L\’argent et les paradoxes du Bénin: \ »Un discours prophétique mais vite les hommes d\’affaires ont pollué la démocratie béninoise naissante par la corruption et toute sorte de magouilles (…) Le Bénin n\’appartient plus au peuple béninois, mais à une poignée de gens\ » Tomety

L\’argent et les paradoxes du Bénin

\ »Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent\ ». (Luc 6:27, 28)

Pour comprendre les causes lointaines et actuelles du terrorisme au Bénin, je nous invite à écouter et réécouter attentivement la présentation du rapport général de la conférence des forces vives de la nation, il y a 32 ans de cela. Un discours prophétique mais vite les hommes d\’affaires ont pollué la démocratie béninoise naissante par la corruption et toute sorte de magouilles.

Ce faisant, toutes les élections au Bénin ne sont que des hold up remettant en cause la volonté du peuple. En 30 ans, nous sommes passés de la démolition de la dictature à la réhabilitation de la dictature grâce à de nombreux traîtres bercés par la corruption avec l\’enrôlement de nouveaux corrompus et parvenus. Le Bénin est physiquement beau mais les hommes sont éthiquement vilains. Le vol de deniers publics et la gourmandise ont anéanti toutes les institutions sans exception. Le pays titube et a bien l\’air d\’une cité droguée ou qui a trop bu de l\’alcool.

Le Bénin n\’appartient plus au peuple béninois mais à une poignée de gens qui dictent leurs volontés et leurs lois à tout le monde. Le peuple est soumis et pour y arriver, la dictature a inséminé le virus de la peur dans la conscience de la plupart des intellectuels qui ne peuvent s\’opposer à rien, en particulier les universitaires. Les dictateurs ont sclérosé par humiliation incessante leurs pouvoirs de réflexion, de propositions et d\’actions.

Les dictateurs nous imposent leur conception du développement. Ils déversent du bitume et du ciment pour faire des routes et construire des immeubles dans le but de rehausser, dit-on, la valeur paysagère de Cotonou et de Porto-Novo. Que d\’illusions alors! Ce type de développement avec un système éducatif en panne n\’est qu\’une belle blague sur le développement. Heureusement que Louis Joseph Lebret est clair sur sa définition du développement : passer un peuple d\’un état de moins-être à un état de mieux-être en faisant de celui-ci un acteur de changement. Le développement ne se décrète pas, ne se donne pas, il se construit avec son peuple à travers des contrats d\’objectifs à responsabilité sociétale partagée avec une obligation de redevabilité mutuelle.

Qui, peut oser demander des comptes au pouvoir exécutif du Bénin ? Aucune institution publique, aucune administration publique, aucune organisation de la société civile. Les Béninois forment un peuple soumis.

Oui, c\’est bien de tout concentrer sur les BTP mais c\’est dangereux d\’affamer un peuple qui se nourrit difficilement, se soigne péniblement et se loge dans la précarité sans compter la vie chère qui affecte le transport, l\’électricité…

Oui, le pays s\’endette énormément pour embellir quelques localités devant être au standard international en vue d\’attirer des touristes. Donc c\’est du développement extraverti, ce n\’est pas pour les Béninois. A quand le développement du Bénin pour les Béninois ?

Hélas, ils ont détruit le contrôle citoyen qui constituait l\’un des leviers de notre démocratie.

Les hommes d\’affaires ayant proprement corrompu la société politique, la société civile, les administrations civiles et militaires depuis des années, la dictature a défait la cohésion nationale et plus personne pour défendre la démocratie et la paix.

Ce qui fait l\’homme, ce n\’est pas ce qu\’il fait sans penser, mais ce qu\’il pense avant de faire.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY