Hommages à l\’intelligence manuelle
Je préfère la longue intelligence issue d\’une pratique aux longues études pour tourner à longueur de journée les pouces sous l\’arbre à bavardages et autour du thé. Il y a plus de génies véritablement ingénieux que nos génies bardés de diplômes d\’orgueil qui sont empêtrés dans les bureaux des administrations publiques et les amphithéâtres payés pour peu de valeurs ajoutées et dormant dans des administrations de maintenance.
Il suffit de parcourir les villes et les campagnes africaines pour s\’émerveiller des talents de ces artisans anonymes. Il suffit que nos grandes et moyennes écoles apportent une petite touche de connaissances additionnelles en technologies, en management et en communication pour que le visage économique de l\’Afrique change de perspectives.
Hélas, nos universités, nos grandes écoles ne vivent que des articles et des grades avec des blablablas d\’autosatisfaction alors qu\’ils sont totalement en déphasage avec la réalité. Ce qui est choquant c\’est que 99,99% de ceux et celles qui font du claironnage académique sont issus du milieu et de parents pauvres. Tout le paradoxe est là.
Le diplômé africain veut la promotion pour lui-même pour frimer et pouvoir faire le chef. Beaucoup sont des chefs mystificateurs et n\’ont aucun pouvoir de transformation sociale réelle.
On se demande si chaque intellectuel qui exerce un métier a véritablement un engagement personnel et un combat personnel pour son pays.
Quand quelqu\’un parvient à se faire hisser c\’est souvent pour voler le bien commun et faire tomber l\’échelle ou mettre en panne l\’ascenseur social empêchant ainsi à d\’autres de sortir de l\’anonymat pour révéler leurs talents. Nous sommes des tueurs de rêves.
Nous Africains, nous avons du chemin pour sortir de notre état d\’inconscience. C\’est notre malheur le plus pathologique. On court, on s\’agite mais les performances ne suivent pas. Que faire? Casser la baraque pour dégager les barrages.
Si nous ne changeons pas le système éducatif foireux actuel, l\’Afrique ne pourra pas réaliser son destin. L\’école est en panne, les services publics sont minables, la misère jonchent les maisons et les rues, les jeunes attendent un emploi public et détestent le manuel.
Le terrorisme, une radicalisation à l\’extrême de la jeunesse sans espoir, n\’est pas une fatalité. Nous pouvons la vaincre par la réforme du système éducatif, la délivrance de services publics de qualité dans tous les territoires, l\’exemplarité des leaders politiques par une réforme du système partisan débarrassé de l\’affairisme et enfin l\’impunité dans la gouvernance publique minée actuellement par la corruption généralisée et banalisée. Pour cela, il faut guérir le système judiciaire de sa maladie qui offre peu de garanties de respect des droits de l\’homme.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY