeu.

Sinan Kamagaté
Spécialiste des Relations internationales

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