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La CEDEAO et sa descente aux enfers: À quand la CEDEAO des peuples ?, une interrogation du professeur Tomety

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Le premier ministre malien a marqué des points dans nos coeurs. La méconnaissance du droit international par les dirigeants de la CEDEAO n\’honorent guère les chefs d\’État et les cadres préparateurs de décisions sans analyse approfondie des implications géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques.

Comment une organisation régionale, sous prétexte de réhabiliter la démocratie dans un Etat membre peut-elle s\’autoriser à renforcer le confinement de ce dernier, de surcroît un pays sans façade maritime, surtout dans un contexte d\’envahissement du pays par les terroristes, la pandémie de Covid19 et le chômage des jeunes? La CEDEAO n\’a aucune valeur ajoutée dans la lutte contre le djihadisme qui oblige fortement à réduire les investissements productifs et sociaux pour accroître les dépenses militaires dans chaque Etat membre. L\’effort de guerre est en train de devenir une exigence sécuritaire du Nigeria au Ghana en passant désormais par le Bénin, le Togo…, du Mali en Côte d\’ivoire en passant par les pays des trois frontières dont le Niger, le Burkina Faso.

La CEDEAO n\’est pas une organisation de construction de la solidarité et de l\’unité des peuples de la région. Elle renforce la fragilité des États en cautionnant des régimes autoritaires.

La CEDEAO est passée totalement à côté, étant incapable de garantir la paix et la Concorde régionales. Elle n\’a pas été capable de s\’opposer à la trituration des constitutions et des troisièmes mandats avec une constante violation des droits de l\’homme. La CEDEAO est perçue et vécue par nous les citoyens comme un syndicat des chefs d\’État de l\’Afrique de l\’ouest. Nous voulons une CEDEAO totalement réformée et au service des peuples et non une CEDEAO des chefs d\’État et des politiciens assemblés dans un parlement régional qui n\’a aucune visibilité fonctionnelle dans les luttes politiques et civiques des pays membres.

Nous félicitons le premier ministre malien pour la pertinence de son discours suite à cette déclaration des chefs d\’État du 09 janvier 2022 à Accra de renforcer les sanctions politiques et économiques contre la république du Mali. Un très bon discours d\’un sachant qui maîtrise le droit international, les limites de la CEDEAO et la connaissance approfondie de son pays, le Mali. Toutes nos félicitations pour cette lucidité remarquable qui fait notre fierté.

Le Mali est un peuple fier, héritier d\’une longue histoire héroïque qui ne saurait trembler devant une organisation régionale en perte de crédibilité institutionnelle et dépourvue de socle social. Le Mali n\’a de leçon de démocratie et de développement à recevoir d\’aucun pays de l\’Afrique de l\’ouest. Cela est une pure vérité et nous citoyens, nous devons soutenir par divers moyens le peuple malien en ce moment très difficile de sa lutte d\’émancipation.

La CEDEAO avec son système sans fin de deux poids, deux mesures, risque de voir le Mali et la Guinée en dehors de cette organisation pour suivre l\’exemple de la Mauritanie voisine. Le Mali a trois façades maritimes qui lui sont accessibles : la Guinée, la Mauritanie et l\’Algérie.

Il est important de souligner que le Mali seul peut couvrir tous les besoins en riz de l\’Afrique de l\’ouest; d\’ailleurs, au nom de sa générosité, le Mali a réservé de vastes domaines pour chaque pays qui choisit de mettre en valeur ses terres des vallées du Niger. Nous détenons cette information d\’un des commissaires de l\’UEMOA, il y a moins de cinq ans.

Également, la Guinée et le Mali réunis possèdent plus de ressources naturelles que le Nigeria. A force de pousser les Maliens jusqu\’à leurs derniers retranchements, avec la porosité des frontières, ce serait un boulevard ouvert pour le djihadisme sans frontières et ainsi, chaque pays sera confronté au péril terroriste.

Déjà qu\’aucun pays de l\’espace CEDEAO n\’est parvenu à éradiquer le terrorisme, c\’est une grosse erreur de ne pas renforcer la coopération militaire et politique entre tous les États membres de cette organisation bureaucratique et totalement éloignée des peuples. L\’urgence aujourd\’hui c\’est la lutte contre le terrorisme, le retour des populations déplacées et exilées dans leurs villages pour s\’occuper des tâches de production et de développement. Il n\’y a aucune urgence à rétablir une démocratie corrompue au Mali via des élections précipitées pour poursuivre avec les mêmes errements.

La CEDEAO et l\’UEMOA sont en train de s\’embourber. C\’est un enlisement qui coûtera cher à la tension sécuritaire actuelle qui prévaut dans la sous-région.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY

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