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Recul de la pauvreté et loi sur l\’avortement au Bénin: L\’adresse de Thérèse WAOUNWA aux femmes et aux filles

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Thérèse WAOUNWA parle de la pauvreté banalisée et bactérienne au Bénin

ADRESSE DE THERESE WAOUNWA

✅ AUX FILLES ET AUX FEMMES DU BENIN

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Le Gouvernement du
Président Talon vient de faire adopter par son Parlement, trois lois dans la nuit du 20 au 21 Octobre 2021.Toutes ces trois lois portent sur l’émancipation de nous, les femmes. Celles qui font le plus crier et protester sont celle portant « avortement » au Bénin et celle portant sur les patronymes des mères à donner aux enfants.
A ce propos je tiens à faire la déclaration suivante :

1°- Les problèmes soulevés dans ces différentes lois sont réels et existent. Mais ces problèmes ne sont ni les plus importants qui assaillent nous les femmes, ni prioritaires à l’heure actuelle. Les problèmes les plus importants, ce sont les conditions dans lesquelles vivent et les hommes et les femmes dans notre pays, conditions qui sont celles d’un pays arriéré, sous domination coloniale française et sous une autocratie affameuse.

2°- Une femme peut-elle être émancipée quand l’ensemble de la société est arriérée et patriarcale ? Quand les femmes sont illettrées et complètement analphabètes à plus de 80% ? Que pour trouver de l’eau, elle doit faire des kilomètres ; de même qu’elle doit parcourir des kilomètres pour trouver du fagot de bois pour faire le feu ; une femme peut-elle être émancipée lorsque la mort fauche en couche par hémorragie et éclampsie à plus de 80% des concernées? Enfin, une femme peut-elle être émancipée lorsqu’elle a faim, que son mari est en chômage et manque du minimum vital et que ses enfants déguenillés, renvoyés des classes ne savent à quel saint se vouer ?!

3°- Les femmes qui applaudissent les fameuses lois votées furtivement dans la nuit du 20 au 21 Octobre 2021 ne nous représentent pas ; elles ne représentent qu’une mince couche de femmes (à peine 5%), lettrées et riches et qui ne connaissent pas les contraintes et misères de la majorité des femmes béninoises. Elles sont étrangères à la société béninoise. Jouissant des conditions d’aisance, elles veulent vivre et être libres comme leur consœur hollandaise, française, canadienne ou autre.

4°- En créant exprès la pauvreté généralisée dans tous les foyers, ainsi qu’une détresse matérielle et morale généralisée et en mettant comme critère d’avortement « la détresse matérielle et morale », le Gouvernement de Patrice Talon et ses Mentor Partenaires Techniques et Financiers, tous donneurs de conditionnalités, envoient consciemment l’ensemble de la population béninoise à la pratique généralisée d’avortements, histoire de réduire les bouches à nourrir et dépeupler notre pays. Nous ne saurions l’accepter.
Par ailleurs, en décidant que la femme mariée peut toute seule et sans l’avis de son mari aller avorter, le Président Talon et son Gouvernement sèment les germes de la division dans les ménages avec les risques graves de désarticulation des familles au Bénin. Ils ne pensent même pas aux conséquences morales et spirituelles dommageables de cet acte sur la femme, le couple et la communauté.

5°- Je réaffirme que les revendications générales pour la libération et l’émancipation de la femme béninoise, sont celles communes à toute la société comprenant et hommes et femmes qui doivent se battre ensemble pour faire passer le Bénin de pays économiquement arriéré à pays développé et cela passe d’abord par la suppression du pacte colonial.

6°- Pour l’heure, j’appelle mes mères, sœurs et filles à se ceindre les reins pour lutter contre les mesures assassines du Gouvernement de la Rupture à l’encontre des femmes dans tous les secteurs, dans les champs, les hôpitaux, les marchés, les services etc. Je leur demande de se battre contre la faim qui ronge nos foyers. Enfin, je vous demande de vous battre pour une gratuité totale, avec la prise en charge par l’Etat, des soins de maternité de la femme, depuis l’arrêt des règles jusqu’à l’accouchement.

7°- Béninoises, ma mère, ma sœur, ma fille, « L’enfant est une Bénédiction, ‘‘Vidolé’’ ». Malgré nos peines, l’enfant est un « Bonheur ». « Vidolé », comme l’a toujours dit la Respectée Mère Rosine VIEYRA SOGLO. Elle vient à peine de nous quitter. Ne faisons pas injure à sa mémoire !

Cotonou, le 2 Novembre 2021

Thérèse WAOUNWA

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