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Tomety au sujet des attaques terroristes au nord du Bénin: \ »L\’exposition au péril terroriste, ça fait onze (11) années qu\’on en parle (…) Et depuis, on a trouvé qu\’une réponse militaire en prépositionnant des soldats pour se battre et sacrifier leurs vies\ »

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Les espaces frontaliers du Bénin : situation d\’insécurité prévisible

Tout prouve que notre analyse géopolitique et géostratégique est perfectible. Le ver est dans le verre depuis près d\’une décennie sans être vu.

Les espaces frontaliers concentrent la majorité du potentiel touristique et du potentiel de production cotonnière et vivrière du Bénin. Ils possèdent l\’essentiel des ressources minérales du Bénin. En dehors du marché Dantokpa, les marchés frontaliers dont ceux de Malanville et de Glazoué jouent un grand rôle dans les transactions avec le Niger, le Mali, le Nigeria et le Togo.

On se préoccupe beaucoup de la gouvernance financière des communes mais qui s\’occupe du bon fonctionnement des conseils de village, des conseils de quartier et des conseils d\’arrondissement dans les espaces frontaliers? Personne ne s\’en occupe en commençant par des Préfets de département qui n\’ont AUCUN INDICATEUR DE PERFORMANCE sur la fonctionnalité de ces organes territoriaux de base. De nombreux chefs de quartier avaient une prime trimestrielle de 15 000 FCFA. C\’est avec ça qu\’on anime et surveille pour défendre son territoire et son pays?

Nous avons une CONCEPTION MILITARISTE DE LA SÉCURITÉ et tout devient SECRET DÉFENSE. Le concept ARMÉE – NATION est difficile à concrétiser partout où le peuple a été victime d\’agression meurtrière de la part de son Armée. Pour des raisons politiciennes et électoralistes, une bonne partie du peuple béninois est distante, méfiante et mécontente de son Armée. C\’est pour la première fois que cette situation arrive dans l\’histoire électorale du Bénin. Une pure vérité qui interpelle.

C\’est bien de rendre beaux et attrayants certains chefs-lieux de communes mais la misère qui sévit dans les villages frontaliers est si prenante et prégnante qu\’elle ne frappe pas l\’attention des dirigeants civils et militaires du Bénin. C\’est tout de même curieux! La lutte contre la pauvreté doit être la priorité partagée et elle doit passer avant l\’attrait touristique du Bénin. Car, le terrorisme empêche le développement de l\’économie touristique d\’un pays. C\’est la haute saison touristique dans la Pendjari et le W mais quel touriste voudra risquer sa vie?

Nous devons revoir la copie de nos priorités de développement pour ne pas beaucoup dépenser de l\’argent pour faire du beau sans retour sur investissement. Avec le terrorisme, le surendettement inconséquent pour militariser un pays est un choix facile. Et plus on fait la guerre aux terroristes plus de nombreux pauvres sont candidats au terrorisme. Il faut ardemment s\’attaquer à la pauvreté.

L\’exposition au péril terroriste, ça fait onze (11) années qu\’on en parle. Et depuis, on a trouvé qu\’une réponse militaire en prépositionnant des soldats pour se battre et sacrifier leurs vies. Sur le plan économique et du bien-être des populations, on n\’a rien anticipé dans ces villages des espaces frontaliers. Nos capacités d\’analyse géoéconomique au Bénin sont opportunistes et plus centrées sur l\’extraversion économique et les recettes fiscales de l\’Etat que sur le bien-être des populations qui croupissent dans la misère. Les modes d\’intervention des terroristes dans la zone des trois frontières (Burkina, Niger, Mali) et des espaces frontaliers du lac Tchad ( Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun) devraient nous inspirer et permettre de réfléchir de façon cohérente et réaliste sur la conduite à tenir au Bénin.

Le Bénin, voilà un pays hyper divisé, un pays de développement à haute dose d\’opportunisme, d\’affairisme, d\’hypocrisie, de jalousie et de méchanceté gratuite. Face au terrorisme, la première arme du combat c\’est l\’unité nationale qui doit maintenant devenir une URGENCE NATIONALE. C\’est pourquoi, il faut arrêter de gonfler les prisons béninoises de nos compatriotes pour des délits d\’opinions et l\’usage abusif du concept de terrorisme.

Dans une guerre asymétrique comme celle du terrorisme, il faut s\’en méfier car la pire des choses pouvant arriver à un pays, c\’est la radicalisation d\’une frange de la population pour basculer dans l\’extrémisme violent. La situation est d\’autant plus préoccupante que le Bénin risque désormais d\’investir plus pour faire la guerre contre l\’ennemi invisible que pour la santé, l\’éducation, la sécurité alimentaire et l\’emploi.

Dans les défis territoriaux d\’urgence, il est impérieux d\’aller à un débat national pour pacifier le pays. C\’est depuis 2017, que nous suggérons sur dossier cette démarche de pacification sans suite. Nous devons laisser nos égo de côté pour affronter solidairement la menace terroriste qui n\’est pas une menace nouvelle mais bien vielle d\’une décennie passant maintenant à sa phase active.

Il faudra une démarche civilo-militaire et non militaire de traitement de ce danger déstabilisateur. Un vrai terroriste a un pacte déjà avec sa propre mort, celle des institutions et des populations devient un jeu banal pour lui. C\’est là le vrai problème.

En matière de lutte antiterroriste, tout est complexe donc et tout le monde doit contribuer à défendre la patrie comme l\’exige la constitution. Pour davantage comprendre la situation économico-securitaire des espaces frontaliers du Bénin, nous vous invitons à lire le livre blanc de la politique nationale de développement des espaces frontaliers.

Professeur Simon-Narcisse TOMETY

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